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La BD de la semaine: Guilhem et Marazano commentent Les 3 fantômes de Tesla

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- - Le Lombard - Guilhem - Marazano - 2016

LA BD DE LA SEMAINE - Le duo s’inspire des premiers Blake et Mortimer pour livrer une trilogie de science-fiction uchronique.

C’est une histoire vraie, ou presque. Hiver 1941-1942. Les Etats-Unis entrent en guerre contre les forces de l’Axe. Pendant ce temps, à Brooklyn, un garçonnet passionné de sciences se retrouve mêlé, malgré lui, à une conspiration qui pourrait faire basculer le cours de l’Histoire... Nos livres d’histoire ne mentionnent pas ces événements. Et pour cause: lancée à l’occasion du 70ème anniversaire du journal Tintin (et du Secret de l’Espadon, première aventure de Blake et Mortimer d'Edgar P. Jacobs), le triptyque Les 3 fantômes de Tesla sort de l’esprit du scénariste Richard Marazano et du dessinateur Guilhem.

Les deux compères s’inspirent autant des comics de S.F. des années 1950 et 1960 que des écrits de George Orwell (1984) et de H.G. Wells (La Guerre des Mondes). BFMTV.com a rencontré le 29 janvier les auteurs de ce triptyque au stand du Lombard lors du Festival International de Bande Dessinée d’Angoulême. Ils ont tenu à nous raconter, à leur manière, la genèse et les coulisses de leur série et du premier tome, Le mystère Chtokavien, sorti en août 2016.

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- © Le Lombard - Guilhem - Marazano - 2016

Les influences

Guilhem: J’ai commencé dans le dessin d’humour franco-belge. Je viens de l’école Spirou. Mes idoles étaient Franquin, Peyo, Hergé, Jacobs… Ce projet-là découle de mon envie de changement radical et de style graphique et de narration. Pour cela, j’avais besoin de quelqu’un qui me connaisse, et qui sache qu’au moment où je lui demande de collaborer avec moi, je ne suis pas au point. Richard, qui était un ami de longue date, a été parfait. Quand on a commencé à travailler sur ce projet, qui se déroule à New York dans les années 1940, naturellement j’ai repensé aux auteurs américains que je lisais quand j’étais enfant et qui m’ont aussi influencé: Milton Canniff, Alex Toth, Will Eisner [trois dessinateurs américains reconnus des maîtres du noir et blanc et des zones d'ombre, ndlr]. C’est toute cette branche de dessins qui a un peu influencé mon dessin à ce moment-là. Ce style est une sorte de mix entre ma base de franco-belge et mes nouvelles influences des comics américains des années 1950-1960.

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- © Le Lombard - Guilhem - Marazano - 2016

Les décors

Marazano: La narration doit s’adapter au rythme du récit. Guilhem et moi sommes allés à New York une dizaine de jours sur les lieux du récit. On a vraiment exploré tous les endroits où allait se dérouler le récit: Chinatown, Manhattan Bridge. On a cherché le laboratoire secret de Nikola Tesla, qui nous avait été décrit dans les documents de la valise. Malheureusement, nous ne l’avons pas découvert. Mais, nous retournerons à New York pour le chercher. On voulait vraiment que le décor soit un personnage. Guilhem: Quand on est allé à New York, on s’est fait une base de photos énorme. Pour dessiner une ville comme celle-là, c’est indispensable. De tête, je suis incapable de concevoir une image comme celle-là. J’essaye de ne pas avoir un rendu photoréaliste. Pour le pont, qui peut paraître très détaillé, je me suis inspiré du rendu de Milton Canniff, d’Alex Toth et de Will Eisner qui partaient souvent du principe de ne pas trop dessiner de détails, mais juste les ombres portées des éléments. Ce qui permet de donner une impression de détails, mais si vous regardez, ce n’est pas si détaillé que cela, il s’agit juste d’ombre.

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- © Le Lombard - Guilhem - Marazano - 2016

Rétro-futurisme ou science-fiction?

Guilhem: Edgar P. Jacobs et Le Secret de l’Espadon sont une de nos références directes, c’est évident, pour cette case comme pour la couverture. Marazano: C’est un récit qui se déroule à la même époque que la science-fiction de Jacobs. Mais il n’est pas le premier à avoir fait cela. Le premier, c’est Wells, avec La Guerre des Mondes. Celui qui l’a mis en image en premier et en a fait un univers total, c’est Jacobs. Guilhem: Mais on n’a pas été influencé que par Jacobs. On s’est beaucoup inspiré des affiches de science-fiction des années 1930, qui reprenaient des principes que Jacobs lui-même a intégrés dans ses BD. Je pense qu’il partait d’une démarche similaire à la nôtre: s’inspirer de la science-fiction des années 1930. Marazano: A la différence que pour nous c’est du rétro-futurisme et que pour lui c’était de la science-fiction. Guilhem: La nuance, c’est que la science-fiction d’aujourd’hui est le rétro-futurisme. Le rétro-futurisme, c’est les visions d’un futur inspiré par le passé. Quand je dessine un engin, j’essaye d’imaginer un engin qui corresponde à l’image que l’on se faisait dans les années 1930 du futur.

Les 3 fantômes de Tesla, tome 1: Le mystère Chtokavien, Marazano et Guilhem, Le Lombard, 48 pages, 13,99 euros.
Jérôme Lachasse