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INFO BFM ALSACE. Un tiers des professeurs de l'école Steiner de Wintzenheim exercent sans autorisation

INFO BFM Alsace. Des documents exclusifs, qu'a pu consulter BFM Alsace, indiquent que quatorze enseignants de l'école Steiner Mathias Grünewald de Wintzenheim, exercent sans autorisation du rectorat. Parmi eux, la "professeure de chimie" qui avait allumé un feu dans sa salle de classe il y a un an.

Octobre 2023, l'établissement privé hors contrat, Steiner-Waldorf Mathias Grunewald, est en pleine tourmente. Déjà sous le coup d'une enquête pour mise en danger de la vie d'autrui depuis le début de l'été, l'école située à Wintzenheim (Haut-Rhin), a récemment été informée d'une nouvelle plainte à son encontre pour négligence, à la suite d'accusations de viols répétés entre jeunes enfants.

C'est dans ce contexte houleux qu'une dizaine d'inspecteurs de l'académie de Strasbourg se sont présentés le 12 octobre dernier aux portes de l'établissement pour une visite surprise.

Plus du tiers des enseignants concerné

Au cours de celle-ci, les agents du rectorat ont recensé les pédagogues déclarés au sein de cette école qui accueille 400 enfants, de 3 à 18 ans. Problème, plus du tiers des enseignants n'ont pas autorisation d'enseigner tout ou en partie des matières dont ils ont la charge.

Des irrégularités que le président de l'association qui gère l'école, Antoine Defèche, justifie essentiellement par le fait que les matières enseignées n'ont pas d'équivalence dans le système public.

Pourtant, les transgressions relevées par le rapport concernent, dans 85% des cas, des matières communes à l'éducation nationale, telles que le français, les mathématiques, l'éducation musicale ou la géographie.

Selon le rectorat, seul "l'eurythmie" -une matière propre aux écoles Steiner mélangeant danse et spiritualité- ne trouve pas de traduction dans le système public et fait donc le fruit de discussions depuis deux ans.

La professeure de musique s’improvise chimiste

Parmi les quatorze personnes épinglées par l'inspection académique figure la "professeure de chimie" qui avait allumé un feu à l'intérieur d'une salle de cours en juin 2023 pour exposer volontairement les enfants à la fumée.

Lors de cet incident, plusieurs élèves indiquaient qu'il leur avait été demandé d'inhaler la fumée envahissant la salle close. Au cours de leur visite, deux jours plus tard, les gendarmes constataient encore l’odeur de fumée.

En réalité, la professeure n'est autorisée qu'à enseigner l'éducation musicale au niveau collège, bien loin des combustions inconsidérées. C'est ce qui est indiqué dans le rapport rendu par le rectorat.

"Elle enseigne tous les champs disciplinaires en 4e, alors qu'elle n'est autorisée qu'à l'éducation musicale au collège."

À l'époque, la Fédération Steiner-Waldorf en France affirmait que des mesures disciplinaires avaient été prises contre l'enseignante après l'incident, sans en préciser la nature.

L'école sommée de se mettre aux normes par l'académie

Questionné sur cette étonnante polyvalence, le président de l'association École Mathias Grünewald se justifie.

"Dans notre modèle pédagogique, les professeurs de classe sont amenés à suivre un même groupe d’élèves pendant plusieurs années et à leur enseigner différentes matières", explique-t-il.

Et d'ajouter: "pour ce faire, ils sont évidemment formés et accompagnés par des spécialistes des matières. Jusqu’ici -pendant 40 ans- ce modèle n’avait pas posé de question aux autorités académiques, tant que le pédagogue avait une autorisation à enseigner dans le second degré, ce qui est le cas pour (cette professeure). Cependant, ces possibilités semblent avoir changées et être en voie de redéfinition."

Le 12 mars dernier, l'école Steiner-Waldorf Mathias Grunewald a été sommée de se mettre aux normes concernant les autorisations à enseigner de ses professeurs, par l'académie de Strasbourg. Une mise en demeure contestée par l'établissement via un référé de suspension auprès du tribunal administratif.

Léo Fleurence