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Mort d'Émile: comment les enquêteurs créent "un jumeau numérique" de la scène de découverte des ossements

L’IRCGN a déployé trois drones à capteurs multispectraux afin de créer une cartographie numérique de la zone de fouille, là où ont été découverts les premiers ossements d'Émile deux jours plus tôt.

C'est l'objectif premier des enquêteurs: "fixer la scène". L'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) a mené ce lundi 1er avril un point de situation afin d'expliquer les moyens déployés pour tenter d'élucider le mystère de la mort d'Emile, après la découverte ce week-end d'ossements du petit garçon porté disparu depuis neuf mois au Haut-Vernet.

Des chiens spécialisés sont actuellement mobilisés sur la zone de recherche, bouclée par les forces de l'ordre. Des caméras infrarouges thermiques sont également utilisées. Mais l'IRCGN se concentre surtout sur ses drones à capteurs multispectraux.

Avant toute fouille intense, l'IRCGN veut en effet "maintenir la scène dans les meilleures conditions" pour savoir exactement à quoi ressemble la zone de recherche et connaître la position de potentiels indices.

Des drones déployés

Les drones ratissent la zone de fouille et peuvent filmer les différences de contrastes et de végétations dans l'environnement, vues d'en haut.

"Ils cartographient de manière très fine l’ensemble de la scène par des prises de clichés, pour ensuite la reconstituer en 3D et en 2D, avec des cartes", a expliqué le lieutenant Aurélien S responsable de l’IRCGN.

Trois drones sont actuellement déployés sur le Haut-Vernet, pilotés par deux opérateurs. Ainsi, ils "fixent" la scène à l'instant T, et créent un "jumeau numérique de la scène", l'équivalent d'un état des lieux de la zone. "On va créer une version numérique de la scène telle qu'elle a existé au moment où on s'est déplacé, pour pouvoir se repositionner dedans et replacer l'ensemble des éléments qui ont y son prélevés", explique le responsable de l'IRCGN.

Grâce à ce travail, les enquêteurs seront en capacité de détecter tout changement de terrain postérieur à la cartographie de la scène. Ces derniers peuvent être dus aux recherches actuelles sur la zone, comme "par des piétinements ou par des conditions météos difficiles" par exemple.

"Ça nous permet de savoir où les indices ont été récoltés. (...) On est capables de replacer des indices de l’ordre du centimètre", souligne le lieutenant.

"On restera le temps nécessaire"

Ces moyens déployés sont d'autant plus importants que la zone de recherche est très difficile pour les enquêteurs et les anthropologues sur place, qui passe la zone de découverte d'ossements d'Émile au peigne fin.

Tous les soirs dans Le titre à la une, découvrez ce qui se cache derrière les gros titres. Céline Kallmann vous raconte une histoire, un récit de vie, avec aussi le témoignage intime de celles et ceux qui font l'actualité.
Emile: après la découverte de ses ossements, quelles hypothèses pour les enquêteurs?
15:21

Le terrain de basse montagne est très escarpé, avec une végétation très forte et des passages difficiles à traverser. Le drone permet "de voir des choses pas forcément visibles à l’œil nu ou difficilement détectables", assure le lieutenant Aurélien S.

"On restera le temps nécessaire pour fixer la scène", a-t-il déclaré. "Jusqu'à ce que l'on ait relevé tous les indices."

Néanmoins, cette méthode ne permet pas de détecter les changements de position d'indices antérieurs à la cartographie numérique, notamment si le crâne du jeune Émile a été déposé là par une main humaine ou s'il a toujours été présent à cet endroit. C'est aujourd'hui l'un des mystères que tentent de résoudre les enquêteurs, après qu'une randonneuse a découvert et apporté les ossements du petit garçon samedi 30 mars. Une centaine d'enquêteurs et des chiens de recherche ont encore été mobilisés ce lundi 1er avril.

Juliette Moreau Alvarez