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La pêche électrique va-t-elle être autorisée?

Chalutiers. (illustration)

Chalutiers. (illustration) - PATRIK STOLLARZ / AFP

Interdite ou abandonnée par beaucoup, les Pays-Bas pratiquent encore cette pêche et demandent aux instances européennes de l'autoriser.

Le sort de la pêche électrique doit être décidé ce mardi 21 novembre. Si les députés européens le veulent, cette technique qui consiste à étourdir électriquement les poissons pour mieux les capturer pourrait se généraliser. Ou non. Le problème est que les dégâts causés par cette pratique sont considérables. D'ailleurs, la pêche électrique est officiellement interdite depuis 1998 par l'Union européenne. Et la Chine ou les Etats-Unis, pour ne citer qu'eux, ne pratiquent plus ou pas ce type d'exploitation des ressources marines, jugée trop extrême.

Mais les Pays-Bas qui font œuvre de lobbying auprès de l'Europe pour obtenir la généralisation de son autorisation, passent outre. Depuis 2007, la Commission admet que les pays européens peuvent, par dérogation, équiper jusqu'à 5% au maximum de leur flotte. Mais beaucoup, comme la France, refusent néanmoins cette pratique.

L'association Bloom monte au créneau

Dénonçant l'influence des lobbys néerlandais, l'association Bloom a porté plainte contre les Pays-Bas pour cette pratique, selon elle illégale. Le courant électrique déloge les animaux enfouis dans les sédiments, comme les poissons plats, pour mieux les ramasser. Claire Nouvian, présidente de l'association dénonce la pêche électrique comme "le Round up des océans". L'analogie vaut, selon Bloom, en ce sens que l'électrification des poissons crée des lésions considérables, comme des ruptures de leur colonne vertébrale, des hémorragies et des dommages aux œufs. Quand un chalutier ainsi outillé passe, toute la faune trépasse.

Bloom affirme pouvoir compter sur le soutien des pêcheurs du Nord de la France, qui sont en quelque sorte victimes d'une concurrence déloyale vis-à-vis des "industriels néerlandais". Tandis que les premiers sont contraints d'aller toujours plus à l'Ouest pour trouver de nouveaux gisements, les seconds économisent leur carburant.

Le 15 novembre, une tribune écrite par des scientifiques et publiée dans Le Monde en appelait à l'Union européenne pour l'enjoindre de refuser cette surpêche. Les auteurs s'inquiètent ainsi de "l'évolution des pêches européennes" confrontées à "une efficacité toujours plus grande pour un impact environnemental également plus important". Et d'observer que d'un point de vue plus général, selon l'Association française d'halieutique, "sur 167 stocks de poissons de l’Atlantique Nord-Est étudiés en 2016, moins de 10 % (correspondant à 24 % des volumes débarqués) étaient pêchés durablement." Une autorisation de la pêche par électrocution participerait évidemment à aggraver la situation. Une pétition est en ligne pour appuyer la démarche de l'association Bloom.

David Namias