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"On a eu très peur": dix ans après, le séisme de 2014 reste ancré dans les mémoires des Ubayens

Un séisme, d'une magnitude de 5 sur l'échelle de Richter, a eu lieu en 2014 dans les Alpes-de-Haute-Provence. Dix ans plus tard, les Ubayens s'en souviennent encore.

À Saint-Paul-sur-Ubaye (Alpes-de-Haute-Provence), les stigmates du tremblement de terre de 2014 sont toujours là. Autant dans les esprits que sur les murs des maisons encore fissurés.

D’une magnitude de 5 sur l’échelle de Richter, la secousse avait été ressentie dans tout le quart Sud-Est de la France, jusqu'à Nice, située à 130 kilomètres de l'épicentre.

Mis à part des dégâts matériels comme la chute de cheminées et de tuiles, aucune victime corporelle n’avait été déplorée.

À Saint-Paul-sur-Ubaye (Alpes-de-Haute-Provence), les stigmates du tremblement de terre de 2014 sont toujours là, autant dans les esprits que sur les murs des maisons encore fissurés
À Saint-Paul-sur-Ubaye (Alpes-de-Haute-Provence), les stigmates du tremblement de terre de 2014 sont toujours là, autant dans les esprits que sur les murs des maisons encore fissurés © BFM DICI

"On a eu très peur"

Il faisait nuit ce lundi 7 avril 2014 quand beaucoup en Ubaye ont eu tout simplement la peur de leur vie. La terre s'est mise à trembler à 21H27, quelques secondes après un énorme bruit sourd.

"C’était différent des séismes dont nous avons l’habitude, on a vu les embrasures de nos fenêtres bouger énormément, on a eu très peur", se souvient Lionel Signoret.

Maire de Saint-Paul-sur-Ubaye en 2014, un village qui se trouvait à cinq kilomètres à peine de l’épicentre, Jan Behets se souvient lui aussi d’une énorme puissance.

"Il y avait celui de 1959 qui était encore plus impressionnant, mais celui de 2014 était énorme. On a d'abord entendu une détonation comme un coup de tonnerre avant les secousses qui sont allées crescendo. Les fenêtres sont devenues des parallélogrammes et les angles de mur des accordéons, je crois que ça a duré plus de dix secondes", se remémorre-t-il.

"Vivre avec la possibilité que ça se reproduise"

L'Ubaye est une des zones les plus exposées aux tremblements de terre dans les Alpes. Des séismes moins importants sont régulièrement observés et les habitants y sont habitués.

"Il faut vivre avec la possibilité que ça se reproduise. On vit avec, on sait que ça va revenir. Quand? On ne sait pas. L’intensité? On ne la connaît pas non plus", explique Jan Behets avec résignation.

Depuis 2012, plusieurs milliers de séismes ont été enregistrés. On parle de séismes en "essaim".

"Je continue de croiser les doigts en priant le ciel que nous serons épargnés, mais nous sommes démunis face à ces phénomènes, on ne peut qu’attendre", explique l’actuel maire du village, Bernard Isoard.

Une secousse d’une ampleur similaire à 2014 ne se produirait que tous les 30 ans environ dans les Alpes. Après le séisme de 1959 d'une magnitude de 5,5, le séisme de 2014 a été le plus important enregistré dans les Alpes depuis celui d’Annecy en 1996.

Les géologues auraient constaté un regain d’activité sismique en Ubaye depuis février 2012, un séisme de magnitude 4,3 s’est produit avec le même épicentre que 2014. À seulement quelques kilomètres au Sud-Est de la zone actuellement active, une "crise" de séismes en essaim avait généré plus de 16.000 secousses en 2003 et 2004.

Le long combat pour la reconnaissance de catastrophe naturelle

L’ancien maire du village de Saint-Paul-sur-Ubaye, Jan Behets, regrette les difficultés administratives pour obtenir de l’État une reconnaissance de catastrophe naturelle après le séisme de 2014. Cela représente le seul moyen d’être couvert par les assurances et de réparer les dégâts.

"On nous disait que la magnitude devait être d’au moins 5 sur l’échelle de Richter, or elle a été estimée après coup à 4,8 comme par miracle", déplore-t-il.

Jan Behets avait aussi dû mobiliser les habitants pour augmenter le nombre de dégâts déclarés sur la commune pour finalement obtenir gain de cause devant la justice.

Jérémie Cazaux