Contrôle technique: un risque de bouchons dans les centres cet été?

Un afflux d’automobilistes est prévu cet été dans les centres de contrôle technique. Fermés au début de la pandémie de covid, ils devront inspecter les véhicules qui avaient bénéficié d’un délai supplémentaire en 2020.

Obligatoire en France pour les voitures particulières, quatre ans après la première immatriculation puis tous les deux ans, le contrôle technique fête cette année ses 30 ans. Un examen désormais reconnu d’utilité publique, permettant de vérifier l’état du parc roulant et de réduire le risque de voir circuler des véhicules dangereux sur nos routes. Pourtant 2022 s’annonce comme une année compliquée.

Une vague de contrôles attendue pour l'été

Petit retour en arrière: début 2020, face à la pandémie de covid-19, le confinement paralyse la France ce qui n’épargne pas les centres de contrôle technique. En grande majorité fermés plusieurs semaines, ils ne rouvriront qu’à partir du mois de mai. Les automobilistes bénéficient d’ailleurs d’une période de tolérance, avec une tolérance de trois mois sur la date limite.

Dans ce contexte, la profession craignait une double conséquence deux ans plus tard: un creux d’activité à partir de la mi-mars, vu que très peu de véhicules avaient passé leur contrôle technique au printemps 2020, et au contraire, un pic dès le début de l’été. Les automobilistes étaient ainsi invités à anticiper ce passage dans un centre. Une campagne de communication qui a visiblement porté ses fruits:

"En avril, nous avons eu 24% de clients qui passaient leur contrôle avec un peu d’avance, contre plutôt 15% d’habitude et en mai nous avons aussi une fréquentation plus importante que prévu. On voit les gens revenir, avec un pic d’activité en général en juin, avant les congés d’été, mais les centres ne sont pas saturés actuellement", indique Karine Bonnet, directrice générale de Dekra Automotive.

S’il était donc conseillé de réaliser son contrôle un peu en avance cette année, l’été s’annonce bien chargé dans les centres. D'autant que la filière manque de main d'oeuvre, avec un besoin estimé à 1000 contrôleurs d'après Karine Bonnet, une conséquence d'une directive de 2018, qui nécessite de disposer d'un Bac pro, et non plus seulement d'un CAP, BEP ou d'une formation qualifiante dans le secteur.

Une opération essentielle pour garantir un parc sain

Autre facteur: il n'y aura pas ceux qui avaient passé leur contrôle à l'été 2020, il faut ajouter les véhicules neufs de 2018, pour leur première vérification cette année. Le marché de l'occasion, très développé actuellement, et qui impose un contrôle technique de moins de 6 mois, pourrait aussi apporter son lot de contrôles à réaliser.

"On ne retrouve jamais le même nombre de véhicules qui avaient réalisé leur contrôle deux ans plus tôt, car parfois le véhicule a été vendu entretemps ou il a pu finir sa vie à la casse", précise Karine Bonnet.

Cette vérification obligatoire du véhicule reste toutefois fondamentale pour garantir un parc automobile sain en France:

"L'âge moyen des véhicules ne cesse de progresser, il a augmenté de 15 mois depuis 2011 pour atteindre 12 ans. Or, plus un véhicule est entretenu régulièrement, plus le parc peut vieillir correctement. Le contrôle technique se montre ainsi essentiel avec des taux de contre-visites à près de 20% et un peu moins de 1% de défaillances critiques, qui demandent une intervention urgente sur le véhicule."

On estime qu'un million de voitures roulent sans assurance en France et, pour la directrice générale de Dekra, on serait sur un nombre similaire de personnes roulant sans contrôle technique à jour. En cumulant aussi dans certains avec la conduite sans permis.

Pour rappel rouler sans contrôle technique expose à une amende de 4e classe, avec une amende forfaitaire de 135 euros (minorée à 90 euros). Autre risque important: en cas d'accident, votre compagnie d’assurance ne vous indemnisera pas.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto