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Déraillement du train des Pignes: que s'est-il passé?

Le train après le déraillement, samedi.

Le train après le déraillement, samedi. - -

L'accident s'est déroulé dans les Alpes-de-Haute-Provence et a coûté la vie à deux femmes, qui se trouvaient à bord du train. BFMTV.com fait le point.

C'est un dramatique concours de circonstances qui a conduit deux personnes à la mort samedi, dans le spectaculaire déraillement du "Train des Pignes", qui relie Nice à Digne-les Bains, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Un rocher lourd de plusieurs tonnes s'est détaché de la montagne et a percuté le véhicule, qui a plongé dans le ravin.

Le bilan est lourd: deux morts et neuf blessés, dont une personne en état d'urgence vitale. Pourquoi un rocher s'est-il détaché? L'accident pouvait-il être évité? BFMTV.com fait le point.

> Pourquoi le train a-t-il déraillé?

Il est 11h16 samedi, quand le train touristique des Pignes, qui relie Nice à Digne-les-Bains quatre fois par jour, circule tranquillement sur les voies, à flanc de montagne. Le chauffeur, parti à 08h50 de Nice, roule à vitesse réduite sur cette portion limitée à 30 km/h. Soudain, le drame survient.

D'après les premiers éléments de l'enquête, un rocher, lourd de deux tonnes, se décroche de la falaise et percute l'un des wagons, derrière la cabine du conducteur. Le train déraille et plonge dans le ravin, les passagers sont projetés. Les sapeurs-pompiers arrivent très vite sur place, mais pour deux des passagers, il est trop tard.

Les 24 passagers ressortis indemnes de l'accident racontent une scène très dure. "C'est comme si le rocher était tombé du ciel, comme un tremblement de terre", a confié un voyageur de 47 ans, Jean-Jacques Messaoud, qui a vu une victime avec la "carotide ouverte.

> Qui sont les victimes?

Deux femmes ont été tuées dans l'accident. La première, une touriste russe, avait 49 ans. Elle voyageait avec son mari, qui lui, fait partie des blessés, hospitalisés au CHU de Nice. La deuxième victime avait 82 ans, et vivait dans un village voisin, Le Fugeret. Elle se trouvait dans le train car elle rentrait chez elle, après avoir rendu visite à sa fille.

Quant aux blessés, ils sont au nombre de neuf. Huit d'entre eux ont été hospitalisés à Nice. Ils sont âgés de 24 à 73 ans, et sont tous originaires des Alpes-Maritimes, à l'exception de l'époux de la victime russe. L'une des blessés, âgée de 59 ans, a été prise en charge dans un état très grave. Elle souffre d'un traumatisme crânien et a été blessée dans le bas du visage, mais son pronostic vital n'est plus engagé. Elle se trouve dans un état stable, ce dimanche, selon la sous-préfète de Barcelonnette, Véronique Caron.

Parmi les blessés figure également le chauffeur du train, âgé de 24 ans, blessé au dessus du nez. Le jeune homme, extrêmement choqué, devait être opéré dans la soirée de samedi. Les six autres hospitalisés souffrent de blessures légères, mais tous en revanche risquent un traumatisme psychologique important.

Quatre des blessés restaient hospitalisés dimanche, tandis que les quatre autres blessés légers ont pu regagner leur domicile.

> L'accident pouvait-il être évité?

Le ministre des transports, Frédéric Cuvillier, qui s'est rendu sur place, a annoncé la saisie du Bureau Enquêtes Accidents, pour mettre au jour les circonstances exactes du drame. Mais selon lui, la défaillance technique peut déjà être mise hors de cause.

"La voie avait fait l'objet d'une vérification le 14 janvier dernier par les services du ministère des transports, comme ils le font régulièrement sur ces infrastructures, sujettes à une attention particulière compte tenu de la localisation, en zone montagneuse, et particulièrement en période hivernale", a expliqué le ministre des transports.

"Ces sites sont inspectés une dizaine de fois par an. Nous ne pouvons pas considérer qu'il y a eu un défaut de vigilance, d'autant que cette section ferroviaire avait l'objet d'un investissement majeur ces dernières années, tout comme le matériel roulant, qui était de dernière génération", a poursuivi Frédéric Cuvilier.

> Que va-t-il se passer maintenant?

A l'heure actuelle, l'un des wagons du train est toujours suspendu dans le vide, retenu par un arbre. Des spécialistes de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale vont procéder dimanche matin à une "modélisation 3D" de la scène d'accident, à l'aide d'un laser, d'une portée de 200 mètres, qui agit avec une précision de l'ordre d'1 millimètre, selon nos informations.

Cette reconstitution en trois dimensions sera intégrée à la procédure judiciaire, et permettra aux enquêteurs d'avoir "accès" à la scène pour leurs investigations, afin de connaître précisément les raisons de ce déraillement.

Par ailleurs, le ministre des transports a annoncé la nomination prochaine d'un inspecteur général pour apporter accompagnement et suivi à toutes les victimes et à leurs familles." "Il est extrêmement important que les victimes ne se sentent pas isolées, et puissent avoir un référent qui leur apporte conseil et facilite la situation qui est la leur."

Alexandra Gonzalez