BFM Alsace
Alsace

"J'étais impuissant": huit ans après, ce témoin du déraillement d'Eckwersheim n'a rien oublié

Ce lundi 4 mars s'ouvre le procès du déraillement d'un TGV à Eckwersheim qui a fait 11 morts et une quarantaine de blessés. Huit ans après, les souvenirs sont intactes pour les témoins.

Il est, pour beaucoup, un drame oublié, occulté par les terribles attentats du 13-Novembre. Pour Robert Pfrimmer, le déraillement mortel du TGV à Eckwersheim est une cicatrice.

Le samedi 14 novembre 2015, à 15h04, un train à grande vitesse qui circulait en direction de Strasbourg avec 53 passagers à bord, dont de nombreux techniciens de la SNCF et Systra, a déraillé à quelques mètres de l’arrivée. Il a chuté dans le canal de la Marne au Rhin, 200 mètres après le passage d’une courbe très prononcée. Le bilan est lourd: 11 morts et 42 blessés, dont la moitié grièvement.

"J'étais impuissant devant le phénomène"

Robert Pfrimmer, qui habite à quelques centaines de mètres, est arrivé sur place quelques minutes seulement après l’accident. "La motrice avant était accrochée là", décrit l'ancien maire à BFM Alsace en pointant un pont rouge du doigt.

"Les autres wagons, qui sont restés sur les rails, ont filé de côté, emportés par l’élan, poursuit-il. Et ils se sont couchés sur le flanc."

Robert Pfrimmer aperçoit un blessé, "un monsieur qui était dans le wagon plié dans le canal". Ce dernier appelait au secours. Huit années se sont écoulées, mais Robert n’a rien oublié. Les images des blessés sont intactes. "Ils étaient couchés sur l’herbe, il n’y avait pas énormément de matériel de secours", se remémore Robert Pfrimmer.

Face aux dégâts, il explique n’avoir rien pu faire. "J’étais impuissant devant le phénomène", déclare-t-il. Paralysé "de constater ça".

Une vitesse excessive et un freinage tardif

Après le drame, l’enquête a été confiée au pôle accident collectif du tribunal judiciaire de Paris. Selon les experts, la vitesse excessive et le freinage tardif sont à l’origine de l’accident ainsi que le manque de communication et l’inexpérience de certains membres de l’équipage. Au moment de l’accident, le train affichait 265 km/h au compteur, une vitesse supérieure aux 176 km/h prévus sur la feuille de route.

Ce lundi 4 mars, jour d’ouverture du procès du déraillement mortel du TGV devant le tribunal correctionnel de Paris, Robert Pfrimmer n’espère qu’une chose: que les familles des victimes aient des réponses à leurs questions.

89 parties civiles

La SNCF, ses filiales Systra (commanditaire des essais) et SNCF Réseau (gestionnaire des voies) ainsi que trois personnes physiques (le conducteur titulaire, un cadre de la SNCF chargé de lui donner les consignes de freinage et d'accélération, et un ingénieur de Systra, chargé de renseigner le conducteur sur les particularités de la voie) sont sur le banc des prévenus.

Ils sont poursuivis pour homicides et blessures involontaires par maladresse, imprudence, négligence ou manquement à une obligation de sécurité. Le procès doit se tenir jusqu'au 16 mai. Au total, 89 personnes se sont constituées parties civiles.

Charlotte Lesage