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Grâce à la pandémie, la voiture sans permis fait un carton

Le français Aixam s'attend à des ventes stables cette année, un petit miracle dans le contexte actuel. La voiture sans permis semble profiter du boom des mobilités individuelles suite à l'épidémie de covid-19.

C'est un marché de niche qui semble mieux résister à la crise que l'ensemble du secteur automobile: la voiture sans permis. En 2020, le secteur des "voiturettes" s'attend en effet à des ventes relativement stables alors qu'on parle déjà d'une baisse de 25 à 30% pour les voitures particulières neuves en France.

Les volumes sont toutefois très différents. 13.415 voitures sans permis ont été immatriculées l'an dernier dans l'Hexagone d'après les chiffres fournis par AAA Data, quand il se vendait plus de 2,2 millions de voitures particulières... "avec permis".

Compte tenu de l'année qu'on a vécue, la tendance est clairement bonne", souligne Philippe Colançon, patron d'Aixam.

"Rôle social et sécuritaire"

Cette entreprise française se présente comme le leader européen des voitures sans permis, avec une production de 12.500 unités l'an dernier, à moitié destinée à la France et à moitié à d'autres pays européens. Au même titre que le vélo ou la trottinette, la voiturette semble avoir aussi profité d'une baisse de la fréquentation des transports en commun.

Avec la pandémie, on note un attrait tout particulier pour la mobilité individuelle, poursuit le patron d'Aixam. Cela s'ajoute au rôle social de la voiture sans permis, qui permet à de nombreux Français de se déplacer au quotidien, et à son rôle sécuritaire, en offrant une solution de mobilité plus sécurisée qu'un scooter à de nombreux jeunes dès 14 ans."

Lors du premier confinement et après six semaines de fermeture des usines françaises d'Aixam, à Aix-les-Bains (Savoie) et à Chanas (Isère), l'entreprise a repris son activité de production le 24 avril pour répondre à une forte demande, qui s'est accélérée à partir de début juin. Entre juillet et septembre, ses ventes ont ainsi bondi de 23% sur un an.

Nous venions de lancer une nouvelle gamme juste avant la pandémie donc nous avons pu notamment profiter d'un effet nouveauté", explique Philippe Colançon pour justifier ce succès post-confinement.

Une spécialité française

Mais la situation concerne aussi les autres principales marques du marché, comme Microcar, Ligier ou Chatenet. De janvier à fin octobre 2020, AAA Data relève ainsi 11.219 immatriculations de voiturettes en France métropolitaine, soit une centaine de plus que l'an dernier sur la même période.

La voiture sans permis s'impose ainsi comme une spécialité française, le pays assurant "environ 90% de la production européenne", indique Nicolas Meunier, journaliste automobile chez Challenges et rédacteur en chef du magazine Génération sans permis.

C'est un marché qui repose globalement sur la réglementation des différents pays. En France, seul le permis AM (ex-Brevet de sécurité routière) est exigé et seulement pour les personnes nées après 1988. L'Italie avait durci les règles, ce qui a provoqué une forte chute des ventes", explique Nicolas Meunier.

En France, elle permet donc à un public varié d'accéder à cette forme de mobilité motorisée: des personnes qui ne sont pas encore en âge de passer le permis, dès 14 ans, ceux qui ne l'ont jamais passé ou encore ceux qui n'ont pas le temps ou les moyens de s'inscrire en auto-école.

Citroën, nouvel acteur du sans-permis

Un marché à fort potentiel et qui attire aussi les grands constructeurs automobiles. Après Renault et son Twizy en 2011, Citroën a lancé cette année son Ami, une voiturette 100% électrique. La marque aux chevrons fait ainsi son entrée sur ce marché de la voiture sans permis mais sans vraiment menacer les marques historiques du secteur.

Il y a trois aspects de la Citroën Ami qui peuvent rebuter le public cible des voitures sans permis: son look original, alors que les clients recherchent avant tout des modèles qui ressemblent à de vraies voitures, l'absence de coffre et sa motorisation électrique", note cependant Nicolas Meunier.

Des critiques que partage le patron d'Aixam, pour qui l'Ami peut davantage se placer sur le créneau de la mobilité partagée et séduire ainsi un nouveau public.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto