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Biodiversité: en 2050, la surpêche aura décimé les stocks de poissons, alerte le WWF

Le thon c'est bon. Mais on doit aussi lui substituer d'autres espèces comme la bonite à ventre rayé.

Le thon c'est bon. Mais on doit aussi lui substituer d'autres espèces comme la bonite à ventre rayé. - Wikipedia

Les stocks de poissons sont, pour déjà presque un tiers d'entre eux, dangereusement surexploités, s'alarme l'ONG. Et l'élevage ne paraît pas non plus être un solution viable sur le long terme. L'issue? Faire le tri dans l'assiette.

Plus de poissons pour tout le monde en 2050? Et si la solution était finalement dans nos assiettes? Après tout, le consommateur décide en dernier ressort de ce qu'il mange. Du moins, quand il est en mesure de choisir, soit en faisant son marché, soit en scrutant les étiquettes. Tel est le leitmotiv de la nouvelle campagne du WWF, coorganisateur avec le MSC (Marine Stewardship Council, qui promeut la pêche durable) de la "Semaine de la pêche responsable".

Car le problème est de taille: "31% des stocks halieutiques mondiaux (mot savant pour dire tout ce qui regarde la pêche, ndlr) sont surexploités". Pire, "93% des stocks recensés en Méditerranée sont surexploités". Traduction concrète: selon une projection du WWF qui prend pour échéance l'année 2050, la moitié des grandes zones de pêche ne permettront plus de subvenir aux besoins des populations à proximité.

Inégalités devant les ressources marines

Si rien n'est fait d'ici à 2050, l'industrie de la pêche permettra bien de remonter dans ses filets quelque "112 millions de tonnes" par an - contre 101 millions de tonnes actuellement, soit une très faible marge de manœuvre pour l'avenir. Prise dans son ensemble, cette quantité permettrait bel et bien de se procurer les 12 kg de poisson par an et par habitants recommandés par l'OMS, dit un rapport du WWF que BFMTV.com s'est procuré. En théorie, cela pourrait donc suffire aux besoins planétaires. Mais cette manne serait, en réalité, répartie de manière très inégalitaire selon la région du globe considérée.

L'hypothèse du WWF est que "les pays développés opteront pour l’importation de poisson plus cher lorsqu’ils se trouveront confrontés à une pénurie d’offre en l’an 2050". Des poissons importés auprès "de pays en développement disposant d’abondants stocks halieutiques (mais qui) préféreront pour leur part exporter leur poisson plutôt que de le manger". Et l'ONG de pointer le risque d'une aggravation du problème "de la pauvreté et de la faim".

Un coup de fourchette pour la planète

Comment changer les choses? Cela passe d'abord par une meilleure gestion des pêches, car il faut bien garder à l'esprit que la pêche illégale concerne "30% des prises mondiales", souligne le WWF.

Mais le consommateur peut aussi adopter des comportements préparant une meilleure préservation des ressources futures. Le WWF a expliqué à BFMTV.com quels étaient selon lui les trois leviers sur lesquels, tout un chacun peut agir.

Le premier est "de manger moins de poisson" pour alléger la pression sur les stocks. Dont acte.

Le deuxième consiste à "diversifier notre consommation", "à ne pas penser saumon ou cabillaud dès qu'on envisage un repas à base de poisson". Des espèces moins connues peuvent encore être pêchées "à volonté". Ainsi, le chinchard se troquera sans démériter contre le saumon et le thon contre la bonite à ventre rayé. D'autres classiques ne sont pas pour l'heure en danger, tels les harengs, anchois, sardines...

Troisième moyen d'influer sur le cours des choses: opter pour des "produits certifiés". Autrement dit pour faire simple, ceux comportant la mention "MSC" pour la pêche de poissons sauvage et ASC pour l'aquaculture.

>> Pour en savoir plus, le "consoguide du WWF"

Quand "Petit Navire" aussi, joue le jeu

Plusieurs enseignes de la grande distribution et marques sont associées à la "Semaine de la pêche responsable". Parmi elles, Petit Navire, bien connu pour ses spécialités de boîtes de thon. On peut s'étonner de voir cette marque associée à l'opération puisqu'elle a été récemment épinglée pour sa pêche utilisant la technique de concentration des poissons (DCP), soit un pêche non sélective.

  • WWF justifie sa présence en arguant que le but est de permettre à cet acteur de la filière d'opérer un "redressement de [ses] pratiques environnementales, et de l'orienter". Car, nous explique-t-on, Petit Navire propose aussi une gamme de produits certifiée MSC. Mais ce label n'est pourtant pas exempt de critiques, paradoxalement portées par le WWF lui-même, souligne Greenpeace.

L'élevage n'est guère plus la solution

  • Devant une raréfaction des stocks, une alternative pourrait être de s'orienter vers un développement encore plus poussé de l'élevage. Mais il ne s'agit là que d'une solution en trompe-l'œil, selon cette fois l'ONG française Bloom. Dans un récent rapport, elle dénonce le fait "qu'entre 1950 et 2013, 25% des captures de poissons dans le monde (...) ont été réduites en farine et en huile".

Or, "au lieu de contribuer à la sécurité alimentaire, en particulier dans les pays en voie de développement", ils sont utilisés notamment "pour élever des saumons destinés aux pays développés", les populations de saumons sauvages s'étant effondrées, déplore le rapport intitulé "Le côté obscur de l'aquaculture". Les navires de pêche entrent "en concurrence directe avec les pêcheries vivrières locales", notamment en Afrique de l'Ouest, posant "une grave menace" sur la sécurité alimentaire des populations locales. Cette pêche minotière peut aussi avoir "des conséquences dramatiques sur le fonctionnement des écosystèmes", relève cette étude.