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Présidentielle: ce que proposent les candidats pour les automobilistes

Le programme pour l'auto des candidats à la présidentielle

Le programme pour l'auto des candidats à la présidentielle - Wordbank

La filière automobile a auditionné les candidats à l’élection présidentielle. Sur les 12 candidats, 11 ont un programme pour alléger les charges des automobilistes, lutter contre la pollution et épauler l'industrie.

Hausse des prix des carburants, zone à faible émission, stationnement, sécurité routière, aides à la transition écologique. Les automobilistes, ils sont 40 millions en France, sont inquiets pour leur pouvoir d'achat.

La filière industrielle et les services, qui emploient en France plus d'un million de salariés en France, tentent de s'adapter aux changements face à une concurrence internationale et aux pénuries de composants. Que leur proposent les 12 candidats à l'élection présidentielle?

La Ligue de défense des conducteurs et la Filière automobile et mobilité les ont interrogés. Tous n'ont pas répondu. Voici les principaux points de leur programme pour la mobilité.

Nathalie Arthaud (LO)

La candidate de Lutte Ouvrière a répondu au questionnaire envoyé par la Ligue de défense des conducteurs. Elle fait part de ses "inquiétudes pour le pouvoir d'achat des Français, surtout en cette période de flambée des prix du carburant". Elle propose de supprimer complètement la taxe sur le carburant pour les "travailleurs" en compensant ces pertes par la confiscation d'une partie des profits des grands groupes pétroliers.

Concernant la sécurité routière, elle dit faire "confiance dans la responsabilité des conducteurs". La candidate estime qu'il "est donc moins nécessaire d'imposer des règles "insupportables" en termes de limitations de vitesse par exemple. Elle se dit "favorable à de meilleures infrastructures routières".

Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France)

Pour faire baisser le prix des carburants à la pompe, Nicolas Dupont-Aignan propose de supprimer la TVA sur la TICPE. Ce dispositif créerait une économie de 7 à 10 euros par plein d'essence. Cette suppression sera compenser par une taxe sur les très grandes fortunes (patrimoine de plus de 10 millions d'euros).

Le candidat propose de supprimer les Zones à faibles émissions (ZFE). Il veut remplacer les 10 millions de véhicules les plus "énergivores" en dix ans via un bonus-malus favorable aux véhicules les moins polluants. Il veut renationalisation des autoroutes et les rendre gratuites autour de l'Île-de-France pour limiter le trafic des poids lourds.

S'il est élu, il repassera aux 90 km/h au lieu de 80 et il supprimera le permis à points.

Anne Hidalgo (PS)

Anne Hidalgo compte poursuivre en France ce qu'elle a déjà entamé à Paris pour réduire le nombre d'automobiles polluantes. Elle confirme la sortie du diesel dans Paris en 2024. Elle compte développer les bornes de recharges et les stations hydrogène. Pour encourager le rétrofit et le leasing "social" pour les voitures électriques, elle débloquera un budget de 5 milliards d'euros.

Pour faire baisser le prix des carburants, la TVA passera à 5,5 % avec un plafonnement du prix hors-taxes. Cette baisse des taxes sera compensée par l'instauration d'une taxation sur l'héritage qui financera aussi à soutenir l'électrification du parc automobile. Enfin, un capital de 5000 euros sera offert aux jeunes de 18 ans pour passer le permis.

La candidate du Parti Socialiste annonce la "création d'une grande odyssée industrielle pour la filière automobile". Elle veut accompagner la filière à réaliser la mutation avec "un accompagnement social par la formation" pour permettre aux salariés impactés de se reconvertir.

Yannick Jadot (EELV)

Le candidat écologiste confirme son intention de sortir du moteur thermique en 2030 A partir de cette date, il sera impossible d'en vendre. Il ne précise pas si cette mesure touchera aussi les particuliers dans le marché de l'occasion. Il compte mettre en place un développement massif du rétrofit pour transformer les véhicules thermiques et véhicules électriques.

Le plan "mobilité" de Yannick Jadot passera par la création de pôles d'autopartage de véhicules électriques à l'entrée des zones rurales. Dans les zones urbaines, il veut poursuivre un plan d'intermodalité pour des déplacements en transports en commun et en véhicules partagés (vélos, scooters ou voitures). Une subvention annuelle de 1000 euros sera allouée aux salariés pour financer leurs déplacements.

Pour les jeunes à partir de 16 ans, il propose de créer un "Pass liberté climat" qui leur donnera un accès illimité à tous les modes de transport.

Ces propositions ont été annoncées auprès de la filière industrielle par Karima Delli, représentante de Yannick Jadot.

Jean Lassalle (Résistons)

Le programme du candidat Lassalle est clair. Il veut le maintien du diesel et de l'essence en parallèle de la diversification des carburants. Il réclame le retour à 90 km/h, la suppression du permis à points et la baisse du temps de suspension de permis de 36 mois à 6 mois.

Pour l'industrie, il souhaite une requalification de la formation professionnelle avec davantage de mathématiques et de science pour les salariés concernés par la transition du thermique vers l'électrique. Il estime qu'un seul ouvrier est nécessaire pour construire une voiture électrique contre 7 pour une thermique.

Marine Le Pen (RN)

Pour Marine Le Pen, la "transition écologique doit se bâtir sur la confiance, en ne s'opposant pas au bien-être des citoyens". La candidate RN supprimera les zones à faibles émissions et fera entrer les véhicules hybrides dans la liste des véhicules propres. Elle se dit contre la fiscalité punitive et malus.

Marine Le Pen souhaite réduire la TVA sur les carburants à 5,5 % et proposer un prêt de 1 000 euros pour la conversion au bioéthanol.

Elle propose la création d'une agence nationale de la maîtrise des matières premières et souhaite renforcer l'image de marque de la France en matière d'automobile.

Ces propositions ont été annoncées auprès de la filière industrielle par Jean-Philippe Tanguy, représentant de Marine Le Pen.

Emmanuel Macron (LREM)

Le candidat Macron est opposé au plafonnement du prix des carburants. Pour soutenir les personnes les plus exposées aux hausses (foyers modestes contraints d'utiliser un véhicule au quotidien), il mettra en place des dispositifs d'urgence qui se déclencheront lorsque le prix des carburants explose. Cette méthode permettra à la fois de préserver justice sociale ainsi que les capacités financières de l'État.

Il est favorable à une clause de revoyure en 2028 sur la possibilité de conserver les moteurs thermiques après 2035. Les véhicules hybrides maintenus en parallèle des électriques. Et pour rendre l'électrique plus abordable, Emmanuel Macron créera un "leasing social" avec véhicules à prix plancher (à partir de 100 euros par mois). Les conditions d'accès et les modalités n'ont pas encore été fixées

Emmanuel Macron compte mettre un terme au "bashing automobile" et accompagner les PME à réaliser une transition écologique.

Ces propositions ont été annoncées auprès de la filière industrielle par Bruno Le Maire, représentant d'Emmanuel Macron.

Jean-Luc Mélenchon (LFI)

Jean-Luc Mélenchon veut bloquer les prix de l'essence à 1,40 euro. Il demandera aux grands groupes pétroliers de compenser les hausses de cours du pétrole. Par contre, il tentera de diminuer le recours à la voiture individuelle. Il mettra fin aux Zones à faibles émissions (ZFE) "dans leur mode actuel".

Anti SUV, le candidat LFI reste favorable au malus au poids. Il compte développer le rétrofit et les carburants alternatifs à faible impact écologique.

Jean-Luc Mélenchon compte relocaliser l'industrie automobile et créer une filière hexagonale pour les composants critiques.

Ces propositions ont été annoncées auprès de la filière industrielle par Eric Conquerel, représentant de Jean-Luc Mélenchon.

Valérie Pécresse (LR)

Valérie Pécresse se déclare pro-voiture, admet une notion de dimension plaisir et appelle à ne plus considérer les automobilistes comme des "vaches à lait". Elle est pour le maintien du principe de la voiture individuelle. Elle propose d'étaler le calendrier des Zones à faibles émissions (ZFE), d'indexer les indemnités de frais kilométriques sur les prix des carburants.

La candidate LR veut maintenir les véhicules hybrides après 2035, elle soutient le développement des boitiers éthanol et propose un prêt à taux zéro pour l'achat d'un véhicule électrique ou hybride.

Pour faciliter la mobilité des personnes en recherche d'emploi, Valérie Pécresse souhaite créer une location d'une voiture à 1 euro par jour pour permettre le retour sur le marché du travail.

Valérie Pécresse propose de rapatrier la production pour relancer la filière automobile en partenariat avec d'autres pays. Elle souhaite la création d'une DARPA française de l'automobile chargée de la recherche et du développement de nouvelles technologies. Aux Etats-Unis, la Darpa est l'agence innovation au service des forces armées.

Ces propositions ont été annoncées auprès de la filière industrielle par Xavier Bertrand, représentant de Valérie Pécresse.

Philippe Poutou (LCR)

Pas de programme dans ce domaine.

Fabien Roussel (PCF)

Fabien Roussel veut préserver les mobilités individuelles et publiques en instaurant la gratuité des transports publics. Il propose le blocage du prix des carburants à 1,70 euro et une prime de 10.000 euros pour l'achat de véhicules Crit'Air 1 et 2. Cette prime sera ouverte aux véhicules thermiques.

Le candidat communiste propose d'instaurer une taxe flottante sur les carburants pour amortir la flambée des prix. Ainsi, les taxes baisseront si les prix augmentent et elles augmenteront si les prix diminuent. Il demandera aux compagnies pétrolière de ne pas verser de dividendes aux actionnaires. Si elles refusent, il menace de les taxer à 100%.

Pour la décarbonation de la mobilité, il se pliera aux recommandations du GIEC en investissant 6 % du PIB (contre 2 % actuellement) soit 140 milliards d'euros contre 47 milliards aujourd'hui. Il veut obliger les constructeurs à installer un système d'aspiration de particules de freins sur les véhicules.

Favorable aux Zones à faibles émissions, il veut revoir le modèle en place pour éviter l'exclusion. Il instaurera la gratuité du permis de conduire pour les moins de 25 ans et lancera un plan d'investissement de 100 millions d'euros pour l'amélioration et l'extension des voies cyclables.

Ces propositions ont été annoncées auprès de la filière industrielle par Jacques Baudrier, représentant de Fabien Roussel.

Eric Zemmour (Reconquête)

Eric Zemmour instaurera le blocage du prix à la pompe à 1,80 euro le litre. Il supprimera les Zones à faibles émissions et allongera la durée de validité du Contrôle technique de 2 à 3 ans. Le permis à points sera remplacé par des suspensions en cas de comportement dangereux avec des amendes plus lourdes.

Le candidat de Reconquête se dit contre le contrôle technique pour les 2 roues.

Ces propositions ont été annoncées auprès de la filière industrielle par Sébastien Pilard, représentant d'Eric Zemmour.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco