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Conduite "sans les mains": ce qui change ce 1er septembre en France

Le cadre légal entourant la conduite autonome dite de niveau 3 évolue ce 1er septembre en France. Mais, concrètement, aucun véhicule n'est pour le moment compatible avec cette conduite "sans les mains".

Consulter ou écrire un sms, lire un livre, jouer à un jeu vidéo... ce sont des activités pour le moment formellement interdites au volant. Et ce sera toujours le cas à partir de ce jeudi 1er septembre en France, même si le cadre légal évolue, créant pour la première fois la possibilité de déroger à cette règle du conducteur strictement concentré (en théorie) sur la conduite du véhicule.

Un premier cadre légal pour la conduite "autonome"

Votés l'an dernier, plusieurs décrets entrent en effet en application ce 1er septembre pour encadrer cette conduite "sans les mains". Une première: jusqu'ici, même dans les véhicules les plus évolués capables de proposer une conduite très assistée, le conducteur est tenu de rester vigilant et de garder le volant en main pour réagir à tout moment en cas de besoin.

Les Mercedes Classe S et EQS sont les premiers modèles homologués pour la conduite autonome de niveau 3 en Allemagne.
Les Mercedes Classe S et EQS sont les premiers modèles homologués pour la conduite autonome de niveau 3 en Allemagne. © Mercedes

Sur ces modèles désormais assez courants même chez les marques grand public, on retrouve le duo composé du régulateur de vitesse adaptatif (qui adapte la vitesse du véhicule en fonction de celui qui roule devant vous) et du suivi des lignes de la route. Avec un volant qui bouge donc "tout seul", mais à garder en main sous peine d'être rappelé à l'ordre par des alertes et une désactivation progressive des aides à la conduite.

Un niveau de conduite autonome dit de niveau 2, selon le classement qui distingue 6 niveaux d'autonomie, de 0 sans aucune assistance, au niveau 5 où le véhicule n'a même plus besoin de volant et de pédale.

Que permet le niveau 3 de conduite autonome?

Concrètement, la conduite autonome de niveau 3 permet au conducteur de faire (vraiment) autre chose pendant que le véhicule se déplace. Pour le moment, le cadre est assez restreint puisque la fonction ne peut s'activer que sur des routes prédéfinies et sur deux modèles commercialisés par Mercedes: la Classe S et l'EQS.

Et ces deux modèles, très haut de gamme à plus de 110.000 euros, ne permettront donc même pas à leurs conducteurs de conduire "sans les mains" en France dès le 1er septembre... puisque cette fonction n'est pour le moment proposée que sur 13.191 km de routes compatibles en Allemagne. Principalement des autoroutes ou la fonction "Drive Pilot" peut s'activer dans une zone de trafic dense et jusqu'à 60 km/h. Une première étape avant de potentiellement relever cette limitation de vitesse.

Le nouveau volant des Mercedes Classe S qui seront compatibles avec la conduite autonome de niveau 3 "sans les mains".
Le nouveau volant des Mercedes Classe S qui seront compatibles avec la conduite autonome de niveau 3 "sans les mains". © Daimler

Une fois ce mode activé, le conducteur peut ainsi lire un article, consulter son téléphone ou encore accéder à certaines fonctions accessibles depuis l'écran en laissant son véhicule avancer tout seul.

On ne peut pas en revanche faire une sieste car il faut être en mesure de reprendre le volant rapidement. Il est également interdit de regarder en arrière en permanence ou même de quitter le siège du conducteur, nous a précisé Mercedes.

En France, il n'est pas encore possible de donner une date de commercialisation pour l'option "Drive Pilot", pas encore proposée par la marque sur ses Classe S et EQS. En Allemagne, la réalisation de la cartographie haute-définition fournie par Here sur les routes où la fonction est activable a pris environ deux ans. Ce travail a été initié en France et d'autres étapes seront nécessaires avant de pouvoir proposer cette fonction.

Une question de responsabilité en cas d'accident

Enjeu fondamental de ce cadre légal qui autorise donc la conduite autonome: ce sera le constructeur du véhicule qui sera responsable en cas d'accident lorsque ces fonctions sont activées.

C'est ce qui explique les conditions très restrictives pour le moment du "Drive Pilot" chez Mercedes. Une marque comme Tesla, très connue pour son assistant de conduite au nom trompeur, "Autopilot", ne devrait pas non plus se précipiter pour obtenir cette homologation pour du niveau 3 en Europe. A suivre toutefois, car obtenir cette certification semble désormais incontournable pour envisager de rouler "sans les mains" en Europe. Ce qu'ambitionne Tesla avec sa version la plus avancée de l'Autopilot, le FSD (pour "Full self driving", ou "Capacité de conduite entièrement autonome" en France).

Des zones d'ombre subsistent toutefois: par exemple, qui sera responsable si un accident survient au moment où le véhicule demande au conducteur de reprendre le contrôle? Ou encore, comment vraiment s'assurer que les utilisateurs ne joueront pas trop avec les règles qui encadrent ces assistants?

Ce cadre légal permet déjà d'anticiper les futures évolutions technologiques autour de la conduite autonome de niveau 3 ou supérieur. Si d'autres marques planchent sur des systèmes avancés, Mercedes se positionne en pionnier sur ce nouveau cadre. Prochaines étapes pour cette homologation de niveau pour la marque à l'étoile: les Etats-Unis, avec la Californie et le Nevada prevus pour la fin 2022. Des projets pilotes sont également en cours dans trois régions chinoises.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto