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Cagnes-sur-Mer: un boulanger se met en grève symboliquement pour alerter sur le coût de l'énergie

Malgré l'annonce par la région Provence-Alpes-Côte d'Azur d'un chèque énergie pour les petits artisans et commerçants, le gérant de la boulangerie estime que cette solution n'est pas suffisante.

"Boulanger ouvert, mais qui meurt." Dans la boulangerie "Le Fournil Sainte-Luce" de Cagnes-sur-Mer, la grève est symbolique. Le gérant ne pouvait pas se permettre de fermer totalement l'établissement en signe de protestation, pour des raisons financières.

"On a des employés à payer, à faire travailler", explique Charles Franchi au micro de BFM Nice Côte d'Azur. "On a des crédits, on a des comptes à rendre. On ne peut pas se permettre de fermer."

L'établissement reste donc ouvert, les clients peuvent continuer à acheter pain et pâtissieries, mais la colère du gérant et des employés est bien visible. Une large bannière "en grève" est accrochée juste à côté de la porte d'entrée.

Des factures multipliées par trois

La cause de cette grève: le coût de l'énergie, qui menace la boulangerie. Avec des factures qui n'ont été "que" multipliées par trois depuis décembre, Charles Franchi s'estime plus chanceux que certains collègues boulangers, qui font face à "du fois quatre, fois cinq".

Mais la hausse du coût de l'énergie se fait tout de même ressentir pour ce boulanger, qui a vu le prix du mégawattheure passer de 110 euros l'année dernière, à 310 euros au mois de décembre.

Une hausse du coût de l'énergie qui se répercute sur les prix en boutique, même si les boulangers tentent tant bien que mal de limiter cette hausse. Si les clients du Fournil Sainte-Luce comprennent ces difficultés économiques, elles ont tout de même un impact sur leur consommation.

"Les clients, au lieu d'en prendre trois, ou deux, ils n'en prennent plus qu'une", déplore Charles Franchi. "On est dans une période festive, quand on rentre dans une boulangerie, on ne doit pas regarder le prix, on doit se faire plaisir."

Des aides "éphémères"

Pour le moment, Charles Franchi parvient à payer ses factures avec les recettes des fêtes de fin d'année. Mais l'argent gagné pendant les mois de décembre, janvier et février, très chargés pour les boulangeries, est généralement mis de côté pour payer des charges plus tard dans l'année.

"Là, on risque de ne pas pouvoir mettre de côté. Ce n'est pas maintenant qu'on va être impacté, ça va être plus tard. Les sous qu'on ne pourra pas mettre de côté maintenant, ils vont poser problème dans deux, quatre, six mois."

La région Provence-Alpes-Côte d'Azur a bien annoncé la semaine dernière un chèque urgence énergie pour les très petites entreprises, notamment les boulangers, frappés de plein fouet par la crise énergétique. En tout, trois millions d'euros d'aide doivent être débloqués pour les TPE, artisans et commerçants.

Une aide bienvenue, mais qui ne suffit pas, estime Charles Franchi. "On aimerait travailler, gagner notre vie sans avoir besoin de dépendre des aides. C'est bien, les aides. Mais c'est éphémère."

Mélie Lavaud avec Laurène Rocheteau