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Disparition de Lina: un chien Saint-Hubert, réputé pour son odorat, mobilisé pour les recherches

Trois jours après la disparition dans le Bas-Rhin de Lina, une adolescente de 15 ans, un chien de Saint-Hubert, réputé pour son odorat "très fin", va être mobilisé pour fouiller la zone de recherche.

D'importants moyens mobilisés pour retrouver Lina. Alors qu'une nouvelle battue citoyenne encadrée par les gendarmes a commencé ce mardi à 10h pour tenter de retrouver Lina, l'adolescente de 15 ans disparue dans le Bas-Rhin depuis samedi, les enquêteurs vont également utiliser un chien Saint-Hubert, une race reconnue pour ses qualités olfactives et capables de suivre des traces plus de 24 heures après le passage d'une personne.

Ce mardi, les gendarmes vont utiliser l'un de ces chiens pour fouiller plusieurs secteurs de la zone de recherche, qui comprend principalement les alentours du chemin de trois kilomètres que Lina devait emprunter depuis son domicile situé sur la commune de Plaine, dans la vallée de Bruche, pour se rendre à la gare de Saint-Blaise-la-Roche.

"Un milieu favorable pour la recherche"

Jusqu'à présent, seuls des chiens de type bergers allemands/malinois ont été utilisés par les gendarmes mobilisés sur le terrain pour essayer de retrouver Lina, sans résultats à ce stade. "Le Saint-Hubert, son organe olfactif est plus développé que les autres chiens", explique le dresseur et comportementaliste canin Stéphane Renaud, invité sur BFMTV ce mardi.

"Il a 60 millions de cellules olfactives, pour un chien classique, c'est entre 40 et 50 millions donc c'est assez énorme. C'est bien plus que nous", compare-t-il.

Le dresseur précise qu'"un chien de recherche utilitaire, ça prend à peu près deux ans à former, c'est long, ce qui explique que ce sont des chiens assez fiables avec un taux de réussite assez élevé. Même s'ils ne retrouvent pas la victime, ils vont donner des informations très précises aux enquêteurs, par exemple si la piste s'arrête en bord de route ou si [Lina] avait été jusqu'au train".

Selon lui, étant donné le déploiement de premiers chiens samedi et le dimanche, "si elle était couchée quelque part, parce qu'elle avait été victime d'un accident de chasse, par exemple, ce serait encore plus facile pour les chiens de la trouver parce qu'elle diffuserait son odeur".

"Dans un milieu comme ça, naturel, c'est beaucoup plus facile pour les chiens (...). On est en campagne donc les molécules s'accrochent bien à l'herbe, aux feuilles, aux arbres, c'est un milieu favorable pour la recherche", explique-t-il encore.

Utilisés pour les recherches du petit Émile

Trois jours après la disparition de l'adolescente, c'est donc à un chien Saint-Hubert d'entrer en jeu. Cette race a également été mobilisée pour les recherches du petit Émile, disparu le 8 juillet au Vernet, dans les Alpes de Haute-Provence.

À l'époque, le major Mourier, référent national pistage Saint-Hubert à la gendarmerie nationale, expliquait que les chiens Saint-Hubert "interviennent souvent en deuxième niveau de recherches", lorsqu'une personne est disparue depuis plusieurs jours. "Quand le premier pistage n'aboutit pas, il y a une demande d'intervention des Saint-Hubert, poursuit le major. Cela complète les premières recherches", détaillait-il.

Le chien Saint-Hubert a été introduit dans les moyens de recherche de la gendarmerie nationale en 2003, sur inspiration de méthodes utilisées aux États-Unis. Aujourd'hui, il existe onze équipes de maîtres-chiens/chiens réparties sur l'ensemble de la France, et qui procède à plus de 1000 opérations par an.

Un chien capable de faire le tri entre les odeurs

Pour entamer des recherches, le Saint-Hubert doit renifler l'odeur d'une personne disparue présente sur ses affaires personnelles et être amené à l'endroit exact où elle a été vue pour la dernière fois, afin de commencer à suivre une route. "Leur système olfactif est fait pour filtrer les molécules", résume Stéphane Renaud.

En procédant de la sorte, les chiens ont permis aux gendarmes de retrouver un fugitif évadé d'Argentan (Orne) à Angers (Maine-et-Loire), après avoir été conduit par leur animal vers un lotissement.

"Le Saint-Hubert arrive à pister sur un délai plus long mais il arrive aussi à travailler sur une zone brouillée", précisait également le major Mourier.

Le chien, formé pendant près de deux ans dès leurs premiers mois de sa vie, sait faire les tris entre les odeurs parasites, mais aussi entre les odeurs plus ou moins récentes d'une même personne.

"Une odeur est volatile, le vent peut la déplacer', rappelait-il par ailleur. "Il y a certains endroits où il n'est pas possible d'accéder. Le chien travaille par fermeture de zone, il se laisse embarquer sur une route, va se relever d'un coup, puis revenir pour rechercher une direction, détaille le Major Mourier. Le maître doit le suivre de manière intelligente".

Les Saint-Hubert ne sont pas pour autant des machines infaillibles. Ils peuvent perdre des traces si une personne est montée dans une voiture, si elle a fait des aller-retours ou si l'équipe a raté un changement de direction.

Glenn Gillet et Justine Chevalier