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Voitures du futur

Que change la "conduite entièrement autonome" que Tesla déploie aux Etats-Unis?

En 2016, Tesla présentait un Model X qui incarnait l'avenir de la conduite autonome chez Tesla. Quatre ans plus tard, le FSD est enfin là.

En 2016, Tesla présentait un Model X qui incarnait l'avenir de la conduite autonome chez Tesla. Quatre ans plus tard, le FSD est enfin là. - Tesla

Aux Etats-Unis, certains propriétaires de Tesla peuvent déjà tester la nouvelle fonction "Full Self-Driving" (FSD). Un assistant de conduite très avancé, en ville notamment, qui suscite des craintes mais permet à la marque américaine de rester bien placée dans la course vers la voiture autonome.

C'était la cerise "geek" sur le gâteau des bons résultats de Tesla au 3e trimestre. Ce mercredi, la marque spécialisée dans les voitures électriques a déployé une version bêta de son "Full-Self Driving Capacity", souvent mentionné par Elon Musk sous l'acronyme de FSD.

En résumé, il s'agit d'un pas de plus vers la conduite autonome, sans toutefois l'atteindre... ce qui n'est pas forcément évident à comprendre avec la dénomination de ces technologies chez Tesla. On pense bien sûr au célèbre Autopilot ("Pilotage automatique" en français), terme qui déchaîne les passions, des détracteurs comme des fans depuis un certain temps.

En test uniquement aux Etats-Unis

Si elle fait parler d'elle ces derniers jours, l'option FSD est proposée en réalité depuis fin 2016. Tesla avait alors ajouté de nouveaux équipements à ses véhicules, leur permettant d'être prêts, sur un plan "hardware", à acquérir de nouvelles capacités de conduite assistée et d'envisager même un futur 100% autonome.

Cette option est également proposée en France, sous le nom de "Capacité de conduite entièrement autonome". Elle permet aujourd'hui de bénéficier des dernières mises à jour de l'assistant de conduite de Tesla, alors que l'Autopilot est désormais proposé de série et se contente du suivi des lignes de la route et du régulateur de vitesse adaptatif.

Ce sont toutefois uniquement des clients américains, un nombre "limité" d'après Tesla, qui vont pouvoir tester ces nouvelles fonctions offertes par le FSD. Sur leur écran, lors de la mise à jour proposée depuis hier soir apparaît le message suivant:

L'écran de présentation de la nouvelle fonction de "Capacité de conduite entièrement autonome" ou "FSD"
L'écran de présentation de la nouvelle fonction de "Capacité de conduite entièrement autonome" ou "FSD" © DR

Tesla recommande d'utiliser cette version d'essai avec une extrême prudence. Le système "pourrait prendre une mauvaise décision au pire moment, donc vous devez toujours garder vos mains sur le volant et prêter une attention renforcée à la route", prévient notamment le message.

Le FSD ne dispense donc pas de rester vigilant à tout moment, bien au contraire. Cela reste donc un "simple" assistant à la conduite, particulièrement poussé puisqu'il peut gérer le changement de file sur autoroute sans action du conducteur, faire prendre une bifurcation au véhicule ou encore gérer davantage de situations en ville.

Les premières vidéos des heureux élus du FSD n'ont pas tardé à apparaître sur Twitter. Dans l'exemple ci-dessous, on peut voir notamment l'affichage des différentes informations glanées par le véhicule et retranscrites sur les écrans d'un Model X, pendant que celui-ci prend son virage en mode autonome, suscitant les commentaires admiratifs du conducteur-observateur et de son passager.

Un an après le "Smart Summon"

L'effet "wahou", tant recherché par Tesla, semble donc faire mouche, malgré les inquiétudes d'une partie du public. De quoi rappeler également les premiers essais du "Smart Summon", lancé il y a près d'un an. Cette fonction, qui permet de "convoquer" sa Tesla se trouvant à une dizaine de mètres sans être à bord, avait déclenché une vague de vidéos sur des parkings publics et certains accidents matériels, posant des questions inédites en termes de responsabilités et d'assurance.

Comme lors de cet épisode, Tesla prévient bien ses utilisateurs sollicités pour ces tests des risques inhérents. Ce sont donc bien les propriétaires qui resteraient responsables en cas d'accident mais cette nouvelle expérience grandeur nature pose une nouvelle fois la question de ces aides à la conduite qui pourraient inciter à des comportements dangereux.

Bientôt en France?

Tesla fait donc preuve de prudence, avec ces messages et un nombre limité de clients concernés. Le risque est en effet bien plus important que pour le "Smart Summon" qui déplace le véhicule à basse vitesse et dans des zones de parking plutôt dégagées.

Le déploiement de cette fonction, même en bêta, n'est toutefois pas prévu pour le moment en France. Mais elle est bien destinée à l'être, heureusement pour ceux qui ont payé les 7500 euros à débourser pour cette option! Ces derniers profitent toutefois déjà d'un Autopilot amélioré et de nouvelles fonctions depuis quelques semaines, comme la reconnaissance des panneaux et des feux de circulation.

Dans un tweet, Elon Musk a expliqué qu'un déploiement au niveau mondial était envisageable dès que "les tests seront terminés" et avec l'accord des autorités. Il souligne au passage la difficulté à adapter le système à chaque situation, avec une diversité de panneaux, de règles sur la route différentes, sans parler des pays où on roule à gauche.

Elon Musk reste persuadé que la conduite autonome représente l'avenir en termes de sécurité routière. Tesla communique ainsi régulièrement sur ses véhicules roulant avec l'Autopilot (qui n'était pas proposé de série avant 2019), ils ont statistiquement moins d'accidents que les modèles qui n'en sont pas équipés.

Avec plus d'un million de Tesla sur les routes à travers le monde, la marque met aussi en avant l'impressionnante quantité de données collectées tous les jours. De quoi améliorer son système en continu avec ce retour d'expérience automatisé et qui lui permettrait d'améliorer son système plus simplement que d'autres constructeurs, contraints par exemple de faire rouler des prototypes quand Tesla peut compter sur son "armée de bêta-testeurs".

Un prix déjà annoncé en hausse

Elon Musk a également communiqué sur la hausse de prix à venir de cette option FSD. A partir de lundi, elle doit augmenter d'environ 2000 dollars, a-t-il indiqué dans un tweet.

Une manière de profiter de l'engouement a priori suscité par ce lancement pour motiver les acheteurs à souscrire à ce FSD d'ici à la semaine prochaine. A l'achat, l'option est actuellement proposée à 8000 dollars aux Etats-Unis (7500 euros en France). Il est toujours possible de l'acheter par la suite, depuis son smartphone ou l'écran de son véhicule, puisque toutes les Tesla disposent des équipements nécessaires pour la faire fonctionner, mais au risque de la payer plus cher par la suite.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto