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Et si l'hybride rechargeable était le vrai succès automobile de 2020?

Le Peugeot 3008 est le véhicule le plus vendu en France dans la catégorie hybride rechargeable.

Le Peugeot 3008 est le véhicule le plus vendu en France dans la catégorie hybride rechargeable. - PSA

L'hybride rechargeable voit ses ventes exploser depuis le début de l'année. Une technologie encore onéreuse mais en voie de démocratisation, bien aidée par le bonus-malus.

Depuis le début de l'année, c'est la motorisation qui progresse le plus en termes de ventes sur le marché automobile français du véhicule neuf. L'hybride rechargeable, qui associe moteurs thermique et électrique avec la possibilité de rouler une quarantaine de kilomètres en mode zéro émission, s'impose en effet comme un bon compromis entre "ancien" et "nouveau" mondes.

Avec 38.049 unités mis en circulation entre janvier et septembre, d'après des données compilées par notre partenaire spécialiste de la donnée AAA Data, les volumes de ventes ont été multipliés par plus de trois par rapport à la même période l'an dernier.

Un phénomène qui s'explique en particulier par le lancement de nombreux modèles ces derniers mois. Signe de cet engouement commercial, les garages et véhicules de démonstration représentent ainsi 24% des ventes cette année, au même niveau que les particuliers. On retrouve ensuite les entreprises, à 22%, et les loueurs "hors courte durée", c'est à dire les professionnels de la LOA (location avec option d'achat) ou LLD (Location longue dure), à 21%.

Alternative à l'hybride "classique" et au 100% électrique

Mais même avec un peu plus de 38.000 véhicules vendus, la part de marché reste encore relativement anecdotique. Avec 3,2% des ventes totales, l'hybride rechargeable reste loin des volumes réalisés en 100% électrique (6,1% du marché entre janvier et août) ou en hybride "classique" ou "non rechargeable", à 9,2% de part de marché. Deux motorisations concurrentes difficilles à rattraper.

Le 100% électrique s'applique en général à des petites voitures, qui connaissent un grand succès en France. Une Renault Zoé peut ainsi séduire des propriétaires de Clio, meilleure vente ces dernières années, et Peugeot a logiquement fait le choix de proposer une version zéro émission de sa 208, l'autre star du marché tricolore.

Du côté de l'hybride non-rechargeable, c'est une motorisation qui ne bouleverse pas les habitudes des clients, notamment en n'imposant pas d'accès à la prise et avec une promesse simple de réduire la consommation. C'est en outre une technologie proposée depuis maintenant près de 20 ans, popularisée par Toyota et qui s'étend désormais à d'autres marques. On peut par exemple citer les récentes Renault Clio E-Tech ou la Honda Jazz.

Mais cette motorisation ne bénéficie pas d'aide à l'achat alors que le plan de relance automobile post-covid a instauré un bonus hybride rechargeable de 2000 euros, faisant son retour après avoir été mis en place de 2015 à 2017. Il faut également ajouter une exonération totale ou partielle des frais de carte grise selon les départements et, pour les entreprises, une exonération de TVS (taxe sur les véhicules de société) et la possibilité de récupérer une partie de la TVA sur l’essence.

Un fort potentiel malgré la baisse à venir du bonus

En tête des modèles les plus vendus en hybride rechargeable depuis le début de l'année se trouve le Peugeot 3008. Les 4757 unités vendues représentent près de 18% des ventes du SUV star du marché français. Une motorisation proposée sur les finitions haut de gamme, à partir de 44.300 euros, soit 14.000 euros de plus que le 3008 d'entrée de gamme.

Mais il faut plutôt le comparer à une version proche: en finition haut de gamme GT Line, la version hybride rechargeable "Hybrid 225" avec le moteur 1.6 litre essence de 180 chevaux démarre à 46.400 euros. Une somme à laquelle on peut retirer le bonus écologique de 2000 euros, soit un tarif final de 44.400 euros, soit un tarif presque équivalent entre versions essence et hybride rechargeable une fois le bonus déduit.

Le 3008 équipé du même moteur thermique, mais sans la partie électrique, est bien plus abordable, avec un prix de départ à 39.650 euros. Mais il faut lui ajouter un malus: ses émissions de 165 g/km (qui redescendent à 30 g/km en hybride) lui font en effet écoper d'une surtaxe de 1504 euros cette année, soit un prix final de 41.154 euros.

Malgré la baisse à venir du bonus, ramené à 1000 euros l'an prochain, le 3008 hybride pourra continuer à s'imposer comme une alternative séduisante, à l'usage et même en prenant en compte simplement son coût d'achat. Le malus va gonfler les prochaines années. Sur notre 3008 thermique, la surtaxe atteindra ainsi 2544 euros en 2021 et 4279 euros en 2022, faisant fondre presque totalement l'écart de prix entre ces deux versions.

Sur d'autres modèles, la part de ventes en version hybride rechargeable est beaucoup plus importante: c'est par exemple 45% des DS7 Crossback vendus depuis le début de l'année, 33% des Peugeot 508 ou encore 38% des Volvo XC40.

Mais le champion de la catégorie, c'est le dernier Ford Kuga, lancé au printemps dernier. Avec un prix de départ sous les 40.000 euros, la version hybride rechargeable représente déjà plus d'une vente sur deux sur ce modèle. Un début de démocratisation attendu aussi chez Renault, avec les versions hybrides rechargeables des Captur et Mégane Estate.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto