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Colère des agriculteurs: Carrefour a-t-il annulé à la dernière minute sa présence sur le Salon de l'agriculture?

La présence des distributeurs au Salon de l'agriculture est fluctuante. Sur la photo, le stand de Carrefour en 2013.

La présence des distributeurs au Salon de l'agriculture est fluctuante. Sur la photo, le stand de Carrefour en 2013. - David Pell

Inscrit dans la liste des exposants du Salon 2024, le distributeur assure que sa présence n'était qu'une "hypothèse de travail". La grande distribution n'est pas souvent la bienvenue sur cet événement, à l'exception de Lidl.

Ils n'iront pas se jeter dans la gueule du loup. Après plusieurs semaines de mouvement des agricultures et alors que de nombreux magasins ont été pris pour cible, les enseignes de la grande distribution ne se presseront pas au Salon de l'agriculture (SIA) qui ouvre ses portes le 24 février prochain à Paris.

L'une d'entre elles pourtant avait prévu d'y tenir un stand. Il s'agit de Carrefour qui, selon nos informations, a fait savoir la semaine dernière aux organisateurs du SIA qu'elle ne serait finalement pas présente.

Le nom Carrefour est en tout cas bien cité dans la liste des exposants sur le site du SIA. Le distributeur y a même toujours son emplacement sur la carte dans le pavillon 4 du Paris Expo Porte de Versailles consacré aux Services et métiers de l’agriculture.

Sur le site du Salon de l'agriculture, Carrefour est toujours nommé dans la liste des exposants.
Sur le site du Salon de l'agriculture, Carrefour est toujours nommé dans la liste des exposants. © SIA

Carrefour était d'ailleurs avec Lidl le seul représentant de la grande distribution à être présent cette année au Salon. La crainte d'un mouvement d'humeur des agriculteurs l'y a-t-il fait renoncer en dernière minute?

Joint par BFM Business, Carrefour reste assez évasif sur le sujet mais précise tout de même que c'était dans le cadre du partenariat avec les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 que le groupe aurait été présent sur le Salon de l'agriculture. Pour rappel, Carrefour sera le fournisseur des produits qui nourriront les athlètes des Villages olympiques et paralympiques.

"Être présent sur le Salon de l'agriculture n'était qu'une hypothèse de travail de la part de la communication en charge des JO, assure-t-on du côté de Carrefour. Mais ce n'est pas une évidence pour une enseigne française d'être présent sur cet événement."

Carrefour assure en outre que cette présence sur le Salon n'avait pas été budgétisée.

Selon nos informations pourtant, le SIA ne fait pas figurer dans sa liste des exposants un partenaire qui ne s'est pas formellement engagé à y participer.

Lidl présent depuis 2015

Quoi qu'il en soit, l'absence de Carrefour n'est pas vraiment une surprise. Les enseignes de grande distribution française évitent de s'y afficher. La présence de Carrefour est par exemple fluctuante, le groupe n'y a pas tenu de stand depuis 2014. Auchan et Intermarché, qui y ont participé par intermittence, ne s'y sont pas rendus depuis le Covid. Idem pour Biocoop qui n'y a fait qu'un seul passage lors de l'édition 2015.

En cette année de tension avec le monde agricole, les groupes de distribution feront donc profil bas. Système U non plus ne tiendra pas de stand mais le groupement sera tout de même partenaire d'une table ronde dans le cadre des Journées Nationales de l'Agriculture qu'il sponsorise.

Il n'y a guère que Lidl qui, cette année encore, affichera ses couleurs sur un grand stand dans le Hall 1 en face des élevages bovins. Le distributeur est présent sur le Salon de l'agriculture depuis 2015.

"J'y serai personnellement pendant les neuf jours du Salon, a déclaré Michel Biero, le patron de Lidl France sur BFMTV. Je répondrai à toutes les questions [...] que pourraient nous poser les agriculteurs qui nous connaissent moins bien que d'autres."

Moins puissante que les autres centrales d'achat (7,4% de part de marché, moins du tiers de E.Leclerc), Lidl est moins exposée. Elle bénéficie de plus d'une image plutôt positive au sein du monde agricole. Le groupe a une communication importante en direction du monde paysan et s'est engagé depuis plusieurs années une politique de contrats dits tripartites. Ces derniers consistent à mettre autour de la table de négociations le distributeur avec les industriels et les producteurs agricoles afin d'assurer un revenu suffisant à l'ensemble de la filière. Plus de 5.000 agriculteurs français, principalement dans le lait, le bœuf et le porc en bénéficient désormais.

Frédéric Bianchi et Jérémy Bruno