BFMTV
Culture

"C'était un engagement": Julien Clerc se souvient de la genèse de "L'assassin assassiné", inspirée par Robert Badinter

En 1980, Robert Badinter, alors avocat, défend Norbert Garceau, jugé pour le meurtre d'une jeune femme. Il lui évite la peine de mort, après une plaidoirie survoltée. De retour du procès, il croise dans un train Julien Clerc, qui sortira peu après sa chanson "L'Assassin assassiné", plaidoyer contre la peine capitale.

"Ce n'est jamais acquis". En 1980, la chanson "L'assassin assassiné", plaidoyer contre la peine de mort de Julien Clerc, fait polémique. La peine capitale n'est pas encore abolie en France, et ne le sera que le 18 septembre 1981, un combat porté par Robert Badinter, alors garde des Sceaux. Son discours en faveur de l'abolition de la peine de mort, devant l'Assemblée nationale, est rentré dans l'Histoire.

L'année d'avant, c'est un autre discours de Robert Badinter, mort ce vendredi 9 février, qui a inspiré Julien Clerc pour sa chanson. Plus précisément une plaidoirie, devant la cour d'assises de la Haute-Garonne, lors du procès de Norbert Garceau. Ce dernier, déjà condamné pour meurtre en 1953, avait été libéré en 1972. En 1980, il comparaissait à nouveau pour le meurtre d'une autre jeune femme.

Le procès Garceau, "une ambiance survoltée et très violente"

Robert Badinter, après une plaidoirie enflammée, réussit à lui éviter la peine de mort, pour la perpétuité. Dans la salle, Julien Clerc assiste au procès. "Il y avait une très grande tension dans cette salle", se souvient le chanteur, invité de BFMTV ce samedi 10 février. "Il y avait des gens assis sur le banc des accusés. C'était une ambiance survoltée et très violente (...) C'est un souvenir qui m'a marqué toute ma vie."

Après sa plaidoirie, Robert Badinter doit être "exfiltré de la salle", se rappelle Julien Clerc. Le procès terminé, l'avocat et le chanteur se croisent dans un train de nuit, pour rentrer à Paris. L'avocat explique alors à Julien Clerc qu'"il faut absolument arriver à l'abolition, parce qu'un jour, il va se passer des choses terribles" dans une cour d'assises.

"C'était un engagement"

De retour à la capitale, Julien Clerc fait appel à Jean-Loup Dabadie pour écrire une chanson contre la peine de mort. Lui écrit la mélodie. "C'est comme une petite pièce, comme on raconte une petite histoire", explique-t-il, à propos de "L'assassin assassiné".

Après la sortie de son morceau, il reçoit une lettre de l'avocat. "Il m'a envoyé une lettre, une très belle lettre où il me disait que la chanson avait fait plus pour la cause que 20 conférences et 32 discours", se souvient-il.

"C'était un engagement, qu'il faut renouveler tout le temps. J'y pense encore toujours (...) Ce n'est jamais acquis", assure l'artiste.

F.R.