Manosque: un homme mis en examen après la découverte de milliers d'images pédopornographiques

Un homme d'une cinquantaine d'années a été mis en examen en mai dernier par le procureur de la République de Digne-les-Bains, après avoir filmé à leur insu durant des années ses beaux-enfants mineurs, sa femme ainsi que leurs amis.

L'affaire remonte au début du mois de mai. C'est lorsque l'une des belles-filles du cinquantenaire a aperçu, dans un porte-gants, le laser d'une caméra cachée que tout a commencé.

La jeune fille, âgée de seulement 15 ans, a fait la découverte d'un "système électronique". Horrifiée, elle a attendu de pouvoir retourner chez son père pour déposer plainte. Une attente de quatre jours. "Elle m'en a parlé mais comme nous faisions une semaine sur deux avec mon ex-femme, nous avons attendu qu'elle revienne chez moi. Je ne pouvais rien faire à distance, il aurait eu le temps de tout cacher. Nous avons déposé la plainte, cinq jours après" confie avec émotions Sébastien, le père de trois victimes.

Il ajoute que "ses enfants ont été extrêmement courageux. Ils ont fait comme si de rien n'était durant tout ce temps".

Une dizaine de familles concernées, une trentaine de cartes SD retrouvées

Une heure seulement après avoir alerté les forces de l'ordre, l'individu est interpellé et placé en garde à vue. Des perquisitions sont réalisées au sein du domicile. Sept ordinateurs et une trentaine de cartes SD auraient alors été retrouvées avec à l'intérieur des sous-fichiers et des milliers de vidéos, d'images à caractère sexuel. "Il y avait des caméras partout. Dans les chambres, dans les toilettes, dans la salle de bain, dans les radios-réveils mais aussi dans les jouets de mon fils", explique Sébastien.

"Imaginez le nombre de personnes qui ont pu passer dans ces pièces lors de ces dernières années", confie ce dernier.

Selon nos informations, une dizaine d'autres familles et d'enfants mineurs seraient concernées par cette affaire. Des amis invités par les beaux-enfants du mis en cause et qui venaient passer du temps. "Cela a été un choc pour moi et pour ma fille lorsque nous l'avons appris. On m'a appelé pour venir visionner les images dans le cadre de l'enquête. J'ai vu ma fille dans un moment intime, je l'ai vu sous sa douche" raconte l'une des mères des victimes.

Une autre explique avoir été épargnée par cette épreuve mais "avoir été abasourdie, ne pas avoir compris ce qu'il se passait. Nous avons confié notre enfant, le temps d'un week-end. Aujourd'hui, nous apprenons que notre fille a été filmée de manière régulière". Des faits, des révélations qui ont eu un impact important sur les victimes.

Libéré après quatre mois de détention

Plusieurs plaintes ont été déposées. Une information judiciaire a été ouverte depuis le 6 mai dernier par Rémy Avon, le procureur de la République de Digne-les-Bains pour des chefs "d'atteinte à l'intimité de la vie privée par fixation, enregistrement ou transmission de l'image d'une personne présentant un caractère sexuel".

Un mis en examen qui, après avoir effectué quatre mois de détention provisoire, a été libéré et placé sous contrôle judiciaire au début du mois de septembre à quelques kilomètres seulement des victimes. De quoi inquiéter de nombreuses familles. "Mes enfants ont peur des représailles, ils l'ont déjà recroisé. Le fait de savoir qu'il se trouve à un rayon de 5 kilomètres n'est pas rassurant" confie Sébastien, père de trois jeunes mineurs. Des parents en colère qui souhaitent obtenir réparation mais surtout plus de mesure d'éloignement.

"Il faudrait un minimum 50 à 100 kilomètres pour que, en parallèle de l'action de justice qui est menée, nos enfants puissent continuer de vivre leur vie", confie l'un d'eux.

Pour l'heure, l'enquête est toujours en cours. Elle devrait déterminer si un procès devra ou non se tenir. "On ne serait préjugé de la décision que prendra le juge d'instruction" nous a indiqué Rémy Avon, procureur de la République de Digne-les-Bains.

Barbara Tornambé avec Alixan Lavorel