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Un député alsacien qualifié d'"ambassadeur du Bundestag" par un élu RN, indignation à l'Assemblée nationale

L'Assemblée nationale à Paris le 19 juillet 2022

L'Assemblée nationale à Paris le 19 juillet 2022 - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP

Charles Sitzenstuhl, député du Bas-Rhin, a tancé l'élu RN Thibaut François, auteur de ces propos. Le parlementaire alsacien a reçu le soutien de plusieurs de ses collègues.

C'est une dénomination qui n'est pas passée inaperçue sur les bancs de l'Assemblée nationale. Ce jeudi, la chambre basse du parlement s'est réunie pour évoquer le bilan de la présidence française de l'Union européenne, qui s'est achevée au mois de juin.

En fin de discussion, Charles Sitzenstuhl, député du Bas-Rhin et membre du groupe Renaissance, est appelé à la tribune par la présidente de séance. À ce moment-là, Thibaut François, un député issu des rangs du Rassemblement national (RN), qualifie son homologue d'"ambassadeur du Bundestag" -le parlement allemand- sans même avoir reçu la parole.

Arrivé à la tribune sous le brouhaha de l'Assemblée, Charles Sitzenstuhl lui répond: "Je suis de nationalité française et je ne suis en aucun cas un représentant ou un ambassadeur du Bundestag ici". Une vague d'applaudissements s'ensuit.

Vague d'indignation

Au terme du discours du député du Bas-Rhin, Jean-Louis Bourlanges, le président (Modem) de la commission des affaires étrangères, prend la parole et tance immédiatement le comportement de l'élu RN et lui rappelle le règlement.

"On a quand même appris une information intéressante, c'est qu'aux yeux du Rassemblement national, l'Alsace n'était pas française mais allemande", a-t-il dénoncé au micro de la tribune.

Après ces vifs échanges au Palais-Bourbon, plusieurs autres députés de la majorité présidentielle ont réagi sur les réseaux sociaux pour soutenir Charles Sitzenstuhl et dénoncer le comportement de Thibaut François.

La députée du Haut-Rhin et ancienne ministre déléguée, Brigitte Klinkert a fustigé une "extrême droite rance, alsaçophobe et europhobe”. Toujours sur Twitter, le député Renaissance de Seine-et-Marne Hadrien Ghomi s'est lui dit "profondément indigné" de ces "propos inadmissibles". La présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée, Aurore Bergé, a aussi apporté son soutien au député du Bas-Rhin.

"Les députés sont des députés de la Nation. Chercher à les déstabiliser, moquer leurs noms, insulter leurs origines n'a sa place nulle part dans notre pays", a-t-elle tweeté.

Thibaut François se défend

De son côté, Charles Sitzenstuhl a parlé d'une "insulte à l'Alsace et à son histoire douloureuse", alors que les deux départements alsaciens ont été rattachés à l'Allemagne de 1870 jusqu'à la fin la Première guerre mondiale.

Thibaut François, à l'origine de cette polémique, a assumé ses propos auprès de BFMTV. Il affirme toutefois ne pas avoir voulu faire de référence aux origines alsaciennes du député Renaissance, rappelant être lui-même né à Strasbourg.

Il explique par ailleurs avoir été traité lui-même d'"agent de Poutine" pendant son discours, juste auparavant, par le député du Bas-Rhin.

Une version réfutée par l'intéressé. Charles Sitzenstuhl assure avoir seulement déclaré: "Parlez-en à Poutine", et "votre ami Poutine". De tels propos figurent effectivement au compte-rendu officiel de la séance, lors de l'évocation par Thibaut François de la guerre en Ukraine.

Charles Sitzenstuhl a réagit au micro de BFM TV aux propos tenus par le député du Rassemblement national. "J'étais scandalisé, explique-t-il. J'ai trouvé ces propos abjectes, insultants. Pas forcément insultants pour moi quoique j’ai été nommément visé, désigné le représentant du Bundestag donc d’une puissance étrangère.”

"C'est choquant mais d'une certaine façon, ça ne me surprend pas totalement"

Que ces mots viennent d'un député du Rassemblement national, "c'est choquant, mais d'une certaine facon, ça ne me surprend pas totalement. Car on est entrain de constater que le vernis de la respectabilité que cherche à se donner le Rassemblement national est entrain de craquer", conlut Charles Sitzenstuhl.

Gauthier Hartmann avec Loïc Besson