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"C'est de l'hypocrisie": les banques françaises naviguent encore à vue face aux cryptos

Lors du Surfin'Bitcoin, le lien entre le secteur traditionnel bancaire et l'écosystème crypto a longuement été abordé. Sur place, certains maximalistes du bitcoin grincent des dents.

SG Forge, Delubac & Cie, N26... De grands noms de l’industrie bancaire ont fait le déplacement jusqu’au Surfin’Bitcoin, le rendez-vous des bitcoiners qui tient en ce moment sa quatrième édition à Biarritz. L'occasion idéale d'aborder le lien entre le secteur traditionnel bancaire et les cryptomonnaies. "On a tendance à opposer ces deux mondes. Pourtant, ils sont là pour servir les utilisateurs finaux", explique Denis Meilhon, patron de la banque Delubac & Cie.

Aujourd'hui en France, les banques font face à un dilemne: d'ennemi, le bitcoin est-il en train de devenir l'ami des banques? Une complémentarité des deux systèmes émerge de fait petit à petit. "On a souvent tendance à opposer les deux mondes, cryptos et banques traditionnelles. Finalement, ils sont là pour rendre et donner des services à des utilisateurs finaux", explique Denis Meilhon, patron de la banque Delubac, qui propose des services cryptos à ses clients en tant que PSAN. Pour ce dernier, les deux mondes ont à apprendre l’un de l’autre. "La banque est lourde dans la manière de fonctionner et à côté, on a une industrie crypto agile", poursuit-il.

"Hypocrisie"

Cette connexion entre les deux mondes passe mal aux yeux des bitcoiners maximalistes. "Les banques ici prônent l’idée qu’elles sont ouvertes aux cryptomonnaies. Je trouve que c’est plus de l’espionnage industriel, c’est une démarche intéressée dans le sens où les banques ne veulent pas faire l’effort de s’intégrer à cet écosystème mais le combattre. Tout cela est de l’hypocrisie", confie de manière anonyme un bitcoiner maximaliste à BFM Crypto.

Ce dernier, qui vend des biens en bitcoins au sein de l’évènement, s’est retrouvé dans une situation étonnante.

"L’un des membres d’une banque proposant des services cryptos n’était même pas en mesure d’effectuer un paiement en bitcoin sur mon stand", confie-t-il.

"Je trouve que ce serait très sain que des banques proposent de vrais services cryptos. Mais ils font de mauvais services en la matière. Tout apport aide l’écosystème à avancer", explique de son côté à BFM Crypto un développeur crypto connu sous le nom de Slashbin.

"Le web 3 n'existe pas encore aux yeux des banques"

Pour rappel, le bitcoin a été lancé en opposition aux banques, de par sa nature décentralisée. Alors une question se pose: est-ce qu’il n’y a pas un intérêt (pour l’industrie crypto) à ce que ces deux mondes restent éloignés? "Bitcoin est un protocole décentralisé qui permet de faire circuler de la valeur sur internet. Internet et bitcoin sont des technologies d’efficience et d’effectivité: ces technologie de rupture vont apporter de nouvelles possibilités dans la vie", souligne Richard Détente, actif au sein de l’industrie crypto, à la tête du média Grand Angle Crypto. Selon ce dernier, avec la création du bitcoin, "les banques ont perdu leur cœur de métier qui était de gérer l’argent", ajoute ce dernier.

Malgré certaines initiatives, la plupart des banques restent frileuses à l'égard de ce système. Il existe encore "une méconnaissance de la part du secteur traditionnel de ce que peut apporter cette technologie", regrette Denis Meilhon. De même, l’industrie crypto apporte des services concurrents remettant en cause le modèle économique des banques.

"Le monde du web 3 est un monde qui n’existe pas encore pour l’essentiel du monde bancaire que je côtoie", lance Raphaël Rossello, banquier d’affaires.

"L’originalité est la décentralisation: l’industrie crypto incarne une espérance. Elle peut permettre de modifier les modes de fonctionnement de la banque, notamment la gouvernance", précise-t-il.

Pauline Armandet