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Carlos Tavares sur la guerre des prix: "Stellantis n'a pas besoin de répondre à Tesla"

Le patron de Stellantis est revenu ce jeudi sur les baisses de prix pratiquées par Tesla et la menace que représentent les constructeurs chinois sur le marché européen.

Stellantis ne veut pas rentrer dans la guerre des prix déclenchée par Tesla. Ces derniers mois, la marque américaine a pratiqué plusieurs baisses de prix sur ses modèles, de quoi inquiéter ses principaux concurrents engagés dans l'électrification de leurs gammes.

"Le prix de nos véhicules est bien inférieur à celui de Tesla"

"Stellantis n'a pas besoin de répondre à Tesla parce que le prix de nos véhicules est bien inférieur à celui de Tesla. Donc pour nous ce n'est pas une question pressante, c'est une question pour Tesla qui était (à des niveaux de prix) très élevés par rapport au reste du marché", a souligné Carlos Tavares à BFM Business, lors d'une visite de l'usine Stellantis de Metz (Moselle) organisée ce jeudi 27 avril.

Actuellement, la Tesla Model 3 démarre à 42.000 euros en France, une Peugeot e-208 , voiture 100% électrique la plus vendue en France l'an dernier, à 34.800 euros. Mais avec une autonomie bien supérieure, les véhicules de Tesla sont très bien placés actuellement en rapport qualité/prix, ce qui a déclenché d'autres baisses chez certains concurrents.

Dans ce contexte, Carlos Tavares n'exclut donc finalement pas de réagir:

"Si tout le monde devient fou et met les constructeurs automobiles dans le rouge, on verra."

Toutefois, baisser les prix, c'est aussi réduire la marge opérationnelle, comme l'a relevé le patron de Stellantis:

"On a vu que les résultats du premier trimestre de 2023 pour cette entreprise là (Tesla) ont marqué une forte chute de ses profits, ce qui veut dire qu'à un moment donné cela posera d'autres problèmes à cette entreprise. Maintenant, si elle veut s'ajuster par rapport à ce que représente la norme du marché, c'est sa décision que je respecte totalement."

Tesla a annoncé la semaine dernière une forte baisse de son bénéfice net, avec une marge passée de 19,2% à 11,4% entre les premiers trimestres 2022 et 2023. Stellantis, qui a réalisé des résultats records l'an dernier, donnera ses ventes du premier trimestre le 3 mai prochain.

Des gains de productivité attendus

L'occasion également de revenir sur la concurrence des constructeurs chinois:

"Nous sommes des compétiteurs, nous sommes prêts à faire la course: cela se traduira pour tous nos employés et pour les citoyens européens par des efforts supplémentaires, parce qu'il va falloir faire plus de productivité pour générer des coûts plus faibles, qui nous permettront (...) aussi de concourir face aux constructeurs chinois qui sont en train d'attaquer le marché européen", a ajouté Carlos Tavares.

Au dernier Mondial de l'Auto, Carlos Tavares avait estimé que l'Union européenne déroulait le tapis rouge aux constructeurs chinois en faisant ce choix du 100% électrique pour 2035, des modèles sur lesquels les chinois sont déjà très compétitifs.

Carlos Tavares visitait ce jeudi l'usine Stellantis de Metz qui commence tout juste à produire des boîtes de vitesse pour les voitures hybrides et hybrides rechargeables. L'objectif est d'en produire 600.000 unités d'ici 2024. Pour Carlos Tavares, la priorité reste avant tout de faire baisser les émissions de dioxyde de carbone, sans forcément aller jusqu'au 100 % électrique dit "zéro émission":

"On a aujourd'hui une incertitude sur le marché européen qui est énorme. Sera t-il 100% électrique ou non? Celui qui a la réponse, c'est le politique. Notre réponse à nous c'est de réduire les émissions de CO2. Avec notre solution pour hybride, on va remplacer des vieilles voitures de 12 ans d'âge par des voitures hybrides avec des boîtes e-DCT (les nouvelles boîtes de vitesse de Stellantis, ndlr). On remplace des voitures qui font plus 300 grammes de CO2 par kilomètre par des hybrides qui font 100g de CO2 par kilomètre. Ces voitures à 100g, les classes moyennes peuvent se permettre de les acheter, et là vous avez un réel impact. Il faut se préoccuper de la planète et pas des dogmes. La solution est là, vous l'avez dans cette usine."

Justine Vassogne (à Metz), avec Julien Bonnet