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Culture

Non, Bilal Hassani n'a pas remplacé Napoléon dans les livres d'histoire de 1ère, bien au contraire

Portrait de Napoléon Ier à son couronnement, par François Gérard, au musée de Fontainebleau

Portrait de Napoléon Ier à son couronnement, par François Gérard, au musée de Fontainebleau - AFP - Manuel Cohen

Contrairement à ce que laisse croire le tweet d'un internaute habitué aux intox, les programmes d'histoire du lycée entrés en vigueur en cette rentrée 2019 couvrent amplement le XIXe siècle. L'exemple de Bilal Hassani est bien utilisé dans un manuel de première, mais pour un cours d'éducation civique.

Le contenu des manuels d'histoire dans notre système scolaire est un sujet hautement fertile en polémiques. La place accordée à la période napoléonienne dans l'enseignement en est une parmi d'autres. Sur les réseaux sociaux, une vidéo maintes fois relayée depuis dimanche prétend qu'un manuel destiné aux classes de 1ère fait l'impasse sur le Premier Empire, tout en accordant une large place à... Bilal Hassani. 

"Quel scandale interstellaire", dénonce, en interpellant le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer, cet internaute "passé maître dans l'art de la désinformation" selon Le Monde, avec la diffusion régulières d'"informations déformées", de "rumeurs" et "parfois des faux grossiers".

Qu'en est-il réellement ? Dans ce manuel de 1ère édité par Lelivrescolaire.fr, facilement accessible en ligne, le visage de Bilal Hassani, ancien représentant de la France à l'Eurovision, a bien été choisi pour illustrer un chapitre intitulé "Le cyberharcèlement, un nouvel enjeu social". Mais le chanteur ne figure pas dans une section dédiée à l'histoire, mais dans un cours d'éducation civique, ce que ne précise pas l'auteur du tweet initial.

Napoléon Ier bien présent

Par ailleurs, le manuel s'ouvre par un premier chapitre intitulé "La Révolution française et l’Empire: une nouvelle conception de la nation". Dedans, il est question de "l'établissement par Napoléon Bonaparte d'un ordre politique autoritaire qui conserve néanmoins certains principes de la Révolution". Le Code civil promulgué en 1804 et son rayonnement sont également traités.

Comme l'a remarqué le journaliste Jean-Christophe Piot, le manuel en question dédie ainsi au total 8 pleines pages à la période s'écoulant entre 1799 et 1815, soit celle où Napoléon Bonaparte a été Premier Consul (1799-1804) puis Empereur (1804-1815). Des paragraphes sont consacrés tantôt à la grande armée napoléonienne, tantôt à l'expansion territoriale dont elle fut à l'origine. 

Le XIXe siècle largement couvert

Par ailleurs, plus globalement, lorsque l'on jette un œil sur les programmes entrés en vigueur pour cette rentrée 2019, préparés sous la houlette du ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, il est difficile d'y voir un quelconque coup de rabot sur les soubresauts politiques qu'a connu la France au XIXe siècle. C'est même le contraire, la rue de Grenelle ayant affirmé vouloir mettre l'accent sur une historiographie plus chronologique, à défaut d'être totalement calquée sur la doctrine dite du "grand récit national".

Après Napoléon, le thème suivant (soit entre 11 et 13 heures de cours) est entièrement consacré à la période couvrant la Deuxième République (1848-1851) et le Second Empire (1851-1870), dominée par un autre Bonaparte. Le régime de Napoléon III, longtemps réduit à la portion congrue dans les manuels d'histoire du lycée, y est bien présent.

"Les traits caractéristiques du Second Empire, régime autoritaire qui s’appuie sur le suffrage universel masculin, le renforcement de l’État, la prospérité économique et qui entend mener une politique de grandeur nationale." 

Ce retour en grâce du neveu de Napoléon Ier n'a d'ailleurs pas échappé à Eric Anceau, son biographe qui, sur le site de la Fondation Napoléon, encense sans ambages le contenu des nouveaux programmes:

"Si le souverain français n’y aura évidemment pas toujours le beau rôle, les lycéens n’auront jamais autant entendu parler de lui depuis 150 ans qu’à partir de l’an prochain", écrit-il. 
Jules Pecnard