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Culture

Toulouse: sur la piste d'un second Caravage?

Après la découverte inattendue d'un premier tableau du peintre italien du XVIIe siècle, deux spécialistes de l'art assurent qu'une - voire plusieurs autres - toile dort, cachée, quelque part dans la région haute-garonnaise.

Toulouse et ses alentours abriteraient secrètement un second Caravage. C'est l'hypothèse soutenue par deux spécialistes de l'art de renom dont la curiosité a été attisée par la découverte d'une authentique toile du maître italien dans un grenier après un dégât des eaux dans une belle propriété de la région toulousaine.

Dans le Figaro, Arnauld Brejon de Lavergnée, conservateur général honoraire du patrimoine et grand spécialiste de la peinture italienne du XVIIe siècle, et l'historien Mickaël Szanto, maître de conférences à la Sorbonne (Paris IV), qui achève sa thèse sur le marché de l'art au XVIIe siècle, sont certains qu'au moins un - voire plusieurs - peintures de Caravage seraient encore présentes sur le sol français.

Un tableau gagné en 1615

Les deux spécialistes tirent cette conclusion de registres datant du XVIIe siècle. A l'époque, un peintre flamand et un marchand d'art avaient développé un système de loterie itinérante. "Entre 1606 et 1630 ce système a permis de valoriser au maximum des centaines d'œuvres, détaille Mickaël Szanto. L'équipe passait de ville à ville avec ses différentes marchandises."

Pour participer, il suffisait de payer pour avoir la chance de tirer un bulletin correspondant à un lot. Dans les archives municipales de Toulouse, l'historien a découvert le procès-verbal des lots de peintures proposés. Au mois de mars 1615, soit cinq ans après la mort du peintre, apparaît, au numéro 126, le nom d'une toile de Caravage autre que Judith et Holopherne, l'oeuvre qui vient d'être retrouvée.

Une offre d'achat de l'Etat

Cette fois-ci, il s'agirait d'une toile représentant David et Goliath, un lot remporté le 17 mars 1615. Par qui? Rien ne permet de déterminer l'identité de l'heureux gagnant. "Désormais il y a un deuxième Caravage à trouver dans un grenier de Toulouse", s'enthousiasme auprès du quotidien Mickaël Szanto. Le nom du propriétaire de la bâtisse où a été retrouvée la première toile pourrait aiguiller les spécialistes.

En attendant, l'Etat a classé Judith et Holopherne comme "Trésor national", un moyen d'empêcher toute vente vers l'étranger. Le ministère de la Culture devrait formuler une offre d'achat qui pourrait s'élever à 120 millions d'euros, coût estimé de l'oeuvre du génie lombard. Pour l'heure, il est toujours propriété de la famille toulousaine chez qui elle a été retrouvée. 

J.C.