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Stellantis mise sur une technologie inédite pour se lancer dans l'hydrogène

Stellantis fait ses premiers pas dans l'hydrogène. Le groupe a dévoilé cette semaine sa première offre de véhicules utilitaires qui combinera un système de pile à combustible à une batterie électrique. Une mutualisation de deux technologies pour séduire le plus grand nombre.

Stellantis confirme ses ambitions dans l’hydrogène. D’ici la fin de l’année, les Peugeot Expert, Citroën Jumpy et Opel Vivaro seront déclinés en une version H2, a détaillé ce jeudi le groupe né de la fusion entre PSA et FCA. Mais la technologie choisie pour équiper ces fourgons s’avère inédite.

Une technologie hybride

Stellantis va en effet coupler une pile à combustible fonctionnant à l’hydrogène à une batterie qui pourra se recharger directement sur une borne. Une combinaison gagnante selon le groupe: les véhicules offriront une autonomie de 400 kilomètres sans émettre de CO2 et la possibilité de faire le plein en trois minutes à une station d’hydrogène. Et grâce à la batterie rechargeable, les professionnels pourront rouler une cinquantaine de kilomètres pour trouver cette fameuse station. Elles sont en effet encore peu nombreuses en Europe: 90 par exemple en Allemagne et une trentaine en France selon les chiffres de Stellantis.

C'est là tout le pari du constructeur: parvenir à démocratiser l'hydrogène, auprès du plus grand nombre d’utilisateurs, alors que les stations sont encore rares. Cette approche se montre différente d’autres industriels qui misent plutôt sur le schéma de flottes captives, ayant leur propre station avec suffisamment de véhicules et donc de trafic pour amortir l’investissement de plusieurs millions d’euros afin de s’équiper d’une station pour faire le plein d’hydrogène.

C’est le centre de R&D d’Opel à Rüsselsheim (Allemagne) qui a développé cette architecture hybride, avec un bénéfice: garder la même surface de stockage dans ces nouveaux utilitaires, malgré la présence de la batterie et du réservoir d’hydrogène. Comme le rappelle L’Usine Nouvelle, les ingénieurs d’Opel avaient déjà développé quatre prototypes de véhicules à hydrogène sous la houlette de General Motors, précédent propriétaire du constructeur allemand jusqu’en 2017. Pour les composants, Stellantis se fournira auprès des équipementiers Faurecia et Symbio qui ont formé une co-entreprise dans l’hydrogène.

Pas de 100% hydrogène

Avec cette technologie hybride, le constructeur semble en tout cas fermer la porte au 100% hydrogène comme le proposent Toyota et Hyundai. Les 400 kilomètres d’autonomie semblent décevants (la Toyota Mirai de dernière génération annonce 650 kilomètres) mais pour Stellantis, cette offre hybride répond aux besoins du marché.

33 % des clients font moins de 200 km par jour avec leur véhicule, 44 % en font jusqu’à 300. Avec la pile à combustible, ils pourront allonger leur rayon à 400 kilomètres et faire le plein en trois minutes", a expliqué Xavier Peugeot, le directeur de la business unit véhicules utilitaires légers de Stellantis, rapporte Le Figaro.

La réussite de ce pari dépendra notamment du prix des utilitaires, qui n’a pas été communiqué par Stellantis. Le groupe n’a communiqué aucun chiffre sur les coûts de développement de cette technologie. Or c'est un point crucial: batterie comme pile à combustible sont onéreuses.

Selon Toyota, les prix de la technologie de la pile à combustible ont cependant déjà baissé par rapport à la première génération de Mirai, sortie en 2015, et devrait encore fortement baisser dans les années à venir, avec un prix qui pourrait tomber à 30.000 euros en 2030, pour un modèle grand public.

Le grand public, c’est aussi la cible de Stellantis avec cette technologie hybride, mais à un horizon plus lointain.

Par Pauline Ducamp et Julien Rizzo