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L'ancien garde des Sceaux Robert Badinter est mort à l'âge de 95 ans

L'ancien ministre de la Justice de François Mitterrand, connu notamment pour avoir défendu l'abolition de la peine de mort devant le Parlement, est mort ce vendredi 9 février.

L'ancien garde des Sceaux, qui a porté la réforme de l'abolition de la peine de mort, est mort à l'âge de 95 ans. Également ancien président du Conseil constitutionnel, il faisait partie des dernières figures proches de François Mitterrand à être encore en vie.

Né en 1928 à Paris, son enfance est marquée par la déportation de son père qui meurt quelques mois plus tard dans un camp de concentration en Pologne. Robert Badinter trouve alors refuge avec sa mère à Chambéry.

Un procès qui fait basculer ses convictions

Jeune adulte, il suit des études de lettres et de droit avant d'ouvrir son propre cabinet. Défense du baron Empain, Coco Chanel, Aga Khan... Si Robert Badinter multiplie les clients médiatiques, sa vie bascule en 1972.

Cette année-là, il défend Roger Bontems, un ex-militaire devenu délinquant. Jugé dans le cadre d'une affaire de prise d'otages, il est condamné à la peine de mort et guillotiné en dépit des efforts de son avocat. Robert Badinter parvient cependant à sauver son complice Patrick Henry de la peine capitale.

Robert Badinter lors du procès de Patrick Henry au tribunal de Troyes en 1977
Robert Badinter lors du procès de Patrick Henry au tribunal de Troyes en 1977 © AFP

C'est le début de son long combat contre la peine de mort dans lequel il s'engage à de nombreuses reprises lors de procès très médiatiques. Dernier fait d'armes en tant qu'avocat: la condamnation en 1981 du négationniste Robert Faurisson, avant la loi Gayssot qui criminalise la contestation des crimes contre l'humanité.

Dépénalisation de l'homosexualité et indemnisation des victimes des accidents de la route

Après l'élection de François Mitterrand, l'un de ses très proches, Robert Badinter devient garde des Sceaux et abolit la peine de mort, pourtant largement soutenue par les Français. Après des débats houleux, notamment au Sénat, la France devient l'un des derniers pays d'Europe à abolir la peine capitale.

Robert Badinter lors des débats pour l'abolition de la peine de mort à l'Assemblée nationale en 1981
Robert Badinter lors des débats pour l'abolition de la peine de mort à l'Assemblée nationale en 1981 © JOEL ROBINE / AFP

C'est également place Vendôme qu'il fait voter la dépénalisation de l'homosexualité ou encore l'instauration d'un régime spécial d'indemnisation pour les victimes d'accident de la route.

Auréolé de son passage par la Justice, il devient président du Conseil constitutionnel en 1986. Si le chef de l'État envisage un temps de le nommer Premier ministre, il sera coiffé au poteau par Édith Cresson. À la tête de l'institution garante de la Constitution, il est régulièrement la cible de Charles Pasqua, alors ministre de l'Intérieur, après avoir censuré d'importants passages de sa loi immigration.

Robert Badinter est mort à l’âge de 95 ans
Robert Badinter est mort à l’âge de 95 ans
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Une dernière apparition au Panthéon

En 1995, Robert Badinter devient sénateur de Paris, un mandat qu'il exercera jusqu'en 2011. Une fois retiré de la vie politique, l'ex avocat se lance dans l'écriture d'un livret d'opéra et dans la création d'un cabinet de consultations juridiques réservé aux professeurs de droit constitutionnel.

En novembre 2015, Manuel Valls alors Premier ministre lui confie une mission pour plancher sur une nouvelle version du Code du travail qui ne sera cependant jamais appliquée. Sa dernière apparition officielle date du 9 octobre 2021 lors d'un discours aux côtés d'Emmanuel Macron au Panthéon pour les 40 ans de l'abolition de la peine de mort.

Emmanuel Macron et Robert Badinter le 9 octobre 2021 au Panthéon pour les 40 ans de l'abolition de la peine de mort
Emmanuel Macron et Robert Badinter le 9 octobre 2021 au Panthéon pour les 40 ans de l'abolition de la peine de mort © Ian LANGSDON / POOL / AFP

Robert Badinter laisse derrière lui son épouse Élisabeth Badinter et leurs trois enfants.

Marie-Pierre Bourgeois