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"Un gros boum": dix ans après l'accident mortel du train des Pignes, le drame reste gravé dans les mémoires

Le 8 février 2014, le train qui reliait la commune de Nice à celle de Digne-les-Bains a été percuté par un énorme rocher tout près du village d'Annot. Deux personnes sont mortes.

Deux morts et neuf blessés. Dix ans plus tard, le souvenir de l'accident du train des Pignes, près d'Annot, dans les Alpes-de-Haute-Provence, demeure toujours aussi vif.

Le 8 février 2014, vers 11 heures, un bloc de pierre de plus de 20 tonnes s'est détaché de la montagne du "Clot Jaumal" et a percuté de plein fouet le côté droit de la voiture de tête. Celle-ci a plongé dans le ravin, arrêtée par un arbre juste au-dessus de la RN 202. Le deuxième wagon s'est retrouvé couché sur la voie ferrée.

Au micro de BFMTV, le conducteur du train, 24 ans au moment de l'accident, racontait à l'époque être "serein, en train de conduire" quand il a "entendu du bruit" puis "le train qui déraille, qui dévale la pente".

"J'ai vu le premier wagon détruit"

Dans le train, les 23 passagers ont été projetés par le choc. "J'ai entendu un gros boum et on a senti le train partir. Je me suis retournée et j'ai vu le premier wagon détruit", racontait une passagère juste après le drame.

Un autre confiait au micro de BFMTV avoir "crapahuté comme on a pu à 45 degrés d'inclinaison. On a réussi à sortir en se glissant à travers les portes avant de remonter la voie ferrée".

"Un événement très marquant"

À Annot, ce 8 février 2014 est encore dans toutes les têtes. "Je m'en souviens comme un événement très marquant", raconte Jacquie, au micro de BFM DICI. Une autre habitante raconte avoir vu "la rame qui est restée là un moment, c'était impressionnant".

Au Fugeret, un village de moins 200 habitants où le train passe, le souvenir est d'autant plus marquant qu'une des victimes y habitait

"Bien évidemment que ça ne s'oublie pas, surtout quand ce sont des personnes qu'on connaît", souffle Jean-Robet, habitant de la commune.

Rapidement sur place, ce jour-là, le maire de la commune se rappelle avoir reçu un appel de Matthia, la fille d'une des victimes.

"Lorsque j'arrive sur les lieux, la gendarmerie et les secours me préviennent, que Mattia est décédée. Ça a été quelque chose de vraiment dur humainement d'annoncer à la famille la triste nouvelle. C'est quelque chose qui marque", relate André Pesce, maire du Fugeret.

"On a toujours ce souvenir quand on passe à l'endroit symbolique où a eu lieu l'accident, il y a toujours un regard qui se tourne vers la falaise", poursuit-il.

"On pense au train, on pense à l'accident"

À Saint-Benoît, après cet accident, le train n'a plus circulé pendant des mois et sa reprise n'a pas été facile à vivre.

"Les habitants étaient mitigés. D'un côté, c'était un bonheur, car le train circulait et ça aidait au déplacement. Et d'un autre côté, il y a eu ce drame", explique Maurice Laugier, maire de la commune.

Et d'insister: "On est toujours dans ce côté de joie, parce que la ligne fonctionne, mais aussi dans l'inquiétude en disant il y a eu ce drame et on ne s'en remet pas. Au quotidien, quand on passe devant, on pense au train, on pense à l'accident".

Aujourd'hui, la commune et ses habitants attendent toujours que le jugement concernant la responsabilité de l'accident soit rendu. Aucune faute de conduite n'a été relevée et l'érosion de la falaise serait en cause.

Mais pour la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, il y a un fautif: il s'agit de l'État qu'elle a décidé d'attaquer, avec les assureurs, en responsabilité. Le jugement est toujours en délibéré.

Barbara Tornambé et Laurie Charrié