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Pourquoi les prix des carburants vont rester élevés cet été

Alors que l'essence retrouve un niveau proche des 2 euros le litre, c'est finalement la crainte d'un embargo dans le contexte de la guerre en Ukraine qui contribue à maintenir des prix élevés à la pompe.

Jusqu'à quand les automobilistes feront-ils face à des prix élevés à la pompe? D'après les derniers chiffres du ministère de la Transition écologique, l'essence a augmenté de près de 9 centimes la semaine dernière pour atteindre en moyenne 1,9386 euro le litre (SP95-E10, essence la plus consommée en France).

Guerre en Ukraine et "driving season"

Double-explication: du côté de la guerre en Ukraine, qui continue de maintenir les prix du pétrole brut à des niveaux élevés, mais aussi avec un effet saisonnier côté Etats-Unis.

"L'augmentation du prix de l'essence s'explique avant tout par un prix du brut élevé, avec un baril de pétrole qui a pris près de 5 dollars ces derniers jours mais aussi par une demande accrue d'essence avec le début de la 'driving season' aux Etats-Unis: les Américains roulent davantage à partir du mois de mai et cela se répercute de ce côté de l'Atlantique", explique Olivier Gantois, président de l'union française des industries pétrolières (Ufip).

Légère accalmie en revanche du côté du gazole, le carburant le plus consommé en France, qui a perdu 2,6 centimes la semaine dernière, à 1,852 euro le litre.

"La surchauffe sur le gazole semble se dégonfler actuellement, sachant qu'elle était principalement due à des craintes d'embargo et de ruptures d'approvisionnement", souligne Olivier Gantois.

Si on retire la remise gouvernementale (15 centimes hors taxes, 18 centimes TTC), l'écart entre essence et gazole retrouve même un rapport "normal", qui s'explique habituellement par l'écart de taxation entre les deux carburants. La fin donc, au moins provisoirement, d'une situation atypique où le gazole se retrouve à un prix plus cher que l'essence, ce qui était le cas depuis le début de la guerre en Ukraine, jusqu'à la mi-mai.

Un prix du brut élevé tant que la guerre en Ukraine durera

La crainte d'un embargo sur le pétrole, mais aussi le gazole russe, a donc bien propulsé les prix du brut à des niveaux inédits, alors même que l'Europe cherche toujours un consensus à ce sujet.

"Depuis près de deux mois, les Etats-Unis, le Canada, le Japon ont décidé cet embargo sur le pétrole russe, mais en Europe la décision doit être prise à l'unanimité et ce n'est pas encore acté", rappelle Olivier Gantois.

Et cette situation internationale devrait perdurer ces prochains mois. "Il est très difficile de prévoir l'évolution des prix du pétrole mais notre sentiment à l'Ufip c'est qu'ils resteront à des niveaux élevés tant que la guerre en Ukraine durera et que la situation internationale restera instable", ajoute Olivier Gantois.

En attendant un consensus sur un éventuel embargo, chaque gouvernement essaie de sécuriser ses approvisonnements en carburants, afin de limiter cette hausse des prix.

"Nous avons une task force au ministère de la Transition énergétique qui matin, midi et soir va chercher des fournisseurs alternatifs de carburant et de diesel précisément pour amortir le choc d'une sanction [contre la Russie, NDLR] éventuelle sur le carburant", a rappelé ce mardi sur BFMTV la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.

Des aides à la pompe

Auprès des consommateurs, la remise gouvernementale permet pour le moment de maintenir les prix des carburants sous le seuil des 2 euros le litre ou approchant mais pour combien de temps? Cette mesure doit en effet prendre fin le 31 juillet et le gouvernement réfléchit à une mesure "plus ciblée", via un dispositif destiné avant tout aux gros rouleurs. "C'est encore à l'étude, donc je ne vais pas vous donner aujourd'hui des dispositifs, mais nous y travaillons", a confirmé la ministre ce matin.

A voir également si la grande distribution ou les pétroliers continueront à pratiquer des remises spécifiques. Après l'arrêt de sa ristourne de 10 centimes par litre, TotalEnergies a déjà annoncé qu'il mettra en place une nouvelle remise sur ses stations d'autoroutes cet été.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto