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Culture

Les peintres de Montmartre menacent de quitter la place du Tertre

La colère gronde du côté des peintres de la place du Tertre à Montmartre, ils estiment que les terrasses des cafés et restaurants prennent trop d'espace et menacent d'aller s'installer ailleurs.

Les peintres de la place du Tertre font partie de la carte postale de Montmartre, mais pour combien de temps encore? Depuis quelques années, les terrasses de cafés et de restaurant ont gagné de la place, au détriment des artistes. Une situation qui agace Midani, peintre ici depuis presque 50 ans. 

"Nous travaillons dans le caniveau! Nous sommes tout autour, un petit mètre derrière. Nos oeuvres, nos chevalets sont dans le caniveau de la place", souligne-t-il. 

Avec seulement 1m2 pour deux peintres, difficile de trouver de l'inspiration. Les artistes demandent à diviser l'espace plus équitablement en trois: un tiers pour les visiteurs, un autre pour les commerçants et le reste pour eux. Si rien ne change, ils menacent de quitter la place. 

"Nous faisons partie du décor"

"Ca s'est fait il y a quelques année, les artistes sont partis place des Abbesses et les restaurateurs sont venus les chercher. Les gens viennent pour voir l'artiste en train de peindre, pas forcément pour acheter ces oeuvres, nous faisons partie du décor", insiste Jérôme Feugeur, artiste peintre. 

"D'ailleurs c'est triste, à cause de ces barnums les restaurateurs eux-mêmes se tirent une balle dans le pied. Quand vous arrivez du Sacré coeur, vous ne pouvez pas voir les façades puisqu'elles sont cachées par leurs barnums", poursuit l'artiste. 

Quitter la place, l'idée ne plaît pas vraiment aux touristes qui viennent aussi à Montmartre pour flâner devant les oeuvres. "Je pense que les artistes méritent plus de place, on ne peut pas créer dans un petit espace. Moi je viens pour les voir, pas pour aller sur les terrasses de café. Je viens de Californie pour cette place", lance une touriste américaine. 

"Faire cohabiter ces deux univers"

Sur le papier, rien ne pousse les artistes à rester. Outre le manque de place, ils font aussi face à des loyers élevés: 620 euros par m2 contre 585 pour les restaurateurs. 

Du côté de la mairie de Paris, on tente de concilier les deux parties. "On veille à ce que cette place du Tertre reste qualitative, que les artistes aient toute leur place (...) mais on sait aussi que l'équilibre se fait quand on vient et qu'on peut aussi déjeuner, se poser, admirer à travers aussi des terrasses", insiste Afa Gabelot, chargée du commerce et de l'artisanat à la mairie du 18e. 

Afa Gabelot rappelle que les terrasse sont également "une identité parisienne", "c'est aussi important de faire cohabiter ces deux univers". 

C. B avec Julie Pierret, Florian Chevallay