Val-d'Oise: la création d'une voie dédiée au covoiturage sur l'A15 fait débat

La voie de gauche d'un tronçon de l'A15, entre Franconville et le pont de Gennevilliers, devrait bientôt être réservée au covoiturage. Un projet qui inquiète des élus locaux qui craignent des embouteillages aux heures de pointe.

Faut-il ou non créer une voie de covoiturage sur l'A15 entre Franconville et le pont de Gennevilliers? La question fait débat, explique un article du Parisien. Ce samedi 6 février, des élus locaux du Val-d'Oise, soutenus par la présidente de la Région Ile-de-France, Valérie Pécresse, organisaient une conférence de presse pour exprimer leur désaccord face à ce projet "conduit par l’Etat dans l’urgence sans concertation avec les collectivités locales", comme le résumaient les organisateurs.

Au total, huit kilomètres de l'A15 sont concernés dans le sens de la province vers Paris. La voie de gauche serait ainsi réservée aux véhicules transportant au moins 2 personnes. L'aménagement de l'autoroute représenterait un investissement de 5 millions d'euros, d'après la présidente LR du département du Val-d'Oise, Marie-Christine Cavecchi, également opposée à ce projet. Même si on ignore pour le moment la date de la mise en place de cette voie dédiée, le projet paraît bien avancé. Des panneaux ont déjà été posés et recouverts en attendant la fin du chantier.

Nous attendons toujours le calendrier précis de la mise en place de ce dispositif. Le département avait fait part l’année dernière de ses inquiétudes et avait rejoint l’idée de la Présidente de Région Ile-de-France en proposant que la voie de covoiturage soit plutôt intégrée sur la bande d’arrêts d’urgence", explique la présidente du Val-d'Oise dans un communiqué.

"Timing inadapté"

Valérie Pécresse a rappelé de son côté qu'elle continue de soutenir le covoiturage, mais via la création de voies dédiées, alors que sur l'A15, "le projet consiste à retirer une voie".

La présidente de la région évoque également un "timing totalement inadapté":

Nous sommes en période de Covid, où beaucoup d'habitants ont repris leur voiture. Ensuite il y a un risque de congestion très forte avec les embouteillages. Et ce qui pollue le plus, ce sont les embouteillages"

"La Région Île-de-France demande depuis des années à l’Etat d’accélérer sur la réalisation de voies dédiées aux bus, taxis et covoiturages en ciblant en priorité l’utilisation de bandes d’arrêts d’urgence et en développant un système de contrôle-sanction qui n’a toujours pas été initié", rappelle de son côté un communiqué, citant les exemples de projets "accompagnés et soutenus financièrement" par la Région, sur les axes comme l'A1, l'A6, l'A10, l'A12 ou plus récemment sur la RN118.

Les élus des villes proches du tronçon de l'A15 concernés craignent notamment un report de trafic, déjà vécu en 2018 avec l'affaissement d'un mur de soutènement du viaduc de Gennevilliers.

Inciter au covoiturage

Les applications de covoiturage, pénalisées par la crise sanitaire, attendent elles beaucoup de cette voie dédiée.

La voie dédiée va être une publicité géante et un formidable outil de communication pour nous faire connaître, souligne par exemple Julien Honnart de l'application Klaxit au Parisien. Lorsque les automobilistes coincés dans les embouteillages, verront des véhicules aller plus vite sur une voie réservée, cela pourrait leur donner des idées."

Reste à savoir si ces embouteillages seront, de manière plus ou moins importante, générés par cette voie de covoiturage, quitte à assumer cette volonté de "remplir les voitures" trop souvent occupées par une seule personne. Un nouvel exemple des débats que peuvent générer les questions de partage de la route et d'incitations à utiliser tel ou tel mode de déplacement.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto