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INFO BFMTV. "J'ai botté des culs, et parfois, donné des gifles...": le passé violent du grand-père d'Emile ressurgit

Le jeune Émile, 2 ans et demi, disparu le 8 juillet dans le village du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence)

Le jeune Émile, 2 ans et demi, disparu le 8 juillet dans le village du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence) - BFMTV

Alors que le petit Émile reste introuvable depuis plus de 8 mois, le passé violent de son grand-père ressurgit. Il a été entendu comme témoin dans une enquête sur des violences sur mineurs. BFMTV a pu consulter son procès-verbal. Aucun lien n'a été fait à ce stade entre cette affaire et la disparition de l'enfant.

Des gifles, des coups de pied, des coups de poing... Mais rien à voir, selon lui, avec des "punitions physiques". Alors que le petit Émile est porté disparu depuis plus de huit mois, le passé trouble de son grand-père, Philippe Vedovini, ressurgit, ce mercredi 19 mars.

Cet homme qui avait la garde du petit garçon lorsqu'il a disparu a, en effet, été cité dans une ancienne procédure judiciaire ouverte pour des faits de violences sur mineurs, a appris BFMTV de sources concordantes.

Pour bien comprendre cette histoire, il faut remonter aux années 1990. A l'époque, Philippe Vedovini a une vingtaine d'années. Il envisage alors de devenir religieux et intègre l'institution catholique "Le village d'enfants de Riaumont", situé à Liévin, dans le Pas-de-Calais. Chargé de dispenser des cours d'anglais et de physique-chimie, il s'occupe aussi des enfants après la classe et lors de diverses activités. En 1993, déçu par le manque d'organisation de l'institution, il quitte les lieux.

L'affaire aurait pu s'arrêter là. Mais des années plus tard, des anciens élèves de l'institut dénoncent des faits de violences physiques subis justement dans les années 1990. La justice ouvre une enquête pour "violences sur mineurs de 15 ans par personne ayant autorité". Et Philippe Vedovini se retrouve entendu par les enquêteurs.

"Aucune punition de nuit en extérieur"

Le 18 avril 2018, un enquêteur de la police judiciaire de Lille descend à Marseille pour interroger celui qui n'est alors pas encore le grand-père du petit Émile. Pendant plusieurs heures, Philippe Vedovini revient sur son expérience au sein de cette institution catholique traditionaliste où les enfants ne disposent, pour seul uniforme, que d'une culotte en cuir.

Les policiers veulent évidemment savoir si des violences ont été perpétrées à cette époque-là. Et surtout si celui qu'on appelait alors "Frère Philippe" a pu s'en rendre coupable. "Je n'ai jamais pratiqué aucune punition physique", attaque-t-il. Avant de faire le point sur la façon dont il pouvait gérer la discipline.

- "Avez-vous été violent au cours de votre période d'encadrant?"

-"J'ai botté des culs, et parfois, j'ai donné des gifles, mais ce n'était pas souvent."

-"Certains élèves parlent de coups de pied avec des chaussures de marche, de gifles, de coups de poing ainsi que de punitions physiques de nuit, en extérieur. Pouvez-vous en parler?"

-"Totalement faux, aucune punition de nuit en extérieur. Les coups de pied, oui, j'en ai mis au derrière. Les gifles, j'en ai mis quelques-unes. Les coups de poing, j'en ai mis quelques fois, mais par exemple au niveau des épaules."

Les enquêteurs creusent. Et non pas sans raison. Dans leur enquête, ils ont interrogé un ancien élève. Lorsqu'ils lui ont présenté une photo de Philippe Vedovini, celui-ci a eu "un haut le cœur". De fait, selon un témoin de l'époque, "Frère Philippe" était alors le plus rude des encadrants.

Ce 18 avril, les policiers quittent Marseille pour poursuivre leur enquête sur l'institut de Riaumont. Philippe Vedovini, lui, poursuit son existence. Ce n'est que tout début juillet 2023 que cette affaire remonte à la surface.

Aucun lien avec la disparition du petit garçon

Avisés de la disparition du petit Emile, les policiers passent, logiquement, tous ses proches au crible. En inscrivant le nom de son grand-père sur leur logiciel de Traitement des antécédents judiciaires (TAJ), ils s'aperçoivent qu'il a déjà été entendu dans cette vieille affaire de violences.

L'avocate du grand-mère d'Émile rappelle toutefois qu'il a été placé sous le statut de témoin assisté en 2018 dans le cadre de l'enquête sur les violences soupçonnées à Riaumont, mais qu'il n'avait pas été mis en examen. Elle affirme également qu'un non-lieu devrait être prononcé en sa faveur lors de la fin de l'instruction.

Aucun lien évidemment entre cette affaire et celle de la disparition du petit Émile. Mais cela permet aussi aux enquêteurs de voir dans quel contexte le garçonnet évoluait lorsqu'il s'est évaporé du Haut-Vernet le 8 juillet dernier.

Vincent Vantighem