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Stellantis veut faire de la voiture connectée sa poule aux œufs d’or

Carlos Tavares, directeur général de Stellantis

Carlos Tavares, directeur général de Stellantis - Stellantis

A l'occasion de son "software day", le constructeur a détaillé ses projets pour gonfler ses revenus grâce à l'exploitation des données et les logiciels intégrés dans ses véhicules. Le groupe vise 20 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel supplémentaire d'ici à 2030.

La voiture connectée, future poule aux œufs d'or de Stellantis? Selon le constructeur, les revenus tirés des logiciels feront grimper son chiffre d’affaires de près de 15% d'ici à la fin de la décennie. Dès 2026, le groupe table sur 4 milliards de chiffre d’affaires générés chaque année par la connectivité, contre 400 millions d’euros aujourd’hui. En 2030, avec 34 millions de véhicules connectés à travers le monde, ce chiffre devrait atteindre 20 milliards d'euros.

"Les logiciels constituent un levier de croissance pour Stellantis avec des marges supérieures à celle de l'automobile", a souligné Yves Bonnefont, le directeur des logiciels du constructeur basé aux Pays-Bas.

Des mises à jour trimestrielles des logiciels

Le groupe de Carlos Tavares imagine en effet de nombreuses diversifications: abonnement à des offres de divertissement, publicité, e-commerce, service de paiement, etc. Mais Stellantis compte surtout mettre à profit les données collectées via les véhicules. Le groupe a lancé en décembre en France une offre d'assurance avec un tarif basé sur le comportement du conducteur, mesuré via le partage de données en ligne. Cette offre sera étendue en 2022 à l'Europe et à l'Amérique du Nord. Ces données enregistrées par les véhicules (entretien, itinéraire) seront aussi commercialisées auprès des gestionnaires de flotte, à des fins d’optimisation.

En plus de cela, Stellantis entend commercialiser des mises à jour trimestrielles des logiciels embarqués. Il sera ainsi possible d’augmenter la puissance des moteurs électriques, d’adapter les performances tout terrain d'un 4x4 (comme un plus grand rayon de braquage des roues) ou d’améliorer les options de conduite "autonome", comme le propose déjà Tesla.

"Notre stratégie logiciels se fonde sur l'idée de déconnecter les cycles hardware et software afin de créer des véhicules qui évoluent et qui sont updatés en permanence", a expliqué Yves Bonnefont.

3500 postes d'ingénieurs en plus

Comme tous les constructeurs automobiles historiques, Stellantis souffre de la comparaison avec Tesla sur l'avancement technologique de ses voitures, mais le groupe estime disposer d'atouts propres grâce à sa taille et à son portefeuille de marques.

"Les plateformes que nous sommes en train de développer seront certainement au niveau des plus avancées de tous nos concurrents lorsqu'elles seront lancées, a poursuivi Yves Bonnefont. Et nous allons les utiliser en conjonction avec nos marques pour créer un lien émotionnel et renforcer la force de nos 14 marques."

Pour y parvenir, Stellantis va créer 3500 postes d'ingénieurs pour porter à 4500 d’ici à 2024 ses équipes dédiées aux logiciels. Le groupe avait annoncé en juillet 30 milliards d'euros d'investissements d'ici à 2025 dans son électrification et dans les logiciels. Le constructeur s’appuiera aussi sur des partenariats: il va étendre sa collaboration avec BMW et Waymo (Google) dans l'autonomie et Foxconn dans les puces et les logiciels d’ "infotainment"

Simon Tenenbaum avec agences