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Vers un "effet Elizabeth II"? Les éleveurs de corgis craignent une recrudescence des achats impulsifs

Les corgis, chiens préférés de la reine Elizabeth II, ont fait l'objet d'une large médiatisation depuis son décès. Les éleveurs craignent une hausse des abandons et une détérioration de la race.

Ils ont de courtes pattes, un long corps et des oreilles pointues: les corgis sont des chiens adorables, mais aussi à la mode. La reine Elizabeth II en a possédé des dizaines durant sa vie et sa mort a donné un nouveau coup de projecteur à cette race.

S'il est encore trop tôt pour que les éleveurs constatent une hausse de la demande, plusieurs anticipent qu'elle viendra d'ici la fin de l'année. Et ils n'en sont pas ravis.

"Je pense qu'il va y avoir une demande plus importante", explique Franck André, de l'élevage du Margail, en Occitanie, à BFMTV.com. "Le risque est d'assister à des achats d'impulsion, pas réfléchis, et de retrouver les animaux abandonnés"

Il constate que dès qu'une race devient médiatisée, sa demande augmente. Par exemple, lorsque le dessin animé Royal Corgi, qui met en scène les animaux d'Elizabeth II, est sorti en 2018, les demandes de corgis ont doublé dans son élevage pendant 2 à 3 mois. En moyenne, Franck André reçoit 10 à 15 appels par semaine pour ces chiens.

Pour éviter les abandons, l'éleveur choisit donc ses clients avec attention: "on donne en fonction de la motivation, on voit si la personne connaît bien la race".

Entre 2000 et 3000 euros pour un corgi

Du côté de l'élevage de Sahra et Guillaume Rocher, en Seine-et-Marne, ce n'est pas vraiment les clients qu'on craint. Leurs corgis sont réservés six mois à un an à l'avance et parfois même avant leur naissance. Les acheteurs paient entre 2000 et 3000 euros pour ces boules de poils, et certains fournissent leur CV entier dès le premier appel.

"On n'abandonne pas son chien quand on a payé un tel prix et attendu des mois", estiment-ils auprès de BFMTV.com.

Ils anticipent plutôt des problèmes liés au business des corgis. "On a peur qu'il y ait de plus en plus d'éleveurs attirés par l'argent qui ne fassent pas tous les tests de santé requis".

En effet, dans les six premiers mois de sa vie, un corgi doit subir une batterie de tests puisque la race est particulièrement exposée à certaines maladies comme la myélopathie dégénérative, une maladie de la moelle épinière qui peut entraîner la paralysie du train arrière. Tous les tests coûtent environ 400 euros, selon les éleveurs.

S'ils ne sont pas exécutés, Sahra et Guillaume Rocher craignent que "la race se retrouve avec beaucoup de problèmes de santé", comme "une amplification du phénomène de myélopathie dégénérative, des problèmes aux yeux, aux hanches ou de l'hémophilie".

D'autres races de chien ont déjà été victimes d'effets de mode, comme le berger australien actuellement, ou le labrador auparavant. Résultat: la race du labrador est "détériorée", selon les deux éleveurs, qui s'occupent aussi de ce type de chien.

Sophie Cazaux