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Scandale dans les Ehpad: l'auteur des révélations Victor Castanet reçoit le prix Albert-Londres

Le livre de Victor Castanet, "Les Fossoyeurs", sorti le 26 janvier 2022, et qui a révélé les pratiques du groupe Orpea.

Le livre de Victor Castanet, "Les Fossoyeurs", sorti le 26 janvier 2022, et qui a révélé les pratiques du groupe Orpea. - Bertrand GUAY © 2019 AFP

Le journaliste a été distingué pour son livre-enquête sur les dysfonctionnements dans les Ehpad. La publication de l'ouvrage avait lancé un débat intense sur la question du traitement des personnes âgées dans ce type de structures.

Le journaliste Victor Castanet couronné. Le jury du prix Albert-Londres vient de lui remettre le prix du livre pour Les Fossoyeurs, son enquête parue en janvier et portant sur les mauvais traitements subis par de nombreuses personne âgées dans les Ehpad du groupe Orpea.

Au cours d'une enquête de plusieurs années, le journaliste avait notamment mis en évidence des violences de la part du personnel des établissements, de la sous-nutrition et du rationnement sur les protections hygiéniques dans le but de réaliser des économies alors que le groupe percevait des fonds publics.

"On m'a proposé 15 millions d'euros" pour ne pas publier l'enquête, avait partagé le journaliste à BFMTV peu après la parution de son livre.

Succès de librairie, Les Fossoyeurs s'est vendu à plus de 160.000 exemplaires selon Fayard, son éditeur. L'auteur avait également été entendu par une commission parlementaire dans le cadre d'une enquête sur le fonctionnement du groupe Orpea.

Les dirigeants réfutent tout "système organisé"

Les dirigeants du groupe ont toujours nié l'existence d'un "système organisé" de maltraitance mais avaient tout de même limogé le responsable des établissements, notamment car il avait vendu une grande partie des actions du groupe qu'il détenait seulement quelques semaines avant la parution de l'enquête, laissant planer des soupçons de délit d'initié.

"Il n’y a jamais eu la moindre restriction, il n’y a jamais eu le moindre rationnement", affirmait quant à lui sur BFMTV Jean-Christophe Romersi le directeur général du groupe dans la foulée de la publication de l'enquête.

Mais suite à d'une inspection administrative, l'État avait porté plainte pour "dysfonctionnements graves". Le président-fondateur Philippe Charrier avait alors présenté, "au nom du Groupe Orpea", "ses excuses les plus sincères aux résidents et aux familles", dans une interview au Figaro. "Nous allons nous améliorer", assurait-il alors.

Des plaintes, trois saisines et une condamnation

Après le dépôt de plusieurs dizaines de plaintes de la part des familles, le groupe a récemment été condamné en juin pour négligence dans le décès d'une résidente d'un établissement.

Plus de 600 Ehpad avait été contrôlés dans la foulée de l'enquête, dont certains n'appartenant pas uniquement au groupe. Des perquisitions avaient également été menées au siège du groupe.

"Ces contrôles ont donné lieu à plus de 1000 recommandations, 642 prescriptions, 193 injonctions et trois saisines du procureur. C'est déjà un résultat extrêmement important", précisait le ministre des Solidarités Jean-Christophe Combe à l'occasion de l'examen du projet de budget 2023 de la Sécurité sociale en octobre.

Le gouvernement avait annoncé que les 7500 Ehpad français devraient être contrôlés dans les deux ans à partir de mars dernier.

Les autres récompenses du prix Albert-Londres vont, dans la catégorie "presse écrite" à Margaux Benn, journaliste au Figaro, pour ses reportages sur la guerre en Ukraine, ainsi qu'à Alexandra Jousset et Ksenia Bolchakova, journalistes à l'agence CAPA, pour le documentaire "Wagner, l'armée de l'ombre de Poutine", dans la catégorie "production audiovisuelle"

Glenn Gillet