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Ce que l'on sait des relevés de radioactivité au sein d’une entreprise à Colmar

Un important dispositif de sécurité a été mis en place autour d'une chaudronnerie à Colmar après qu'un opérateur a relevé "un taux de radiation anormal" autour d'un gammagraphe. Des opérations pour neutraliser l'outil sont en cours.

Un important dispositif de sécurité a été mis en place dans la soirée mercredi 10 avril autour de la société de métallurgie ADF à Colmar, en raison de relevés de radioactivité. Ce jeudi 11 avril, le dispositif est toujours en place pour mettre hors de fonction l'outil responsable de ce phénomène.

• Un "taux de radiation anormal"

L'entreprise ADF, située au nord-est de Colmar rue Édouard-Branly, a signalé aux alentours de 18h40 des "difficultés pour mettre à l'arrêt un gammagraphe, servant à contrôler la qualité des soudures et émettant des rayonnements gamma", a précisé la préfecture.

"L'opérateur qui était en train de vérifier des soudures au sein de l'entreprise a relevé que le taux de radiation était anormal. Il a pris la décision d'évacuer les salariés", a détaillé Mohamed Abalhassane, directeur de cabinet du préfet du Haut-Rhin.

Des relevés de radioactivité due à la présence d'iridium-192 ont été avérés par les sapeurs-pompiers du Haut-Rhin dès mercredi soir. "Il n'y a pas de fuite", insiste Mohamed Abalhassanne.

"Il n'y a pas de dispersion. Il y a de la radioactivité autour de la zone où se trouve ce gammagraphe."

"Une fois éloigné de cette source de radiation, il n'y a strictement rien. Il n'y a pas de nuage radioactif, il n'y a pas de contamination", répète-t-il.

L'appareil n'appartient pas à la société de métallurgie a appris BFMTV, mais à un sous-traitant qui n'a pas pu le ranger dans son "château", nom donné à la boîte en plomb qui permet de stopper les radiations.

• Un important dispositif de sécurité autour du site

L'accès à la zone dans un rayon de 130 mètres est interdit "jusqu'à la neutralisation du gammagraphe", a informé le maire de Colmar. Les entreprises situées dans le périmètre de sécurité ne peuvent pas accueillir leurs employés le temps des opérations.

Une quinzaine d'habitants de la rue Édouard-Branly ont été évacués et certains d'entre eux ont été temporairement accueillis dans le collège Berlioz. La ville a également relogé des personnes dans des hôtels ou en auberge de jeunesse. Une vingtaine d'abonnés d'une salle de sport située à proximité de la société de métallurgie ont eux aussi été évacués mercredi soir.

Au total, "une quarantaine de personne a dû être évacuée" a confirmé la préfecture jeudi soir.

Malgré ce dispositif, les autorités assurent qu'il n'y a "aucun risque de contamination, ni de dispersion radioactive" pour les riverains. Le périmètre de sécurité a été volontairement surévalué, par précaution, insiste Mohamed Abalhassane. "Le périmètre va largement au-delà de la zone qui peut, le cas échéant, être irradiée." Le maire de Colmar et le préfet du département se sont rendus sur place.

• Une intervention de plusieurs heures

Dans la matinée ce jeudi 11 avril, une entreprise spécialisée est intervenue afin de mettre à l'arrêt le gammagraphe. Elle suit "un protocole validé par l’agence de sûreté nucléaire (ASN) et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)", assure la préfecture du Haut-Rhin.

À midi, personne n'était encore entré dans le bâtiment. Les opérations s'annoncent longues et se poursuivent encore jeudi soir, a précisé la préfecture dans un communiqué en fin de soirée.

"Les équipes du SIS68 et du service de déminage de la sécurité civile avec l’apport de la société CEGELEC ACTEMIUM, fabricant de gammagraphes, se mobilisent pour ramener le seuil de radioactivité à des normes conformes", assure la préfecture.

Le périmètre de sécurité mis en place est donc maintenu ce jeudi soir. Les riverains ne sont pas autorisés à regagner leurs domiciles mais leur prise en charge est "assurée jusqu'à la fin des opérations", souligne le préfet.

• La piste d'un robot étudiée

Pour aller au contact du gammagraphe, la piste d'un robot est par ailleurs envisagée. L'enjeu serait de mettre l'appareil dans sa boîte en plomb grâce au robot.

"Le gammagraphe doit être mis hors fonction pour éviter les risques d’irradiation", a précisé le maire de Colmar Éric Straumann mercredi soir sur son compte Facebook.

Une cellule mobile d'intervention radiologique est déployée ainsi qu'une vingtaine de sapeurs-pompiers. Ils sont pour la plupart équipés de dosimètres qui détectent la radioactivité.

Ils sont épaulés par une entreprise spécialisée afin d'intervenir au cours de la journée sur la machine défectueuse. Le robot de l'équipe des démineurs de la sécurité civile est aussi sur place.

Kevin Drouant et Juliette Moreau Alvarez