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"On vit dans la peur": à Strasbourg, des familles qui squattent un immeuble craignent l'expulsion

Depuis presque un an, une centaine de personnes sans domicile fixe vivent sans autorisation rue de Bourgogne à Strasbourg, faute d'alternatives. Aujourd'hui, les familles peuvent être expulsées à tout moment.

Ils vivent avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Dans le quartier de la Meinau, rue de Bourgogne, une centaine de sans-abri se sont installés dans un immeuble, et ce, depuis près d'un an. Mais depuis que l'ordre d'expulsion a été établi ce samedi 13 août, les familles vivent dans la peur. Comme Elene Gabritschizze, qui vient de Géorgie. Elle habite dans un appartement du deuxième étage avec ses enfants, sa mère et son mari malade. Elle redoute leur départ forcé.

"On vit dans la peur. On ne dort presque plus les nuits. Hier, on a dormi qu'une heure. On a peur que la police arrive et casse la porte. Je ne vis pas toute seule, j'ai peur pour mes trois enfants", confie Elene à BFM Alsace.

Les hébergements d'urgence saturés

Ces familles, venues essentiellement de Géorgie, n'ont pas eu d'autres choix que de s'installer illégalement. Aucune autre solution ne leur a été proposée. "Ce sont des appartements qui ont vocation a être démolis et qui étaient vacants. Cela a permis l'installation de ces personnes. La situation fait qu'aujourd'hui, à Strasbourg, le 115 est complètement saturé. Lorsque les personnes font des demandes de prise en charge, elles n'obtiennent aucune réponse", explique Nicolas Fuchs, coordinateur régional pour Médecins du monde.

"C'est ce qui amène aujourd'hui ce type de situation à Strasbourg où on voit l'émergence de plus en plus de squats de grande ampleur", complète-t-il.

Irakli Lominadze, médiateur pour Médecins du monde, a déjà vécu une expulsion au squat Bugatti en octobre 2020. "Tout s'est très bien passé surtout car toutes les personnes ont pu être hébergées. Elles étaient rassurées car elles savaient qu'ils n'allaient pas être dehors. Ce qui n'est pas être le cas actuellement car le contexte est différent, raconte-t-il. Il n'y a pas de plan, on ne sait pas comment ça va se passer et où vont aller ces gens."

Dans des situations similaires, il y a normalement plusieurs options possibles: être relogé provisoirement à l'hôtel ou dans des gymnases, ou faire partie du dispositif d'aide au retour dans leurs pays respectifs.

Charlotte Baechler et Juliette Vignaud