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Nouvelles révélations sur la plateforme crypto FTX et son fondateur Samuel Bankman-Fried

Le patron de la plateforme FTX, qui a démissionné en même temps que sa société a fait faillite ce vendredi, a accordé une interview au New-York Times. Le journal dévoile également de nouvelles informations inédites.

Pour ceux qui se demandaient si Samuel Bankman-Fried (SBF) était bien l’auteur des derniers tweets étranges, à base de "What" et de lettres de l’alphabet, la réponse est oui. Le fondateur de FTX, qui est passé du statut de héros à anti héros des cryptos en l’espace de quelques jours, a accordé une interview au New-York Times.

Pour rappel, la société qu'il a fondé en 2019 a fait faillite vendredi. Aujourd'hui, FTX est ciblée par la Securities and Exchange Commission (la SEC, le gendarme financier américain) et le ministère de la Justice, pour savoir s’il existait des conflits d’intérêts entre FTX et sa société de trading Alameda Research.

Deux jours après la faillite de sa société, SBF a donné un interview où il semble étonnement calme.

"Vous auriez pu penser que je ne dormirais pas en ce moment, et au contraire, je dors un peu", a déclaré SBF. "Cela pourrait être pire", ajoute ce dernier.

La relation entre FTX et Alameda Research, à l'origine de la chute de SBF

"La relation entre Alameda et FTX est à l'origine de la chute de M. Bankman-Fried", pointe le New-York Times. Avec ses compétences en trading, SBF a fondé la société de trading Alameda Research en 2017. L’entreprise, qui a misé sur l’achat de bitcoins aux Etats-Unis pour les revendre plus chers au Japon, gagne rapidement 20 millions de dollars. Puis en 2019, fort de son expérience dans les cryptomonnaies, SBF décide de lancer la plateforme d'échanges de cryptomonnaies FTX.

Or, alors que les deux entités devaient rester distinctes, le New-York Times révèle des liens étroits entre les deux structures, y compris une ancienne relation amoureuse entre SBF et la patronne d'Alameda Research, Caroline Ellison.

"Alameda négociait beaucoup sur la plateforme FTX, ce qui signifie qu'elle bénéficiait parfois des pertes des autres clients de FTX, une dynamique que les critiques ont qualifiée de conflit d'intérêts. Dans le passé, M. Bankman-Fried a défendu l'arrangement, en disant qu'Alameda fournissait des liquidités cruciales - des injections de capital qui permettaient aux autres clients de réaliser des transactions sur la bourse (comprendre la plateforme d'échanges FTX, NDLR)", peut-on lire.

Tout semble avoir basculé il y a quelques mois au moment où paradoxalement SBF s'imposait comme un "sauveur" de l'écosystème crypto. En effet, à la suite de l'effondrement de la blockchain terra luna, ce dernier était venu en aide à certaines sociétés en péril, de Digital Voyager à BlockFi. C'est au cours de cette période que ce dernier avait osé déclarer que certaines sociétés étaient "secrètement insolvables".

Jusqu'à 10 milliards de dollars de prêts

Ce serait au cours du printemps dernier qu'Alameda Research, en difficulté, a utilisé les fonds des clients de FTX pour effectuer des paiements. La plateforme d'échanges a prêté jusqu’à jusqu'à 10 milliards de dollars à Alameda. "Alameda avait accumulé une importante 'position de marge' sur FTX, ce qui signifie essentiellement qu'elle avait emprunté des fonds à la bourse de cryptomonnaies", a souligné Sam Bankman-Fried.

"C'était beaucoup plus important que je ne le pensais", a souligné ce dernier, évoquant plusieurs milliards de dollars prêtés sans donner un montant précis.

Alors que la Fed a appelé à une régulation rapide des cryptomonnaies après la faillite de FTX, SBF explique qu'il a "travaillé de manière constructive avec les régulateurs, les responsables devant gérer la mise en liquidation (de l'entreprise) et la société pour essayer de faire ce qui est le mieux pour les consommateurs".

Défendu par les avocats de Paul Weiss tandis que FTX est représenté par le cabinet d'avocats Sullivan & Cromwell, SBF refuse la perspective d’une peine de prison.

"Les gens peuvent dire toutes les choses méchantes qu'ils veulent sur moi en ligne", a-t-il déclaré.

"Au final, ce qui va compter pour moi, c'est ce que j'ai fait et ce que je peux faire". Basé aux Bahamas, ce dernier a refusé de donner son emplacement actuel pour des raisons de sécurité.

Pauline Armandet