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Bitcoin: le patron de Coinbase fait une entrée fracassante au sein des grandes fortunes mondiales

Coinbase va réaliser ses premiers pas sur le Nasdaq mercredi

Coinbase va réaliser ses premiers pas sur le Nasdaq mercredi - AFP

La première plateforme d'échange de cryptomonnaie a fait son introduction en Bourse ce mercredi. Pour son fondateur Brian Armstrong, c'est la récompense d'un pari tenté 11 ans plus tôt, celui du Bitcoin. 

Il fallait une sacrée inspiration pour croire au Bitcoin, lors de sa création en 2008. A l'époque, son (ou ses) créateur(s), dont on ne connait que le pseudonyme, Satoshi Nakamoto, crée un nouveau marché qui n'a peut-être toujours pas atteint son paroxysme. Alors que l'actif bat record sur record, (plus de 64.000 dollars le bitcoin actuellement), on en oublierait presque qu'il est parti de zéro. 

Qui pour s'intéresser alors à cette étrange lubie qui faisait gausser la finance? Brian Armstrong. Jeune informaticien, il en entend parler en 2010. "Je ne pouvais plus le sortir de ma tête" racontera-t-il plus tard. Très vite, il y perçoit un marché à "mille milliards de dollars". Le voici multi-milliardaire grâce à l'introduction en Bourse de son entreprise Basecoin, qui a battu des records mercredi.

Fantasme à l'américaine 

Mais il y a encore 10 ans, l'homme est à la tête d'une startup spécialisée dans l'apprentissage en ligne. S'il comprend l'intérêt du bitcoin, il se rend rapidement compte de la complexité de l'actif car miner de la cryptomonnaie était loin d'être accessible pour les non-initiés.

En 2012, à l'âge de 29 ans, il lance la plateforme Coinbase avec un jeune trader, Fred Ehrsam. A l'époque, la valeur du bitcoin est en hausse mais ne dépasse pas les 15 dollars, 5000 fois moins qu'aujourd'hui. L'idée est de démocratiser l'actif, de permettre son échange et son stockage dans un portefeuille virtuel. 

Un fantasme à l'américaine où les deux jeunes s'acharnent nuit et jour, entassés dans un petit appartement de San Francisco. "Tout ce qui nous importait, c'était de faire fonctionner Coinbase", raconte Ehrsam au Wall Street Journal.  

Mais l'intérêt grossit d'année en année malgré les soubresauts du bitcoin. En décembre 2017, sa valeur dépasse 19.000 dollars. La bulle éclate et la valeur est divisée par six en un an. Le doute s'installe sur la pérennité de la cryptomonnaie.  

Pas de politique, que de l'économique

Cela n'empêche pas la croissance de Coinbase mais les premières tensions apparaissent. En 2017, Fred Ehrsam quitte le navire. Brian Armstrong continue seul et s'entoure peu. Loin des stars de la Silicon Valley, il joue aussi les discrets, évitant les prises de positions politiques, plus intéressé par permettre la démocratisation des cryptomonnaies.

Il veut surtout que son entreprise suive ce crédo. "Je veux que Coinbase se concentre sur la réalisation de sa mission, car je pense que c'est ainsi que nous pouvons avoir le plus grand impact sur le monde" écrivait-il en septembre dernier sur le blog du groupe, qui gère environ 223 milliards de dollars d'actifs. Pas question d'aborder les questions sociales, politiques ou raciales au sein du groupe. Les réfractaires à la politique ont été invités à quitter l'entreprise moyennant une indemnité. 

"Je ne pense pas que la cryptographie soit là pour résoudre tous les problèmes du monde", a-t-il insisté. "Mais c'est là pour résoudre un méta-défi très important, qui est la liberté économique."  

Pour cela, il a réussi. Avec 21% du capital de Coinbase, l'introduction en Bourse lui promet une place de choix dans les classements Bloomberg et Forbes des plus grosses fortunes mondiales. Au son de la cloche à Wall Street, ce mercredi, il s'est rapidement retrouvé à la tête de quelque 20 milliards de dollars, soit dans le top100 mondial, même si le titre est un peu redescendu par la suite.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business