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Avec le rétrofit, Renault veut offrir une seconde jeunesse à la Twingo, la R5 et la 4L

Cette Twingo I présentée sur le stand Renault à Rétromobile 2023  rend hommage aux lowriders et annonce le futur kit rétrofit qui sera lancé en fin d'année.

Cette Twingo I présentée sur le stand Renault à Rétromobile 2023 rend hommage aux lowriders et annonce le futur kit rétrofit qui sera lancé en fin d'année. - JB

Au salon Rétromobile, Renault présente son partenariat avec R-Fit, une PME française qui va proposer des kits de conversion électrique pour 4L, R5 et Twingo.

Si la R5 et la 4L renaîtront bientôt sous une forme moderne, et donc électrique, la Twingo, déjà convertie depuis sa troisième et actuelle génération, n'aura, elle, pas de successeur.

Mais Renault ne compte pas laisser de côté une des bouilles les plus célèbres de son histoire moderne, avec la première génération de sa citadine, qui fête cette année ses 30 ans sur le salon Rétromobile.

La Twingo I bientôt "rétrofitable"

Sur son stand, la marque au losange présente ainsi une exubérante Twingo, avec suspensions rabaissées, intérieur cuir et cashmere avec capitonnage en cristaux rouge, capote en velours, jantes et logos dorés très bling-bling, qui rend hommage aux "lowriders" californiens.

Une manière surtout d'annoncer sur ce format pour le moins original le futur kit rétrofit qui sera proposée sur ce modèle à la fin de l'année. En clair, la possibilité de convertir une Twingo de première génération thermique à l'électrique.

Avant la Twingo, c'est la 4L qui inaugure ce partenariat avec R-Fit, une PME française spécialisée dans le rétrofit. Et en septembre prochain, ce sera au tour de la R5 de pouvoir passer en mode zéro émission.

La 4L est le premier modèle à pouvoir recevoir le kit rétrofit conçu par R-Fit.
La 4L est le premier modèle à pouvoir recevoir le kit rétrofit conçu par R-Fit. © Renault

Du "2CV Méhari Club Cassis" à "R-Fit"

Derrière cette entreprise R-Fit se trouve un nom assez connu pour ceux qui suivent l'actualité du rétrofit: le 2CV Méhari Club Cassis.

"On est la première entreprise française à avoir homologué un kit de conversion pour le rétrofit: on a homologué la 2CV 6, la 2CV Fourgonnette et là on a réussi à homologuer la 4L, avant la R5 et la Twingo", résume Stéphane Wimez, à la tête de l'entreprise.

C'est le partenariat avec Renault qui a poussé à réunir l'activité rétrofit du club sous cette nouvelle appellation de "R-Fit": un changement de nom plus raccord avec le positionnement multi-marques de l'entreprise, qui reste à côté spécialisée dans la vente de pièces détachées pour voitures anciennes, son activité principale.

Après avoir fait appel à l'entreprise de Stéphane Wimez pour rétrofiter les R5 pour Renault dans le cadre de son partenariat avec le tournoi de tennis de Roland Garros, c'est tout naturellement qu'est arrivé sur la table cette possibilité de pouvoir convertir aussi d'autres modèles de la marque au losange:

"Notre projet est de convertir à l'électrique des véhicules iconiques vintage", résume Stéphane Wimez.

"On a démarré par Citroën car c'est notre marque de coeur et qu'on était pertinent pour proposer cette conversion, poursuit-il. Mais très vite, la 4L s'est imposée comme une évidence, avec 8 millions d'exemplaires produits, et en plus c'était l'ennemi juré de la 2CV donc le pont était assez sympa à établir avec notre premier modèle."

Le kit de conversion rétrofit proposé par R-Fit.
Le kit de conversion rétrofit proposé par R-Fit. © JB

Pour 11.900 euros, l'entreprise peut ainsi convertir les 4L. Un tarif qui peut sembler élevé mais qui comprend la dépose des éléments propres au thermique (moteur, allumage, échappement...) et l'installation du kit (moteur électrique, batterie et chargeur principalement) qui conserve une transmission mécanique d'origine à 4 rapports. Le tout avec une garantie de 2 ans sur les pièces installées et 3 ans pour les batteries. Les 78 km d'autonomie électrique peuvent faire peur, mais "ce sont des véhicules qui roulent peu en général et avec une charge lente à domicile qui convient bien à un usage relativement limité du véhicule", nuance Stéphane Wimez.

R-Fit vient aussi de conclure un partenariat avec l'entreprise Design 1880 pour rétrofiter d'anciennes Fiat 500, avec une offre qui démarre à 18.000 euros.

Une filière en plein développement

Si la création du cadre légal autorisant le rétrofit remonte à 2020, peu de projets ont pour le moment abouti. Stéphane Wimez rappelle qu'il est normal qu'un tel projet industriel prenne du temps à aboutir, surtout dans un contexte difficile, avec la pandémie de covid, les pénuries liées, ou encore la guerre en Ukraine.

"Il n'y a pas vraiment de problème d'ordre technique: en France, les sociétés spécialisées dans le rétrofit ont des mulets qui roulent, précise Stéphane Wimez. Ce n'est pas tant non plus le coût de l'homologation: ils arrivent à lever des fonds pour le faire. C'est surtout que quand vous avez un kit homologué, vous avez besoin d'industrialiser sa production et de disposer d'un réseau d'installateurs."

Pour "passer de 'l'artisanat+' à l'industriel", ce partenariat avec Renault se révèle donc décisif pour développer la filière, en permettant par exemple d'obtenir plus facilement les composants nécessaires pour assembler les kits de conversion et à meilleur prix.

C'est finalement la difficulté actuelle à produire en très grand nombre ces kits, qui freine le développement du réseau.

"On a entre 300 et 400 demandes de garages pour devenir installateur agréé, car tous les spécialistes de l'entretien/réparation voient arriver une baisse d'activité avec l'électrique et cherchent donc des compléments d'activité. Mais, nous, comme on ne produit pas assez, on freine un peu sur cette formation du réseau, en se concentrant sur cette accélération de la production de kits."

Stéphane Wimez évoque notamment la naissance d'une véritable filière de production des cellules de batteries en Europe pour pouvoir se fournir plus facilement sur ce composant essentiel au rétrofit et à la voiture électrique en général.

Renault affiche par ailleurs de fortes ambitions dans ce domaine du rétrofit, en ayant conclu un partenariat récent avec une autre entreprise française, Tolv, pour convertir des utilitaires, en partir sur son site de Flins (Yvelines) en pleine transformation en "Re-Factory".

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto