Relancer l'Alliance, le défi de Renault et Nissan

"Alliance 2030", c’est le nom du plan que vont présenter ce matin Renault, Nissan et Mitsubishi. Ce plan doit conduire la stratégie de l’Alliance d’ici la fin de la décennie. Mais le véritable enjeu reste de voir si l’Alliance Renault-Nissan existe toujours au-delà des attaches financières.

Après plus de vingt ans de mariage et un certain nombre de crises, l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi peut-elle encore fonctionner, au-delà des liens financiers? A côté d'un investissement majeur dans le véhicule électrique, ce sera l’un des enjeux de la conférence de presse de ce jeudi où son président Jean-Dominique Senard doit dévoiler sa stratégie pour la décennie à venir. Et l’intitulé du jour, "Alliance 2030: best of 3 worlds for a new future" (Alliance 2030: le meilleur des trois mondes pour un nouveau futur) montre l’ampleur de la tâche.

Rumeurs de fusion, guerres intestines

Clairement depuis 2015, l’Alliance Renault-Nissan a plus souvent fait les gros titres pour ses guerres de pouvoir, les tensions diplomatiques générées suite à l’hypothèse d’une fusion des deux groupes ou encore les critiques acerbes de part et d’autre. Avec un constat sans appel: certes le groupe est devenu le premier constructeur mondial en 2018 devant Volkswagen et Toyota. Et il a encore vendu 7,7 millions de voitures en 2020.

Mais les synergies et coopérations renforcées tant attendues se situaient avant tout dans les achats et les versements de dividendes de Nissan à Renault (le français possède 44% du japonais), bien loin des attentes dans les développements communs de technologies automobiles.

La reprise en main de Jean-Dominique Senard

Une situation qui semble avoir depuis évolué, sous la houlette de Jean-Dominique Senard, arrivé à la tête du conseil d’administration de Renault en janvier 2019, quelques semaines après l’arrestation de Carlos Ghosn au Japon. "L’Alliance s’est relancée depuis cette période, nous confie un expert. Et cet apaisement est clairement son œuvre. Jean-Dominique Senard a su renouer le dialogue entre Renault et Nissan, recréer du lien pour étendre le périmètre de l’Alliance". "Il y a un avant et un après Jean-Dominique Senard", résume-t-on en interne.

A côté de l’arrivée de Jean-Dominique Senard, le management des deux constructeurs a complètement changé. Et ces derniers mois, Luca De Meo côté Renault, Makoto Uchida côté Nissan ont surtout eu comme priorité de redresser leurs finances respectives, laissant le champ libre à Jean-Dominique Senard pour s’occuper de l’Alliance.

"Sans grandes annonces, il est plus pragmatique, cherche des réalisations concrètes", poursuit notre expert. En essayant notamment de favoriser le co-développement technique.

En mai 2020, la stratégie "leader-follower" entérine ce fonctionnement: un constructeur prend la main sur des technologies, un segment produits ou une aire régionale. Renault est par exemple leader sur les moteurs électriques des petits véhicules ou Nissan sur la Chine, expliquait alors L’Argus. "Avant, Renault et Nissan partageaient des équipes achats communes, maintenant ils se mettent d’accord sur des standards communs, par exemple dans les batteries, dans le logiciel", résume notre expert.

Le plan de départs volontaires avant l'avenir de l'Alliance

Sur le terrain chez Renault, l’apaisement fait plus penser à de l’atonie. Au quotidien, si les salariés font état de cet apaisement des relations, la coopération au quotidien semble encore une idée à long terme.

"On travaille comme avant mais pas plus", nous explique-t-on en interne.

Avant les annonces de ce jeudi, les syndicats ne notent d’ailleurs pas de demandes particulières des salariés sur l’Alliance ou les futures annonces. La seule branche de l’Alliance qui semble encore vivante, ce sont les achats. Ce qui préoccupent les ingénieurs au Technocentre c’est le plan de départs volontaires et les nombreux gros projets véhicules à venir. Des projets 100% Renault sur le véhicule électrique.

https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web