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Alsace: des enfants contraints d'inhaler des fumées dans une école Steiner-Waldorf, deux plaintes déposées

Deux plaintes ont été déposées à Colmar après des "expériences" menées par une professeure de l'école privée Steine-Waldorf. La pédagogie de l'établissement est remise en cause.

Une pédagogie alternative pointée du doigt. Deux plaintes ont été déposées par des parents d'élèves à Colmar, à l'encontre des écoles privées Steiner-Waldorf alsaciennes, après une "expérience" en cours de chimie.

Inhalation de fumée

Les faits remontent au 30 mai dernier dans l'établissement de Wintzenheim, près de Colmar. Une enseignante allume un feu dans sa salle de classe, aux fenêtres et porte fermées, pour exposer volontairement les enfants à la fumée. Debout, les élèves doivent l'inhaler.

Un adolescent de 13 ans raconte même ne plus réussir à distinguer les murs de la classe, tant la fumée est épaisse.

"Il dit que les enfants toussaient, crachaient. C'était difficile pour eux mais il fallait qu'ils restent debout", raconte une mère de famille qui a déposé plainte, au micro de BFM Alsace.

"Cette expérience a déjà été menée dans d'autres classes avec d'autres professeurs. Ce n'est pas le fait d'une seule enseignante", ajoute-t-elle. Une autre parent d'élève a également déposé plainte après cet incident, pour "mise en danger de la vie d'autrui".

Une expérience que la professeure a justifiée auprès des parents pour illustrer le parallèle de la matière qui se transforme, à l'image de leurs corps d'adolescent en pleine puberté. Plusieurs élèves ont été retirés de l'établissement au lendemain de cette justification.

Les gendarmes se sont rendus au sein de l'établissement, deux jours après les dépôts de plainte. Ils ont alors consté que l'odeur de fumée était encore présente dans ladite salle de classe.

Mesure disciplinaire

Si les plaintes sont en cours d'instruction, la direction de l'école de Colmar explique avoir mis en place une mesure disciplinaire à l'encontre de la professeure mise en cause. "L’enseignante a réalisé une expérience de sensibilisation à la combustion dans sa classe. Elle a pris toutes les précautions pour que l’expérience se déroule bien", justifie Lucie Iskandar, la porte-parole de la Fédération Steiner-Waldorf en France, auprès de BFM Alsace.

"Cependant, elle n’avait pas demandé l’autorisation de sa direction pour cette expérience en intérieur, en plus d’agir au mépris de certaines règles. Elle a donc fait l’objet d’une mesure disciplinaire", indique-t-elle en précisant qu'aucune séquelle n'a été déclarée.

"J'ai dû me battre pour partir de l'école"

Les écoles Steiner-Waldorf sont régulièrement pointées du doigt ces dernières années. Plusieurs plaintes ont été déposées en France notamment tandis que ces établissements sont interdits en Suède et en Angleterre.

Des anciens d'élèves et parents rapportent notamment des faits de harcèlement autant de la part des professeurs que des enfants. Interrogé par BFM Alsace, Grégoire Perra, ancien élève et enseignant dans une école Steiner, dénonce une pédagogie aux dérives sectaires.

"Des faits de ce genre, j'en ai connaissance depuis au moins 30 ans dans les écoles Steiner mais d'habitude, les parents ne déposent pas plainte. Cela reste entre les murs de l'école", considère-t-il.

Après y avoir passé 11 ans, et subit le harcèlement d’élèves et d’enseignants, une ancienne élève dénonce l’emprise exercée sur les élèves et leur famille. "J'ai dû me battre pour partir de l'école [...] On a eu une réunion, avec mes parents, et les professeurs leur ont dit que j'étais inapte à sortir de l'école et vivre en société", confie-t-elle anonymement.

Un "fonctionnement opaque" pointé par la Miviludes

L’Alsace est un fief des écoles Steiner-Waldorf, avec trois établissements, et près de 1000 jeunes scolarisés sur les 2500 que compte l'Hexagone.

Ces dernières se revendiquent modernes, à la pédagogie alternative et émancipatrice. Toutefois, dans un rapport de 2021, la Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) avait dénoncé un "fonctionnement opaque qui cible un public vulnérable". Le rapport pointait également une potentielle emprise mentale.

Matthieu Chanvillard, Laurine Jeanson et Justine Brasier avec Juliette Vignaud