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Faut-il en finir avec le permis à vie? Les exemples chez nos voisins européens

De nombreux pays d'Europe conditionnent le maintien du permis à un examen médical régulier. L'idée resurgit en France alors qu'un accident impliquant un conducteur de 76 ans a marqué les esprits ce week-end.

C'est une question qui ressort à chaque fait divers impliquant une personne âgée au volant: faut-il en finir avec le permis de conduire à vie?

Pas d'examen médical requis en France

Ce samedi 22 avril, un homme de 76 ans "en situation de handicap" a perdu le contrôle de son véhicule causant un accident grave dans la ville de Berck (Pas-de-Calais). Accompagné de son épouse et à bord d'une voiture en boite automatique, il aurait confondu la pédale de frein et d'accélérateur. Le bilan: 12 personnes blessées, dont une avec un pronostic vital engagé et hospitalisée au CHU du Lille.

Si, en France, le permis de conduire n'exige pas de passer un examen médical en fonction de l'âge, ce n'est pas le cas chez certains de nos voisins en Europe, qui contrôlent en particulier la vue et les réflexes.

Au Portugal, un contrôle demandé dès 40 ans

Aux Pays-Bas, à partir de 75 ans, l'automobiliste doit passer un examen médical tous les 5 ans, à partir de 70 ans au Danemark et en Finlande, 65 ans en Espagne, en Grèce et en République tchèque.

L'Italie demande de son côté cet examen médical dès 50 ans. C'est au Portugal qu'on retrouve la réglementation la plus stricte avec un contrôle de l'aptitude à conduire à plusieurs étapes de la vie: dès 40 ans, puis à 50, 65 et 75 ans, âge à partir duquel il faut effectuer un examen tous les deux ans.

Enfin d'autres pays demandent un examen régulier sans condition d'âge: en Belgique, le renouvellement du permis tous les dix ans doit s'accompagner d'un certificat d'aptitude à la conduite du médecin. C'est le cas également en Roumanie, en Hongrie, en Lettonie et en Lituanie.

Un permis à vie aussi en Allemagne et en Pologne

La France n'est toutefois pas seule dans ce club des pays européens qui délivre un permis à vie, sans exiger de contrôle médical. C'est aussi le cas en Allemagne ou en Pologne.

Au Royaume-Uni, c'est au conducteur de se déclarer, lui-même en bonne santé tous les trois ans. Une manière d'inciter les automobilistes à faire le point sur leur état de santé, sans toutefois conditionner le fait de pouvoir ou non conduire à un examen obligatoire.

Faut-il changer les règles en France?

De nombreuses personnes militent en France pour la mise en place d'un contrôle régulier de l'aptitude à conduire. C'est le cas notamment de Pauline Deroulède, amputée d'une jambe après avoir été fauchée en 2018 à Paris par un conducteur âgé de plus de 90 ans.

Le débat est donc relancé après l'accident survenu le week-end dernier à Berck, en tenant compte aussi du besoin de mobilité des personnes âgées.

"Toute mesure trop coercitive serait socialement dévastatrice, car dans les zones rurales en particulier, où aucun transport en commun n'est disponible, priver les seniors de leur permis pourrait les couper des autres et de leurs activités, que ce soit les courses, la vie associative, la vie culturelle, souligne Alexandra Legendre, porte-parole de l'association de la Ligue de défense des conducteurs.

"Pointer du doigt cette partie de la population (10 % des Français ont 75 ans et plus selon l'INSEE) et risquer de l'ostraciser, c'est oublier qu'avec un peu de chance, nous aussi nous atteindrons cet âge un jour et que nous serons concernés", ajoute-t-elle.

Consciente de cette problématique, elle suggère tout de même dans un premier temps de contrôler la vision à partir d'un certain âge, en insistant sur une décision qui doit être partagée entre le médecin, la famille et la personne concernée:

"Très pragmatiquement, je pense qu'un contrôle de la vision serait un premier pas et pour toutes les autres étapes menant, peut-être, à la décision d'arrêter de conduire, je pense que le médecin de famille et la famille elle-même ont un grand rôle de sensibilisation à jouer. Pourquoi pas avec un bilan de santé, sur la base du volontariat, mais qui serait remis au conducteur concerné pour qu'il en tire lui-même les conséquences?"

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto