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Air France et SNCF: le tourisme repart fort, pas le voyage professionnel

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TGV - AFP

Après deux ans de crise sanitaire, les transporteurs français se réjouissent du retour des touristes mais constatent une frilosité à voyager pour la lucrative clientèle professionnelle.

Pour la SNCF et Air France, la saison estivale est attendue avec impatience, avec l'espoir de retrouver en nombre les passagers sur le rail ou dans les airs, en capitalisant sur le statut de la France comme première destination touristique mondiale.

Les deux transporteurs tablent sur un été dynamique pour se relancer après la dure épreuve du Covid-19.

"En 2022, on va avoir la chance que nos deux poumons respirent bien en même temps (...), si le poumon de la logistique continue à bien s'oxygéner comme il l'a fait et si le poumon du TGV reprend tout son souffle", a récemment déclaré le patron de la SNCF Jean-Pierre Farandou.
"La reprise se confirme. Il y a une vraie accélération dans les voyages loisirs, avec des vacances de Noël, de février, de Pâques à des niveaux assez similaires à l'avant-crise", observe le PDG de SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet. "On sent une vraie envie de bouger!"
"Globalement, la levée des restrictions sanitaires profite à tous nos marchés européens. Les résultats progressent de semaine en semaine", ajoute une porte-parole du groupe public.

Air France-KLM, qui a affiché sa confiance à long terme en signant une commande record de plus de 100 avions Airbus fin 2021, dit de son côté attendre un "bel été" cette année. Le groupe compte déployer entre 85% et 90% de sa capacité de la période correspondante de 2019.

Pour la low-cost Transavia, cet indice sera "supérieur à 100%", avec certes davantage d'avions et de destinations.

Le groupe franco-néerlandais se réjouit d'avoir "enregistré de solides réservations" pour la suite de l'année, notamment des passagers optant pour la classe intermédiaire "premium economy", plus confortable que la classe touriste, mais aussi plus rentable pour lui.

Reste que les professionnels ne sont pas tous revenus. Ce sont pourtant eux qui rapportent le plus d'argent aux transporteurs.

A la SNCF, il manque encore un cinquième des passagers par rapport à 2019. Chez Air France, on "n'est clairement pas au niveau de 2019", concède sa directrice générale Anne Rigail, même si, comme dans les trains, la situation s'améliore.

Les confinements de 2020 et les restrictions de déplacement ont eu des effets dévastateurs sur la fréquentation des deux fleurons français du transport de passagers.

La SNCF n'a gardé cette année-là que 58% de ses 1,88 milliard de clients de l'exercice précédent, pourtant marqué par une grosse grève. Et ce ratio a atteint 33% des 104 millions de voyageurs de l'avant-crise pour le groupe qu'Air France forme avec le néerlandais KLM.

Celui-ci s'est un peu repris en 2021 (43% des passagers de 2019), tandis que la SNCF a retrouvé 71% de ses voyageurs d'avant-crise, et s'est même offert un bénéfice annuel grâce à une cession. Lestée par ses coûts fixes, Air France-KLM, de son côté, a encore perdu 3,3 milliards d'euros l'année dernière, portant le total des pertes dues au Covid-19 à quelque 11 milliards.

4 milliards d'euros pour la SNCF

L'État français est venu à leur secours: la SNCF a reçu plus de 4 milliards d'euros du plan de relance, tandis que la puissance publique a participé à la recapitalisation d'Air France-KLM, doublant sa participation à 28,6%, et accepté de convertir un prêt de 3 milliards en quasi-fonds propres.

Signe d'un début d'amélioration, les entreprises, plus efficaces après des plans d'économies, ont commencé à réduire leurs dettes. Celles-ci atteignaient toutefois encore 26,3 milliards d'euros pour la SNCF fin 2021 et 7,6 milliards fin mars 2022 chez Air France-KLM.

La SNCF, détenue à 100% par l'État, n'est pas autant sous pression que le groupe aérien, coté en Bourse, quand bien même le gouvernement lui demande de faire des économies et de céder des actifs. 

Une deuxième recapitalisation - toujours dans les limbes - sera nécessaire afin d'éloigner le spectre d'une faillite d'Air France-KLM et, à terme, lui permettre de se refinancer sur les marchés, actuellement ébranlés par l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le retour de l'inflation et le choc pétrolier.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi avec AFP Journaliste BFM Éco