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"Très recherchés et très bien payés": ces nouveaux métiers dans les cryptomonnaies

De crypto-trader à développeur blockchain, ces métiers gagnent en crédibilité dix ans après la création du bitcoin.

Ce lundi 20 mars, le Talent Fair, un salon autour des nouveaux métiers du web 3, introduira la Paris Blockchain Week, l’évènement phare sur les cryptos qui se déroulera toute la semaine prochaine dans la capitale. Plus de 1500 personnes sont attendues dès le premier jour à l'hôtel Westin Paris Vendôme pour découvrir ces nouveaux métiers.

Développeur blockchain, consultant blockchain ou en finance décentralisée (DeFi), ingénieur dans la cybersécurité ou la cryptographie, data architect, social media manager, crypto asset manager, crypto-trader et même cryptojournaliste. Plus de dix ans après la création de la blockchain Bitcoin, ces emplois à la confluence de la finance et la tech, poussent comme des champignons.

"Surenchères"

Certains métiers sont déjà plus en vogue que d’autres, comme celui de crypto-trader. Le marché crypto ne s’arrêtant jamais – pas le week-end comme les marchés boursiers - les crypto-trader sont obligés d’être actifs 24h sur 24h. "Beaucoup de personnes ne sont pas en capacité de le faire. La différence avec un trader classique boursier, c’est qu’il peut perdre 100 % de sa mise comme le marché n’est pas régulé", explique à BFM Crypto Inti Belhassen, fondatrice et patronne d'Ubiki, une société spécialisée dans le conseil et recrutement dans le web 3.

Avoir les reins solides face à la volatilité du marché, maîtriser l'anglais, avoir des compétences techniques: les métiers dans les cryptomonnaies "sont très recherchés et surtout très bien payés", précise-t-elle. De surcroît, les prétentions salariales des candidats sont plus élevées en raison du manque de régulation de ce secteur, les travailleurs souhaitant assurer leurs arrières. La société de recrutement a observé une augmentation de 30 % des salaires du marché du web 2 au web 3, à niveau d’expérience égale.

"Les entreprises sont prêtes à payer pour l’expertise. Par exemple, nous avons fait face à des surenchères sur des processus de recrutement, notamment pour le salaire de crypto-trader. La personne avait démarré avec des prétentions salariales à 140.000 euros, le salaire augmentant à 190.000 euros", précise Inti Belhassen à propos d'un profil avec 7 ans d'expérience.

100.000 emplois

Si les entreprises engagent surtout aux Etats-Unis, à Singapour ou encore en Suisse, la France n’est pas en reste dans ce domaine. À la fois des sociétés crypto françaises émergent (une centaine aujourd'hui), mais également des postes "crypto" se créent au sein de structures traditionnelles. Selon une récente étude de l’Association pour le développement des actifs numériques (Adan), en janvier 2022, 1.129 salariés étaient employés par les principales entreprises françaises du secteur, dont 85% des emplois en France.

"Les perspectives d’emplois induits ou indirects sur la base des 600 projets crypto pourraient permettre d’approcher les 100 000 emplois totaux en 2030", parie même l'association.

Les métiers sont souvent corrélés à la volatilité du marché, et notamment aux périodes dites de marché haussier ('bull market') ou marché baissier ('bear market'). Le dernier marché haussier, qui a vu le bitcoin frôler les 70.000 dollars en novembre 2021, a donné une certaine crédibilité à ces métiers. "Pendant cette période, il y a des entreprises qui voient le jour, des besoins dans les entreprises et on a une émergence de ces métiers", glisse Inti Belhassen.

A l’inverse, dans une période de baisse du marché, les licenciements peuvent être la norme. Après les cryto-krach des mois de mai et juin 2022, les plus gros géants de l’industrie, de Coinbase en passant par Kraken, ont dû tailler dans leurs effectifs. Binance reste l’exception. Par ailleurs, comme l’avait révélé BFM Crypto dans une enquête, le marché des cryptomonnaies en France concentre plus d’hommes que de femmes, en première ligne des suppressions d'emplois.

"La passion qui les drive"

Ces métiers étant si spécifiques, qu'une question peut se poser: comment se reconvertir lorsque l’on est spécialiste dans les cryptomonnaies? Inti Belhassen se veut optimiste.

"Ces profils choisissent leurs opportunités en fonction du challenge, du secteur, de la passion qui les drive. Ce sont des profils qui choisissent leur métier, elles connaissent la régulation, c’est aussi pour cela que ce sera mieux payé", indique-t-elle.

Ces métiers pourraient aussi changer à l’avenir. "La régulation du secteur donnera plus de stabilité, avec des projets plus pérennes. En revanche, cela pourrait baisser les salaires. De manière générale, on aurait moins de risque face à des entreprises douteuses. Car c’est une réalité: il y a beaucoup de personnes qui sont dans les cryptos pour les mauvaises raisons, si on a une régulation du marché, on observera peut-être une disparition des pratiques frauduleuses", admet l'experte, dont la société est chargée de vérifier la stabilité des entreprises cryptos.

Le marché des cryptomonnaies évoluant à une vitesse fulgurante, des métiers qui n'existent pas encore devraient encore émerger.

Pauline Armandet