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Qui l'a refusé, pourquoi c'est le mieux doté, qui postule... cinq choses à savoir sur le prix Nobel de littérature

Un buste d'Alfred Nobel à Stockholm.

Un buste d'Alfred Nobel à Stockholm. - Jonathan Nackstrand - AFP

Le prix Nobel de littérature est décerné ce jeudi 10 octobre à Stockholm. Voici ce qu'il faut savoir sur ce prix glamour et sulfureux.

Le si prestigieux prix Nobel de littérature est attribué ce jeudi 10 octobre. Il s'agit cette année d'un Nobel un peu particulier, puisque deux lauréats seront désignés. L'année dernière, l'Académie, secouée par un scandale d'agression sexuelle, et privée du quorum de membres siégeant prévu dans ses statuts pour désigner un lauréat, avait dû renoncer, et reporter l'annonce d'un an, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale. Voici ce qu'il faut savoir sur ce prix à la fois glamour et sulfureux. 

C'est le mieux doté de tous les Nobel

L'Académie suédoise décerne 16 prix, dont le plus connu et le mieux doté (actuellement 9 millions de couronnes soit 830.000 euros) est le prix Nobel de littérature. Dans son testament, l'inventeur Alfred Nobel a confié à l'institution suédoise la mission de récompenser chaque année "l'auteur de l'ouvrage littéraire le plus remarquable d'inspiration idéaliste". Quatre à cinq membres (sur 18) sont chargés de recueillir et discuter les propositions de nomination, avant de soumettre une liste de noms à l'ensemble des académiciens.

La Fondation Nobel qui dote le prix leur a adjoint pour 2019 et 2020 "cinq experts extérieurs", notamment des critiques, des éditeurs et des auteurs. Les propositions sont ensuite discutées par l'ensemble des membres de l'Académie avant un vote à la majorité absolue.

Des candidatures en pagaille

Les archives de l'Académie suédoise regorgent de courriers des plus grands noms des lettres et de l'édition réclamant plus ou moins subtilement l'attention des académiciens. Chaque année, elle reçoit quelque 350 propositions écrites de candidatures émanant d'anciens lauréats, académiciens, organisations et autres professeurs du milieu littéraire et linguistique. Chacun fait valoir les atouts de son favori, quitte à glisser une offrande à l'attention des académiciens... un présent souvent mal perçu.

Pour être valables, les candidatures doivent être renouvelées tous les ans et parvenir avant le 1er février. Les candidats, eux, doivent être vivants et - en principe - avoir publié dans l'année.

Sept années blanches et un refus (français)

Le palmarès du Nobel de littérature compte 114 lauréats, dont 14 femmes seulement. La liste, d'un total de 110 attributions, comprend quatre doubles attributions.

Il a été refusé une fois, en 1964. Le philosophe français Jean-Paul Sartre avait alors décliné la récompense, une décision inédite et surtout non prévue dans le testament Nobel. Il reste donc à ce jour lauréat, sans avoir jamais touché l'argent du prix. En 1958, Boris Pasternak avait été contraint de refuser le prix sous la pression du gouvernement soviétique. 

Le Nobel de littérature n'a pas non plus été décerné à sept reprises depuis 1901, principalement en temps de guerre: en 1914 et 1918, en 1935 puis 1940, 1941, 1942 et 1943. 

Vingt-neuf auteurs francophones

Au palmarès par pays la France reste en tête, avec 15 lauréats, dont le premier, en 1901, le poète Sully Prudhomme. Récemment, les écrivains Patrick Modiano et Jean-Marie Gustave Le Clézio ont été distingués. Viennent ensuite les Etats-Unis et le Royaume-Uni, avec 12 récompenses chacun. La langue de Molière est en revanche détrônée par celle de Shakespeare, avec 29 auteurs anglophones primés.

L'Académie secouée par l'affaire Salman Rushdie

Au nom de "l'indépendance de la littérature", les académiciens s'étaient abstenus de prendre position en 1989 sur l'affaire Salman Rushdie, auteur britannique des Versets sataniques honni des islamistes. Ils s'étaient déchirés entre tenants d'un soutien franc à l'écrivain et garants de la neutralité du cénacle.

Trois des membres de l'Académie suédoise indignés par son silence en avaient quitté les bancs, sans cependant être autorisés à démissionner. Il aura fallu près de trois décennies pour que l'Académie dénonce en 2016 la fatwa visant l'écrivain.

M. R. avec AFP