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Atos: un actionnaire propose l'ancien patron de HP, Léo Apotheker, pour la présidence

INFO BFM BUSINESS - Le fonds Sycomore, qui détient un peu plus d’1% du capital d’Atos, recommande la nomination de l’ancien patron de SAP et HP à la tête du groupe de services informatiques. L’actuel président, Bertrand Meunier, veut se maintenir à son poste.

La bataille pour la présidence d’Atos est lancée. Le groupe tiendra son assemblée générale le 28 juin prochain alors qu’il prépare sa scission en deux entités: d’un côté la gestion de parcs informatiques, de l’autre la digitalisation, le cloud et la cybersécurité.

La place de son président, Bertrand Meunier, sera également en jeu. Le fonds Sycomore réclame son départ depuis plusieurs mois, comme d'autres actionnaires. Désormais, il souhaite aller plus loin et proposer la nomination de Léo Apotheker pour la présidence d’Atos.

L’ancien patron d’HP et de SAP, âgé de 69 ans, a le mérite de bien connaître le secteur de l’informatique. Sa candidature devrait recueillir le soutien d’autres actionnaires, furieux de la chute du cours de Bourse d’Atos, divisé par quatre en trois ans. "On souhaite présenter directement au vote des actionnaires la candidature de Léo Apotheker. Il a l'envergure pour être président", explique à BFM Business Cyril Charlot, fondateur de Sycomore qui détient un peu plus d’1% du capital d’Atos.

Candidature dynamitée

Le fonds n’a pas encore reçu de réponse de la part du conseil d’administration d’Atos. Mais son contenu de fait guère de doute. "On ne va pas changer de président en plein milieu de la scission du groupe", explique une source proche de Bertrand Meunier.

Pourtant, Atos avait laissé entendre que son président quitterait son poste cet été, comme l’avait révélé BFM Business. Il serait maintenant question qu’il parte, au plus tôt, lors de la finalisation de la scission à la fin de l’année.

"Le mandat de Bertrand Meunier court jusqu’en 2024, tranche la direction d’Atos. Rouvrir une crise de gouvernance reviendrait à effacer les résultats qui s’améliorent depuis un an".

Son entourage dynamite déjà la candidature de Léo Apotheker. "Il s’est fait virer d’HP et de SAP un an après son arrivée!", peste un cadre d’Atos. "Et il a tenté de prendre la présidence de Schneider à Jean-Pascal Tricoire alors qu’il est administrateur." Le conseil d’administration ne devrait pas recommander aux actionnaires de voter pour le dirigeant allemand.

Meunier s'entoure d'alliés

Bertrand Meunier est, lui aussi, entré dans la bataille en cooptant deux nouveaux administrateurs. D’abord Laurent Collet-Billon, l’ancien responsable de la direction générale de l'Armement, l’administration du ministère des Armées qui travaille beaucoup avec Atos. Il aura notamment pour mission d’être l’oreille du gouvernement qui suit de près l’avenir du groupe en raison de ses métiers stratégiques de cybersécurité. Et Jean-Pierre Mustier, ancien patron d’UniCredit.

Ce qui ne plaît guère à Sycomore et à d’autres actionnaires minoritaires que nous avons contactés.

"La mission du conseil d’administration n’est pas de protéger son président", tranche Cyril Charlot.

Le président d’Atos défend sa place qui est aussi convoitée en interne. Depuis plusieurs mois, des sources racontent que l’administrateur René Proglio viserait aussi le poste alors qu’il avait été coopté par Bertrand Meunier. D’autres ajoutent que le président d’Atos a justement invité Jean-Pierre Mustier pour contrer les ambitions de René Proglio.

Selon nos informations, l’ancien pilier de la Société Générale a refusé d’être candidat à la présidence, ce qu’un actionnaire lui a proposé. Contactés, les deux administrateurs n’ont pas répondu. Les rôles clés pour la gouvernance d’Atos seront distribués à la fin de l’année. Pour le moment, le groupe avance sur la constitution de ses branches : la cybersécurité rebaptisée "Evidian", et l’informatique historique "Tech Fondation" pour laquelle une journée investisseur se tient mercredi.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business