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Briançon: le bras-de-fer continue entre la mairie et les défenseurs du mémorial en hommage aux migrants

Mise en place sans autorisation, la stèle commémorative fait débat entre la mairie, qui souhaite la déplacer sur un terrain privé, et les associations qui veulent rendre hommage aux migrants morts.

Entre les va-et-vient de la police municipale et la présence quasi-constante de défenseurs de la stèle commémorative, la tension ne retombe pas à Briançon devant la Porte de Durance.

Davantage fleuri de jour en jour, le cairn érigé le 6 février est devenu un véritable symbole "intouchable" pour de nombreux Briançonnais. La stèle, accompagnée de douze plaques commémoratives, porte en hommage les noms des douze migrants morts ces dernières années. Ils avaient tenté de rejoindre Briançon depuis l’Italie.

Installé sur la voie publique sans autorisation municipale, le mémorial est toutefois voué à être enlevé par les services de la commune. Le maire de Briançon, Arnaud Murgia, a proposé aux associations de leur rendre l’édifice pour l’installer ailleurs, sur un terrain privé.

Depuis, les associations et certains élus de l’opposition à l’image de Francine Daerden (Briançon Citoyenne) et de Max Duez (Briançon d’Abord), se mobilisent en faveur du maintien du mémoriel sur son emplacement.

Le maire de Briançon dénonce une instrumentalisation

De son côté, le maire de Briançon évoque une récupération politique et une instrumentalisation. "Quand on vient autour de ce cairn avec des parlementaires de LFI ou des eurodéputés écologistes, ce n’est plus un cairn en montagne, c’est un cairn à vocation symbolique et politique dans un cadre de campagne européenne."

"On organise une véritable campagne sur les réseaux sociaux (…), c’est une véritable campagne d’instrumentalisation à mon endroit à des fins politiciennes", ajoute-t-il.

L'édile a rappelé lors du conseil municipal du mercredi 20 mars son intention de faire enlever la stèle par les services municipaux pour faire respecter la loi. Il dénonce un procès d’intention qui aurait pour seule vocation d’alimenter les tensions.

Présente dès 8 heures du matin pour "veiller" sur le mémorial afin d’empêcher qu’il ne soit enlevé, l'élue d'opposition Marie-Anne Rousseau réfute de son côté l’accusation: "Je ne comprends pas que le maire n’accepte pas ce cairn là où il est, il pense que nous sommes des agitateurs qui font partie des opposants politiques de la ville mais c’est faux."

"On ne fait pas ça pour l’embêter, on fait ça pour ceux qui sont morts", insiste Marie-Anne Rousseau.

"Il y a une tentative de victimisation"

Membre du collectif "Briançon Exil", la Briançonnaise Nora Mekki a tenté d’interpeller le maire lors du dernier conseil municipal, sans résultat. Pour elle, le refus de répondre à l’issue de la séance est une violence.

"J’ai trouvé ça extrêmement violent qu’on me refuse la parole, c’est un maire qui refuse de parler avec ses habitants", explique-t-elle à BFM DICI. "On devrait pouvoir lui poser des questions et obtenir des réponses."

"Il y a une tentative de victimisation de son côté pour ne jamais répondre à nos interrogations", dénonce-t-elle. "Nous voulons savoir pourquoi il n’a jamais rendu hommage aux victimes et pourquoi il veut déplacer cette stèle."

La Briançonnaise déplore aussi un discours jugé victimaire de la part de l’édile. "Le maire parle d’une instrumentalisation des écologistes et de la France Insoumise mais lui aussi aurait pu venir déposer des fleurs et discuter avec la population. Il n’a jamais rien fait pour entamer un dialogue, il essaie de nous invisibiliser tout comme les personnes exilées."

Mise en ligne il y dix jours, une pétition lancée par l’association briançonnaise "Tous Migrants" pour le maintien de la stèle commémorative sur son emplacement actuel a recueilli plus de 5.000 signatures.

Jérémie Cazaux