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Disparition d'Émile: "Je pleurais comme une madeleine", les confidences d'une amie de la famille après son audition

Six mois après la mystérieuse disparition du petit garçon, des habitants du Vernet sont encore entendus par les gendarmes. Une épreuve pour certains d’entre eux qui ressortent épuisés de ces auditions.

"Je suis très en colère contre les gendarmes". Plus d’un mois après son face à face avec les enquêteurs, Éliane* ne s’en remet toujours pas. Cette octogénaire, habitante du Vernet, est l’une des dernières villageoises a avoir été auditionnée par les militaires en gendarmerie de Seyne-les-Alpes, dans le cadre de l'enquête sur la disparition d'Émile.

"Tout ça parce que je m’entends bien avec les grands-parents d’Émile" se persuade Éliane. Au téléphone, la vieille dame raconte "les questions et sous-entendus" durant une audition qui a duré "de 14h à 18h0".

"J’en suis ressortie épuisée" raconte Éliane, "à la limite de la crise de nerf". Et de conclure: "à la fin, je pleurais comme une madeleine dans ma voiture". La villageoise, comme beaucoup d’autres habitants du Vernet, fait partie de ces dizaines de personnes qui ont été entendues par les enquêteurs depuis le samedi 8 juillet 2023, date à laquelle le petit Émile s’est volatilisé.

"Plusieurs pistes sont étudiées"

Depuis, des militaires de la Section de recherches (SR) de Marseille, épaulés par des gendarmes du groupement des Alpes-de-Haute-Provence, travaillent jour et nuit pour tenter de percer le mystère.

"On continue de dérouler notre plan avec le même effectif et en utilisant des moyens techniques que nous continuons à déployer. Plusieurs pistes sont étudiées mais aucune n’est prioritaire" indique une source qui travaille sur l’"affaire Émile" depuis la première heure.

"Des portes sont refermées mais pas encore closes" poursuit cette même source. Le travail abattu par la quinzaine d’enquêteurs mobilisée est colossal. "Près de 900 signalements ont été traités ou écartés" et "les opérations de police technique et scientifique systématiques de toute trace utile ont conduit à la réalisation de près de 300 scellés", indiquait récemment une source proche de l'enquête à l’AFP.

Jusqu'à présent, aucune garde à vue n'a été menée. Toutes les maisons du hameau et d'autres ailleurs qui pouvaient avoir un lien ont été perquisitionnées, selon le parquet.

"L’enquête est toujours très active, elle ne patine pas, seulement, elle a pris une autre forme, plus technique, puisque l'enquête de terrain n'a pas permis de déterminer pourquoi et comment l'enfant avait disparu", a expliqué, toujours à l'AFP, le procureur de la République d'Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon.

Un travail d'analyse et de recherche

L’heure n’est donc plus au déploiement massif d’unités sur le terrain pour fouiller ou perquisitionner. Les chiens au flair si précis ne sont plus là pour tenter de trouver une trace d’Émile. "Il y a bien eu plusieurs marquages des chiens mais rien de décisif" regrette un gendarme. "Aucune autre opération n’est prévue à court terme" confirme une source proche de l’enquête.

A présent, les enquêteurs lisent et relisent les dépositions, vérifient les emplois du temps, épluchent les textos et analysent les recherches effectuées sur internet. Sans oublier les investigations techniques et technologiques sur la téléphonie. Le procureur de Digne-les-Bains, Rémy Avon, alors encore saisi avant que le pôle criminel ne prenne le relais, assurait en août dernier que "l’enquête entrait maintenant dans la phase du temps long". Il avait raison, au grand dam des proches du petit garçon et des habitants du Vernet qui attendent des réponses.

Lors de ses vœux 2024 à l’occasion de la traditionnelle galette des rois début janvier, le maire, François Balique, a tenu à remercier sa population "qui reste soudée malgré l’actualité difficile".

Le "cas Émile" dans toutes les têtes

Dans le village, la pression est bien redescendue même si le "cas Émile" est dans toutes les têtes. Et que les rumeurs, parfois farfelues, s’étalent rapidement au détour d’une conversation. Comme celle menant à ces ouvriers du BTP qui travaillaient dans une maison du Haut-Vernet au moment de la disparition.

Certains habitants ont juré que leur véhicule utilisé ce samedi-là n’était pas celui qui avait été inspecté par les techniciens en identification criminelle quelques jours plus tard. "C’est faux" rassure un enquêteur. D’autres habitants, nombreux, ne peuvent pas s’empêcher de suspecter l’entourage familial d’Émile. Certains allant même jusqu’à douter de la présence du petit garçon dans le village au moment de sa disparition. "Dans ce genre d’affaire, la rumeur est inévitable, c’est comme ça…" admet, fataliste, un gendarme.

La famille d'Émile au Haut-Vernet pendant les fêtes

Une ambiance pesante qui n’a pas empêché les proches d’Émile de passer une partie des fêtes de fin d’année dans leur résidence secondaire du Haut-Vernet. Le véhicule pouvant transporter la famille nombreuse n’est pas passé inaperçu sur la route reliant le hameau depuis le chef-lieu.

Comme d’habitude, les proches d’Émile ont été très discrets et peu d’habitants ont pu échanger quelques mots avec eux avant qu’ils ne retournent à La Bouilladisse. Parfois, les grands-parents donnent quelques nouvelles par téléphone. Plusieurs villageois ont ainsi récemment appris la naissance d’une nouvelle petite-fille venue agrandir la fratrie.

Émile : le poignant appel de sa mère – 23/11
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En l’occurrence, l’arrivée du premier enfant d’une sœur cadette de Marie, la maman d’Émile. "La famille ne croit pas vraiment en la thèse de l’accident mais plus dans celle de l’enlèvement" souffle une proche des grands-parents. Une thèse que ne confirme absolument pas maître Jérôme Triomphe, l’avocat des parents du petit-garçon qui ne souhaite "faire aucun commentaire durant l’instruction". Une instruction débutée il y a maintenant six mois et qui ne permet toujours pas de savoir où est Émile.

Valentin Doyen