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Carburant: les habitants d'un village de Dordogne financent leur propre station-service

A Saint-Saud-Lacoussière, petite commune de 1.000 habitants, une campagne de financement a permis de récolter quelque 280.000 euros pour assurer le sauvetage de leur station-essence.

A l'heure où l'autorisation de vente "à perte" de carburants pour les distributeurs fait trembler les indépendants, il s'agit peut-être d'un cas amené à se multiplier. A Saint-Saud-Lacoussière, petite commune d'à peine 1.000 habitants en Dordogne, une station-essence qui avait fermé ses portes vient de renaître de ses cendres grâce à la mobilisation de ses résidents. Ces derniers ont lancé une campagne de financement et récolté pas moins de 280.000 euros.

"Avant, c'était minimum 20 kilomètres pour aller chercher de l'essence ou du gazole, déplore une habitante. Là au moins, on l'a à proximité."

"Ca change la vie, c'est sûr, abonde une autre résidente. Je dirais que c'est une bonne affaire." D'après le gérant de la station, celle-ci délivre environ 1.000 litres de carburants par jour: "C'est plutôt bien par rapport à ce qu'on avait calculé au départ, c'est surprenant." Il faut dire que les prix se situent dans la moyenne avec un litre de gazole à 1.949 euro et un litre de sans-plomb 95 à 1,979 euro. "On essaye de rester correct dans les tarifs", ajoute-t-il.

Au-delà de l'intérêt individuel des habitants, ce sauvetage répond aussi à celui de la commune qui craignait pour la survie de ses commerçants. "Si les gens prennent l'habitude d'aller faire leur plein ailleurs qu'à Saint-Saud-Lacoussière, ils feront également leurs courses ailleurs, d'où l'intérêt d'avoir une station service à demeure", explique le maire Pierre Duval.

Des mesures de compensation pour les stations indépendantes

L'éventuelle légalisation temporaire de la vente à perte fait craindre aux petites stations-service une concurrence trop forte des grandes surfaces. Cette disposition n'est "économiquement pas viable pour les distributeurs indépendants, qui ne pourront pas compenser les pertes sur cette activité par des autres recettes - notamment les produits alimentaires", a indiqué lundi dans un communiqué le syndicat professionnel Mobilians, représentant 5.800 stations-service hors grandes surfaces.

Ces indépendants, qui ne pourront pas mettre en place la vente à perte, craignent non seulement de voir alors leurs clients faire leur plein dans les grandes surfaces mais aussi de subir "automatiquement une baisse des activités annexes, économiquement rémunératrices (lavage, boutique, etc.)", explique Mobilians, dénonçant un "véritable déséquilibre" entre les acteurs aux "effets dévastateurs".

Les ministres se sont engagés à mettre en place un "plan d'accompagnement des stations-service traditionnelles", qui comprendra notamment "l'instauration de mesures de compensation", a révélé le syndicat dans son communiqué, se "félicitant" de leur "écoute". Ces mesures consisteront en un fonds de compensation "à très court terme, à destination des stations-service indépendantes, afin d'accompagner le secteur pendant les 6 mois d'autorisation de la revente à perte", a précisé Mobilians.

Timothée Talbi avec AFP