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Airbus rôde à nouveau autour d’Atos

L’arrivée de Jean-Pierre Mustier à la présidence du groupe relance l’appétit de l'avionneur pour les activités de cybersécurité. Thales a refermé le dossier.

Le nouveau président d’Atos a déjà la pression de ses concurrents. Airbus et Thales se réjouissent du départ de Bertrand Meunier qui avait écarté leurs offensives ces deux dernières années. La nomination de Jean-Pierre Mustier est l’occasion de repartir à l’assaut des activités de cybersécurité.

L’ancien dirigeant de la Société Générale est accueilli à bras ouverts. "Son arrivée est une très bonne nouvelle car il veut faire avancer la restructuration d’Atos" explique un proche d’Airbus. En début d’année, l’avionneur avait négocié d’entrer à 30% du capital d’Eviden, la branche spécialisée dans les services informatiques cloud, digital et cybersécurité. Il avait finalement renoncé alors qu’il ne souhaitait pas être actionnaire minoritaire. Dans l’entourage de Thales, avec qui les relations ont été tendues sous l’ère Meunier, on reste prudent. "On va voir qu’elle sera la stratégie de Mustier", explique un bon connaisseur du groupe. Son PDG, Patrice Caine, "se concentre sur le rachat d’Imperva", ajoute un de ses proches. Thales vient de débourser plus de 3 milliards d’euros pour mettre la main sur cette société américaine de cybersécurité.

Dassault ne veut pas d'Atos

Mais selon nos informations, le groupe de défense a, en réalité, refermé le dossier. En début d'année, son premier actionnaire Dassault avait demandé à Patrice Caine de renoncer à son projet de racheter les activités de cybersécurité d'Atos. Selon plusieurs sources, le patron du groupe Dassault, Charles Edelstenne, l'a même "clairement signifié au ministre de l'Economie au Bourget". L'Etat est co-actionnaire de Thales (26%) aux côtés de Dassault (25%).

Pour le moment, le président d’Atos reste fidèle au plan actuel : vendre les activités historiques de services informatiques à Daniel Kretinsky puis de lever 700 millions d’euros pour renflouer Eviden dans laquelle est logée la division phare "big data and security" (BDS). Airbus ne croit pas à cette stratégie et espère un scénario alternatif. "La vente de la cybersécurité permettrait d’éviter cette opération très dilutive pour les actionnaires d’Atos" estime un proche de l’avionneur qui rêve de mettre la main dessus.

Les petits actionnaires y sont favorables

Pas dupe, le président d’Atos veut calmer le jeu par rapport à "l’ère Meunier". "Nous sommes très ouverts et n’avons pas d’ennemis, assure un de ses proches. Thales et Airbus sont des partenaires". Le cours de Bourse d’Atos a été divisé par trois en trois mois, valorisant le groupe a 500 millions d’euros. L’augmentation de capital devient massive et "difficile à mener" reconnaît un proche d’Atos. Dès lors, la "vente de la cybersécurité peut être une alternative mais il n’y a pas d’offre" précise cette source qui invite Airbus à sortir du bois.

Les petits actionnaires poussent aussi à étudier des ventes d’activités pour éviter de perdre leur investissement. "Nous sommes contre l’augmentation de capital car elle finance le cash laissé à Daniel Kretinsky, explique Francis Unal, le président de l’association Union des actionnaires d'Atos constructifs. Des cessions stratégiques doivent aussi être étudiées sérieusement". Le fonds activiste CIAM, qui a porté plainte contre le groupe pour sa communication financière "trompeuse", va plus loin. "Nous souhaitons avant tout qu’Atos renonce à vendre sa branche historique, explique sa présidente Catherine Berjal. Ensuite, ce sera au président de considérer d’autres options et la vente de BDS à un bon prix pourrait en faire partie". À quel prix? C’est la grande inconnue. Il y a deux ans, Thales valorisait cette activité à environ 2,5 milliards d’euros. Mais depuis, les résultats semblent s’être dégradés.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business